De l'organisation au calcul… le temps de Charles Babbage
DOI :
https://doi.org/10.53102/2003.22.02.405Mots-clés :
Organisation, CalculRésumé
Depuis longtemps déjà, hommes et machines entretiennent des relations particulières. Il y a des moments où de soudains basculements philosophiques font entrevoir en l'homme une machine particulière, et dans la société, la machine par excellence. L'idée de machine devient alors si générale, si essentielle, si englobante, que plus rien ne lui échappe, hors l'essence divine ou l'intelligence poétique, incertains refuges. Mais il y a aussi des moments où, entre hommes et machines, les rapports se déploient sur d'autres modes. Un troisième terme est introduit dans leur face à face: la production, la vérité, l'intelligence ou la communication. Ce troisième terme joue le rôle d'un processus abstrait et pratique tout à la fois, par rapport auquel le rapport des hommes et des machines, la définition même de ces entités, ne sont plus que des problèmes - si l'on ose dire - techniques. On voit alors fleurir des discours dont le but est l'agencement des hommes et des machines, leur distribution à l'intérieur du processus abstrait qui joue le rôle du monde, leur perfectionnement, leurs adaptations réciproques, leurs imitations. Ces discours pèsent de peu de poids philosophique si on les compare aux grandes invocations de la Machine, mais ils sont au cœur d'un univers pratique, ils constituent l'usine où l'on redéfinit concrètement les activités humaines. Ce texte vous invite à la découverte de l'un de ces temps techniques de l'histoire des rapports homme-machine : celui où le troisième terme qui les agençait portait le nom de production. Mais que l'on se rassure, c'est bien de l'informatique qu'il s'agit, car, en ce temps-là, la production s'annexa le calcul. Ce ne fut pas son moindre exploit.
Références
(1) Charles Babbage,« Exposition of 1851 », Londres 1851, p. 186.
(2) « On a method of expressing by signs the action of machinery », Philosophical Transactions, 1826.
(3) On citera la traduction française de 1833.
(4) A. Smith,« Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations», Ed. Gallimard, p. 37-46.
(5) F. Braudel,« Civilisation matérielle, économie et capitalisme», t. 1, p. 382.
(6) A. Smith, op. cit., Ed. Dalloz, p. 281-282.
(7) L. Carnot,« Essai sur les machines en général», 2è éd., 1786, p. 85 et 89.
(8) De Prony,« Eclaircissements sur un point de l'histoire des grandes tables trigonométriques», Mémoire lu à l'Institut le 16 Germinal An IX, Mémoires de l'Institut, t. V, 1ère série.
(9) De Prony, op. cit., p. 3 à 6.
(10) Annexe au mémoire de De Prony cité précédemment.
(11) Sur l'introduction du machinisme en France, voir Ch. Ballot, « L'introduction du machinisme en France », Lille 1923.
(12) Mémoire lu à l'Institut, t. 1, 1ère série le 6 Ventose An Vl. E. Thomson fait remonter les origines du chronométrage jusqu'en 1700, mais il donne une définition totalement différente de ce mot, qu'il considère comme la mesure du temps effectif de travail (qui sert alors à établir la paye) ce qui n'a rien à voir avec la mesure des performances humaines que recherche le chronométrage moderne. Voir E. P. Thomson, « Temps, Travail et Capitalisme Industriel», Revue Libre n° 5, p. 30-33.
(13) E. P. Thomson, op. cit.
(14) Ch. Babbage,« Science économique des machines et des manufactures», p. 70.
(15) La machine de Turing qui est un modèle formel de la calculabilité qu'ont utilisé les concepteurs des ordinateurs est une petite usine à signes.
(16) Si l'on examine par exemple le «résultat» du programme SHRDLU de Terry Winograd, on est confondu par l'inanité de ce qui se passe entre l'homme et la machine. Mais si l'on examine les tripes de SHRDLU ou que l'on parle avec Winograd on a sans doute un sentiment différent.
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