Revue Française de Gestion Industrielle
Vol. 34, N° 1
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
LA MUTUALISATION LOGISTIQUE A LA LUMIERE DES
PRATIQUES DANS LE SECTEUR DE L’EDITION
Christine BELIN-MUNIER
1
—————————
Résumé. La mutualisation de ressources peut être utilisée par les
entreprises pour réduire les coûts ou pour faciliter leur accès à un marché
lorsqu’elles sont de petite taille. Parmi les ressources pouvant être
mutualisées figurent les ressources logistiques. Elles peuvent prendre la
forme de plates-formes, d’entrepôts, de systèmes d’informations ou encore
être relatives aux moyens de transport. La mutualisation des moyens
logistiques est souvent présentée aujourd’hui comme un moyen de réduire
les coûts environnementaux liés au transport. Or est-ce leur seul
objectif ? L’édition utilise beaucoup ces mutualisations et cette utilisation
est antérieure au développement des préoccupations environnementales
dans la gouvernance des entreprises. Il nous a donc paru intéressant
d’étudier comment et pourquoi ces mutualisations sont utilisées dans la
chaîne logistique du livre. Nous tenterons de fournir une grille de lecture
pour réduire leur diversité apparente et nous l’utiliserons pour classer les
exemples de bonnes pratiques médiatisés par la presse professionnelle.
Mots clés : mutualisation, édition, chaîne logistique, systèmes d’information, SCM.
1. Introduction
Les coopérations et les collaborations soutiennent aujourd’hui un grand nombre de
stratégies d’entreprises. Ces coopérations peuvent être purement opérationnelles ou
prendre une dimension plus stratégique. Nous avons choisi ici de nous intéresser à une
forme particulière de coopérations, s’appuyant sur la mutualisation d’une ressource
logistique.
La mutualisation des ressources et des compétences logistiques apparaît
aujourd’hui comme un moyen d’améliorer la performance environnementale des
entreprises. Beaucoup de sociétés communiquent sur ce thème. Nous pouvons par
1
Maître de conférences, Laboratoire THéMA, Université de Bourgogne, Christine.munier@u-
bourgogne.fr
8 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
exemple mentionner les GIE de transporteurs visant à optimiser les chargements des
véhicules et à diminuer les retours à vide, qui sont aujourd’hui perçus comme des
initiatives en faveur de l’environnement ou encore les plates-formes urbaines de
transbordement multi-clients de marchandises qui permettent d’utiliser des véhicules
moins polluants et moins bruyants pour les livraisons en centre-ville. Des tentatives de
multi-pick et/ou de multi-drop initiées par des agents économiques extérieurs au
transport existent également.
La mutualisation d’un moyen logistique peut être définie comme l’utilisation
conjointe par plusieurs agents économiques d’un même moyen logistique. Cette
mutualisation peut concerner les moyens de transport, les entrepôts, les plates-formes, les
systèmes d’information, mais aussi des ressources immatérielles comme l’information, la
compétence logistique. Le partage de moyens logistiques est depuis longtemps proposé
par les prestataires logistiques par le biais d’entrepôts ou de plates-formes multi-clients,
par l’organisation de tournées de ramasse et de distribution, des activités de groupage,
mais la mutualisation peut également avoir comme origine un agent économique non issu
du monde du transport, une association de producteurs ou de distributeurs, pouvant
prendre la forme par exemple d’un GIE ou d’une coopérative, d’un ou de plusieurs
syndicats. Pour Camman et al (2011), la mutualisation est un terme nouveau, qui
caractérise une « démarche conduite par des industriels ou des distributeurs dont
l’objectif consiste à partager volontairement tout ou partie des ressources consommées
dans la réalisation des activités logistique (réception, stockage de marchandises,
préparation des commandes, expédition, copacking, …) », pour la mutualisation
logistique et une « démarche conduite par des industriels dont l’objectif consiste à
partager volontairement (contrairement au groupage réalisé à l’initiative du transporteur)
les ressources consommées (véhicules, personnel, …) dans la réalisation des activités de
transport (traction essentiellement) » pour la mutualisation transport (Camman et al, 2011,
p 34). Le prestataire logistique ne décide plus autoritairement du partage, la
mutualisation repose sur une adhésion volontaire des bénéficiaires de cette mutualisation.
Dans le langage courant, mutualiser c’est « faire passer un risque, une dépense à la
charge d’une mutualité, d’une collectivité », une mutualité étant « un système de
solidarité entre les membres d’un groupe, à base d’entraide mutuelle ». Le mutualisme est
par ailleurs une « relation durable entre deux espèces ou deux populations, avantageuses
pour toutes les deux. La symbiose est un cas particulier de mutualisme » . Pour O Perche,
directeur associé de Deloitte, mutualiser c’est « mettre en commun des ressources et des
moyens afin de minimiser les dépenses et augmenter la performance de chaque partenaire
» (Assises de la logistique, Logistique Magazine, oct 2011). La mutualisation est
mutuellement bénéfique, même si reste posée la question du partage de ces bénéfices.
Pour Chanut et al (2011) la mutualisation consiste à « mettre en commun des
moyens logistiques (entrepôts de stockage, transports, systèmes d’information) entre
entreprises distinctes » (p 43). Mais la mutualisation est aussi utilisée pour le partage de
ressources et de compétences entre fonctions distinctes d’une même entreprise, entre
unités distinctes d’une même société, entre filiales distinctes d’un même groupe.
De ces définitions il découle que la mutualisation est un moyen de mobiliser des
ressources (matérielles comme les entrepôts, les moyens de transport, les systèmes
d’informations ou immatérielles comme les informations) et des compétences sans
totalement les posséder, mais en s’appuyant sur un partage avec d’autres entités. Pour des
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 9
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
entités juridiquement distinctes, elle ne peut être imposée par une autorité hiérarchique.
Elle repose sur une démarche collaborative.
Le secteur de l’édition met en œuvre la mutualisation depuis de nombreuses
années, à différents niveaux. Il nous a paru intéressant d’observer les diverses pratiques
caractérisant la logistique du livre et d’essayer de les comparer à celles existant dans
d’autres secteurs, qui l’ont développée plus récemment.
2. Le Livre, une famille logistique complexe
Même s'il peut être défini simplement comme« un parallélépipède cartonné
contenant, en principe, tel un sandwich, un certain nombre d’informations généralement
imprimées » (Piault, 1995), le livre non numérique recouvre un très grand nombre de
produits aux caractéristiques très différentes
2
sans parler du contenu éditorial.
En amont de la chaîne du livre, c'est l’éditeur qui détermine la politique éditoriale
de la maison d’édition et choisit en conséquence les auteurs et les ouvrages qui vont être
produits. Cette production peut faire suite à une proposition spontanée d’un ou de
plusieurs auteurs ou à une commande spécifique de l’éditeur auprès d’un ou de plusieurs
auteurs. La part relative des deux types de production varie d’une famille éditoriale à une
autre. Une partie de la production cherche à répondre à une demande perçue par les
éditeurs par exemple suite à un évènement sportif ou politique, ou pour la préparation
d’examens ou de voyages ; une autre partie est proposée à la vente sans qu’il y ait
d’attente très précise de la part du client. Mais dans tous les cas, le livre reste un produit
culturel, dont la valeur va être déterminée en grande partie par les lecteurs et les critiques,
indépendamment du prix fixé par l’éditeur, en faisant la distinction entre le contenu et le
médium (Handelzats, 2001).
La prévision des ventes le concernant est un exercice très difficile (Schiffrin, 2005).
Certains livres vont devenir des best-sellers et d’autres vont finir au pilon. Certains vont
rester de façon délibérée plusieurs années dans le stock de librairies pour en constituer le
fonds (Legendre, 2002) et d’autres, tels des biens périssables, vont rapidement disparaître
des rayonnages et des tables de présentation. La courbe de vie du produit est donc
variable, et l’adéquation entre l’offre et la demande difficile à anticiper.
La lecture est le plus souvent le moteur de l’achat. La lecture peut être motivée par
la recherche de plaisir mais aussi être réalisée pour acquérir un certain statut social grâce
au savoir qu’elle apporte. Elle peut se faire pour se distraire ou par obligation, par
nécessité (Rambach, 2001), pour réfléchir, se former (Piault, 1995). Une lecture peut en
outre être consommée et rapidement oubliée ou capitalisée et donc gardée plus longtemps
en mémoire (Fraisse, 1993). Traditionnellement, les professionnels du livre distinguent les
2
les livres imprimés sans illustration à la reliure souple ou rigide, les livres de « Poche » au format
10/18, les livres avec illustrations, les albums pour enfants aux formats très divers allant jusqu’au
format poche, les Mangas japonais, les manhwas coréens et les manhuas chinois qui se lisent à
l’envers, les Pop-ups délicats à produire et à manipuler,les livres avec des jouets, les livres en tissus
ou en mousse, les livres en gros cartonnages, les livres à très grands formats, les coffrets d’ouvrages
cartonnés, les livres jeux pouvant intégrer des composants électroniques, les livres à reliures en
spirales, les livres alternant pages papier et pages plastiques, les livres avec CD, les livres à plus de
1000 pages reliés avec une colle souple, les livres en papier bible et reliure en cuir, les livres
d’artistes coûteux aux tirages très limités, les livres boîtes avec un objet en rapport avec le
contenu, …
10 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
« gros lecteurs », très informés qui multiplient les lieux d’achats, les « lecteurs
spécialistes », ultra informés pour un type de livre, les lecteurs « occasionnels » plutôt
portés vers les ouvrages médiatisés et les grandes surfaces et les « peu lecteurs » qui
achètent des livres surtout pour offrir.
L’offre éditoriale croît d’année en année. Le nombre de titres publié est passé de
29 068 en 1985 à 42 997 en 1995 et 68 378 en 2005. Pour 2007, 75 385 titres ont été édités
(Lacroix, 2009), pour 655,2 millions de volumes. En proportion, la même année 445,5
millions d’ouvrages ont été vendus. Le tirage moyen a été de 8 691 exemplaires en 2007,
mais cette moyenne varie fortement d’une famille éditoriale à l’autre (de 2 282
exemplaires pour les sciences et techniques, la médecine et la gestion à 14 345 exemplaires
pour la littérature selon Lacroix (2009)). Certains titres, peu nombreux (moins d’une
dizaine), dépassent les 100 000 exemplaires mais pour atteindre 20% du marché, il faut
prendre les 1000 meilleures ventes
3
. Avec 10 000 titres on reste en dessous des 50%
(Eyrolles, 2009). Certains titres peuvent dépasser le million d’exemplaires vendus
4
. Un
titre comme Le Millénium s’est vendu jusqu’à 6000 exemplaires par jour dans le monde
(Livres Hebdo, 737), mais cela reste l’exception. Une autobiographie de footballeur peut se
vendre à 10 000 exemplaires (Livres Hebdo, 752). Les éditeurs ont donc fait le choix de la
diversité de l'offre ; cette diversité a pu s'appuyer en partie seulement sur la
fragmentation de la production en lots : les retirages. Les livres qui se vendent bien
peuvent faire l’objet de plusieurs retirages.
Pour Legendre (2002), l’édition est un marché de « prototypes en série » (Legendre
2002, p 289) et pour Nave (2001), « la librairie est en fait sur un marché d’offre avec des
espaces liés à la demande ». Le point de vente peut exploiter trois champs : la création
(pour les livres qui précèdent le goût du consommateur), la production médiane (le livre
répond au goût ambiant) et la grande consommation (pour les livres à durée de vie
courte, de circulation rapide). Par ailleurs, pour Gérault (2001), « il y a un marché de
demande pour des titres de faible rotation, à condition de les livrer rapidement, du point
de vue du client, et économiquement du point de vue des vendeurs » (p 244). Le livre est
un marché complexe. Flux poussés et flux tirés coexistent ; productions artisanales et
industrielles cohabitent (Schiffrin, 2005). Dans tous les cas, la réaction du consommateur
reste difficile à prévoir et donc les flux difficiles à anticiper. L’outil logistique mis en place
se doit donc d’être réactif et flexible et de permettre un suivi très fin des références. Le
livre ne constitue pas une famille logistique mais plutôt recouvre diverses familles
logistiques. Les professionnels ont l'habitude de travailler à partir des familles éditoriales
5
,
mais ces familles elles-mêmes correspondent parfois à des produits très divers
La fabrication physique des livres repose sur les imprimeurs qui sont le plus
souvent situés en Europe ou en Asie pour les ouvrages avec illustrations ou montages
délicats. Dans ce dernier cas, pour amortir les coûts fixes liés à la fabrication mais aussi au
3
contre 100 pour les disques
4
Barbery et l’élégance du hérisson en 2008, Martin Brun en 2002, Dan Brown en 2004 et 2005,
Delerm en 1997, Paulo Coehlo en 1994, Duras en 1984, Harry Poter pour chacun des 7 volumes
5
Ces familles sont fonction de la nature du contenu (« scolaire », « sciences et techniques, médecine,
gestion », « sciences humaines et sociales », « religion et ésotérisme », « dictionnaires et encyclopédies »,
« littérature », « documents, actualités, essais »), mais aussi du type de lecteur (« jeunesse ») ou encore des
caractéristiques physiques des livres (« beaux livres »). Ces deux dernières familles sont celles où l’on
retrouve la plus grande diversité physique ; pour beaucoup de professionnels, le secteur « jeunesse » est
d’ailleurs le plus novateur (citons par exemple Marrey, 2000).
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 11
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
transport, la production se fait généralement en une fois, et donc en grandes quantités, en
flux poussés, à partir d'un cycle d'approvisionnement long. Lorsque l'imprimeur est en
Europe, la production peut se faire en flux en partie tirés, par retirages successifs, au fur et
à mesure que le produit s'écoule. Les nouvelles techniques d’impression permettent de
diminuer le nombre d’exemplaires par tirage en dessous des 1000 unités ; une impression
peut être aujourd’hui économiquement rentable à partir de 500 unités voire même à partir
de 100 unités. Certains imprimeurs spécialisés pour les impressions à la demande
proposent même des tirages inférieurs ; ces dernières techniques permettent de passer
d’une logique de flux poussés à une logique de flux tirés, s’appuyant sur les retirages en
JAT et donc de réduire les stocks chez les éditeurs
6
. En 2008, les imprimeurs français ont
fabriqué 217 723 tonnes de livres (Livres Hebdo, n° 755).
Pour diffuser ces livres, les éditeurs s'appuient sur des sociétés de diffusion et leurs
représentants chargés de rendre visite aux libraires et autres points de vente, mais aussi
sur le système de l'office, autre caractéristique de l'édition. Pour stimuler les achats, en
induisant entre autres des achats spontanés, la plupart des éditeurs adoptent une stratégie
d’occupation de l’espace de vente : ils multiplient les publications pour occuper l’espace
sur les tables des libraires (Gérault, 2001 ; Marrey, 2000, Lévi, 1992). L’office est un
système qui permet au point de vente de recevoir chaque semaine une partie des
nouveautés de l’éditeur, de les examiner, d’en commander d’autres ou de les retourner et
de se faire rembourser. Il peut être aménagé en fonction des spécificités du point de vente
(taille, spécialité, type de clientèle) grâce à des « grilles ». Une nouveauté en chassant une
autre, les offices se succèdent chaque semaine, saturant vite les libraires qui, faute de place
doivent retourner de plus en plus vite les livres. Les flux aller et retours s’enchaînent,
parfois de façon inefficace du point de vue du transport : les libraires peuvent être obligés,
suite à une commande d’un client ou à un démarrage tardif des ventes d’une référence, de
commander des livres qu’ils avaient auparavant retournés. Flammarion par exemple
lance 40 campagnes d’office par an (de 165 titres au maximum). Le gros des retours se fait
en janvier (Combet, 2007). Les taux de retours varient en fonction du type d’ouvrage, de
l’éditeur et du type de point de vente. En 2008, le taux moyen de ces retours a été de 25%
(Livres Hebdo, 764). Il faut ici noter que les mises en place abondantes ne sont pas
uniquement poussées par les éditeurs ; elles peuvent être désirées par certains points de
vente (en général de grosse taille) car les piles sont plus visibles pour les clients et sans
danger commercial pour le point de vente, les invendus pouvant être remboursés.
Certains éditeurs ont du mettre en place des limites pour encadrer les retours, sources de
surproduction
7
.
L'offre est saisonnière
8
. Les flux se succèdent donc durant l’année, en changeant de
nature. Les grosses maisons d’éditions essaient de se positionner sur plusieurs familles
éditoriales, ce qui leur permet de lisser l’activité sur l’année. Ce positionnement s’opère le
plus souvent par acquisitions externes de sociétés qui restent plus ou moins
indépendantes.
6
qui peuvent être en partie numérisés
7
Suite à une mise en place massive d’un titre par de gros points de vente, l’éditeur peut être amené à relancer
l’impression pour cause de rupture de ses stocks. Si la marchandise n’est pas vendue, elle fait l’objet d’un
retour massif quelques semaines plus tard et l’éditeur se retrouve en sur stocks.
8
beaucoup de romans sortent en automne (en septembre avec la « rentrée littéraire ») et en janvier ;
les livres de jeunesse paraissent plutôt en automne et au printemps avec les guides touristiques ;
les beaux livres en octobre ; les romans policiers et les cahiers de vacances en mai (Combet, 2007).
12 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
Ces flux poussés par l’office augmentent la rotation en linéaire et rendent difficile le
choix du fonds source de différenciation stratégique du libraire. En 2008, le nombre
moyen de jours de stocks des libraires est passé à 70 (Livres hebdo, 762), contre 80 dans
les années 2000 (période pour laquelle les ¾ du chiffre d’affaires des libraires venaient du
réassort selon Gérault, 2001). Le stock du libraire peut être réparti en trois groupes : A
pour les titres vendus 6 à 12 fois par an, B pour les titres vendus entre 3 et 6 fois et C pour
des titres vendus moins de 3 fois par an (Gérault, 2001). Pour les livres de fonds,
beaucoup d’acheteurs ont recours à Internet : 70% à 90% des ventes sont des titres de plus
d’un an (Livres Hebdo, 767), au détriment des librairies traditionnelles qui ne peuvent
pas mettre en valeur autant de références. Le nombre de références disponible dans les
points de vente est très variable ; de quelques dizaines, il peut atteindre 140 000 ; pour les
hypermarchés il est entre 5 000 et 10 000 (Eyrolles, 2009) pour un total de 900 000
références existantes (Dilicom).
Le secteur de l’édition supporte enfin plusieurs contraintes légales qui impactent la
logistique. Une obligation légale contraint les distributeurs à faire en sorte que les
nouveautés soient mises en place de façon simultanée dans tous les points de vente. Le
prix de vente au public étant fixé par l’éditeur (loi Lang), les différents intervenants se
rémunèrent par remises successives sur ce prix. Selon le syndicat national de l’édition,
l’auteur perçoit entre 10 et 12% du prix ; l’éditeur entre 12 et 16% ; le fabricant entre 12 et
20% ; le diffuseur entre 5 et 8% ; le détaillant entre 34% et 38% ; la TVA est à taux réduite :
5,5%
9
. La distribution s’élève entre 10 et 12% du prix de vente. En vertu de cette même
loi, le point de vente a une obligation de service gratuit de commande à l’unité pour tout
client. L’autre contrainte légale porte sur le stock des éditeurs. L’'éditeur, par le biais de
son prestataire, doit conserver en stock un minimum de trois exemplaires par référence
sous peine que l’éditeur perde ses droits.
Pour répondre à ces différents besoins, la chaîne logistique a du s’adapter en ayant
recours entre autres à la mutualisation.
3. La mutualisation logistique dans l’édition
La mutualisation est pratiquée en amont, au niveau de la fabrication (les coéditions
sont des pratiques courantes notamment pour les albums pour enfants coédités par des
maisons de pays différents), en aval (les filiales de maisons d’édition, chargées de
« diffuser » les produits de leur maison auprès des points de vente, proposent leurs
services commerciaux à des éditeurs clients), mais surtout au niveau de la logistique.
Les grandes maisons d’édition font en général le choix de l’intégration pour leur
stockage et la distribution (physique) avale de leurs produits finis. Elles sont en général
propriétaire d’une filiale entièrement consacrée à cette activité. Ces sociétés, dans le milieu
de l'édition, s'appellent des sociétés de « distribution » ou encore des « distributeurs ». La
distribution peut être assurée par une société extérieure au milieu du livre, mais c’est
assez rare (Harmonia Mundi).
Les distributeurs stockent les livres envoyés par les imprimeurs pour le compte des
éditeurs dont ils sont les dépositaires. Ils reçoivent les commandes des points de vente, les
préparent et les mettent à l’expédition, en s'appuyant le plus souvent sur une
9
Pour les livres vendus avec d’autres produits, la TVA reste à taux réduit si la valeur de l’objet associé ne dépasse pas
7% de la valeur totale du produit.
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 13
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
automatisation poussée pour permettre le picking au détail
10
. Ils assurent la facturation et
son recouvrement auprès des points de vente. Le transport par contre est assuré par une
entreprise de transport, spécialisée ou non dans le livre. Les distributeurs sont en général
organisés avec un dépôt central (en région parisienne) et des dépôts régionaux. Les
libraires parisiens peuvent récupérer directement leurs commandes aux « comptoirs » des
maisons d’édition parisiennes. Hachette par exemple dispose de plusieurs entrepôts à
Irigny (6 000 m2 pour 54 000 références), Maurepas (de 80 000 m2), Nantes, Auxerre (pour
les supermarchés), pour un total de 100 millions de livres. Sa filiale de distribution est
Hachette Distribution. Gallimard s’appuie sur la Sodis et son entrepôt de Lagny de 40 000
m2 stockant 82 000 références. Editis détient Interforum, Albin Michel possède Dilisco, La
Martinière/Le Seuil utilise Volumen.
Pour partager les frais fixes de ces structures logistiques, les maisons d’édition
proposent de distribuer d’autres maisons d’édition concurrentes. Par exemple,
Flammarion (détenu par un groupe italien) dispose, par le biais d’Union Distribution,
d’un entrepôt de 45 000 m2 à Sermaises (45) qui stocke 50 millions d’ouvrages, et distribue
également Actes Sud, PUF, Le Petit Futé, Le Dilettante, … . En 2009, Hachette Distribution
Service a distribué 135 éditeurs pour 138 724 titres ; Interforum 182 éditeurs pour 82 214
titres ; MDS, Sodis, Volumen, Union Distribution et Dilisco 61 à 386 éditeurs chacun pour
un nombre de titres variant de 19 278 à 160 891. Ces 7 distributeurs ont distribué à eux
seuls 1 221 éditeurs et 607 615 titres.
Ces accords dans l’édition peuvent prévoir en retour, plus ou moins implicitement,
l’alimentation des fonds « livres de poches » des grandes maisons d’édition
11
, par la
cession des droits d’auteur des maisons clientes de la filiale de distribution.
L’accès à la société de distribution peut être ouvert à des produits différents du
livre, mais c’est pour l’instant assez rare, sans doute en raison d’une forte culture
d’entreprise spécifique à l’édition. La maison d’édition Media Participations (Dargaud,
Lombard, Fleurus, Mango, Dupuis, …) a par exemple un entrepôt de 28 000 m2 à
Dourdan (Essone), avec des chaînes de préparation de commandes et les tris retours
mécanisés. Elle joue le rôle de prestataire logistique également pour les cartes et guides
Michelin, ce qui lui permet d’augmenter ses volumes et donc de réaliser des économies
d’échelle et de lisser son activité car les saisonnalités des deux maisons sont inversées.
Les éditeurs de taille moyenne peuvent par ailleurs s'associer pour partager des
dépôts régionaux, par l'intermédiaire notamment des GIE comme le GIE Livre-Diffusion
à Nantes et à Lyon pour Flammarion, Gallimard et Le Seuil.
L’ouverture des sociétés de distribution à des clients extérieurs éditeurs permet en
partie la survie de petites maisons d'édition. Sur 3000 maisons d’édition, 1000 publient
régulièrement, 350 réalisent la plus grande partie du chiffre d’affaires et 10 en totalisent
75% (Combet, 2007). Les plus grandes sont Hachette-Livre (10,2% des nouveaux titres en
2008) et Editis
12
(7,8 % des titres en 2008) ; viennent ensuite Albin Michel (1,6%),
10
Supply Chain Magazine, n°26 ; Logistique Magazine n° 194 et 230
11
Hachette est propriétaire du « Livre de Poche », Editis de « Pocket », « 10/18 » et « Fleuve Noir »,
Gallimard de « Folio », Le Seuil des « Points », Flammarion de « J’ai lu », « Librio », « GF » et « Champs »
et Actes Sud de « Babel ».
12
Racheté par un groupe espagnol
14 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
Gallimard (2,6%), Flammarion
13
(3,1% ;), Media-Participation
14
(1,9%) et La Martinière
(2%). Si 12% des éditeurs sont à l’origine de 84% des titres, les 30% les plus petits
produisent 0,31% des titres (Le livre blanc sur l’édition indépendante). C’est une forme
particulière d’oligopole les grosses maisons cohabitent avec les petites qui n’ont
parfois qu’un titre en catalogue (oligopole à franges de Rouet, 2000) et les acteurs
s’allient (oligopole en réseau de Brémond, 2004). Pour Silem(2000), « il n’y a pas de
barrières à l’entrée dans l’édition, mais la survie exige les moyens de la grande firme et les
idées des petites maisons ». L’association par le biais de la mutualisation de la distribution
permet aux grosses maisons d’édition d’avoir plus ou moins accès à la diversité éditoriale
des petites et aux petites d’avoir accès au marché. Derrière une mutualisation
opérationnelle se cache une mutualisation plus stratégique à rapprocher des stratégies de
diversifications des réseaux pour l’accès aux innovations pour les grosses maisons
d’édition et de focalisation pour les plus petites. Ce type d'association entre éditeurs pour
mutualiser le stockage peut cependant générer de la dépendance, car les partenariats sont
horizontaux. C'est ainsi que de petits éditeurs préfèrent s’auto-distribuer à une moindre
échelle pour sauvegarder leur indépendance et leur liberté éditoriale. Comme dans les
autres secteurs, une association avec des concurrents en cas de disparité de tailles, même
si elle se limite à une coopération logistique, n’est pas sans incidence sur la répartition du
pouvoir.
Les petits éditeurs ne souhaitant pas s’associer à une grande maison d’édition,
peuvent choisir de recourir à Calibre, une société commune entre les petits éditeurs et les
libraires, filiale du Syndicat National de l’Edition et du Syndicat de la Librairie Française.
La plateforme d’Ivry-sur-Seine (anciennement Livredis, filiale de distribution de Nathan),
rachetée par le prestataire logistique Axelis+ peut s’appuyer sur une filiale (Speed
Distribution) pour le transport vers l’Ile de France et n’a pas comme clients que des
éditeurs : c’est un prestataire multi-produits (textile, électronique, cosmétiques, édition) et
multi-clients pour la préparation de commande, la facturation et le recouvrement. La
mutualisation de la logistique permet aux petits éditeurs de réduire leurs coûts et d’avoir
un accès au marché national, sans pour autant passer par un prestataire extérieur, qui
pour le livre est nécessairement une filiale d’un éditeur.
Compte tenu du grand nombre de références et de l’importance du fonds dans les
librairies, qui de plus en plus est un fonds virtuel faute de place, le système d’information
est particulièrement important et doit être alimenté par un grand nombre de flux
provenant de nombreuses maisons d’éditions. Pour garantir la diversité, un organisme
interprofessionnel, DILICOM, a mutualisé ce système d’informations. En s’appuyant sur
le Fichier Exhaustif du Livre et un réseau EDI, le système permet d’informer les libraires
sur le fonds des éditeurs et de transmettre aux distributeurs, les commandes des libraires.
DILICOM créé en 1989 totalise 900 000 références ; il est détenu à 75% par des
distributeurs et à 25% par une association de libraires (Gérault, 2001) et canalise près du
tiers des commandes (Legendre, 2002).
A côté de DILICOM, on peut également mentionner des initiatives de l'aval de la
chaîne comme DATALIB, créé en 2006 par une association de librairies indépendantes, et
les systèmes proposées par les e-librairies à des libraires partenaires pour alimenter leur
fonds virtuel de livres d’occasion. Ainsi, Chapitre.com intègre les fonds de 2000
partenaires pour les livres anciens et prépare les commandes de ses clients à partir de son
13
Racheté par un groupe de presse et d’édition Italien
14
Belge
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 15
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
entrepôt de Lamnay dans la Sarthe. Ce libraire peut ainsi proposer aux internautes un
fonds virtuel de plus de 15 millions de références. Amazon, pour son rayon livre, dispose
également d’un système similaire (livrelivre2). Amazon propose également des
prestations logistiques pour les libraires partenaires (Fulfillment by Amazon), et
développe l’activité livre numérique sur l’un de ses centres (Boigny sur Bionne).
Avec le développement des livres numériques l’importance stratégique de la
mutualisation des systèmes d’information risque d’augmenter puisque le flux physique,
qui était le plus contraignant par le jeu des flux d’office, de réassort et de retours, risque
de s’amoindrir, au profit des flux numériques. Les ouvrages à faible rotation ou en fin de
vente qui étaient très coûteux pour les distributeurs trouvent par ce biais un moyen d’être
distribués physiquement à un coût moindre si le client accepte ce produit qui est
néanmoins assez différent par le médium.
Du côté des points de vente, en 2007, 47% des ventes (hors clubs de livres) ont été
réalisées par des libraires indépendants, 20% par des grandes surfaces alimentaires, 28%
par des grands spécialistes de la culture et 5% par Internet. Le livre est partout : magasins
de bricolage, jardineries, magasins de jouets, magasins de sport, offices du tourisme,
auberges ; il a perdu son rôle symbolique, mais il est devenu omniprésent (Piault, 1995).
Un rayon livres peut attirer des clients pour d’autres produits. Le poids économique de
ces points de vente est très variable : les 200 librairies indépendantes classées par Livres
Hebdo totalisent un chiffre d’affaires inférieur au chiffre d’affaires « livre » de la FNAC
(Lane, 2000) et selon Schiffrin (1999) les 300 plus grandes librairies vendent entre 70% et
80% des livres.
Les groupes de librairies comme Decitre (8 points de vente, deux sites internet et
une plateforme logistique) ou les grandes surfaces culturelles comme la Fnac organisent
eux-mêmes leur logistique. Pour ses trois canaux de distribution (le magasin de centre
ville, le commerce en ligne, le magasin de périphérie), la Fnac a fait le choix de la
centralisation des flux : 90% des flux, correspondants aux 50 premiers éditeurs, passent
par l’entrepôt central (Massy) ; le reste passe par l’entrepôt d’une filiale (SFL) ; 30% du
flux centralisé est piloté par la centrale d’achat ; les points de vente de périphérie sont
pilotés intégralement par la centrale ; les achats sont centralisés pour les 1500 titres qui
tournent le plus (Livres hebdo, n° 758 et 724 ; Logistiques magazine n° 171).
En général, les flux des livres ne sont pas mélangés avec les autres. Virgin
Megastore centralise le stockage chez un prestataire (Kuehne et Nagel à Bondoufle dans
l’Essonne) pour les produits comme les coffrets vidéos, les jeux vidéo, les consoles, les
produits dérivés, l’électronique mais pas pour le livre dont le réassortiment reste sous la
responsabilité des points de vente. Les 850 concessions négociées Relais H sont
approvisionnées par quatre types de flux : les confiseries et fournitures sont stockées à
Garonor, la presse est acheminée par les NMPP et MLP, les livres par Hachette
Distribution et le Tabac par Altadis.
Certains libraires
15
revendiquent la liberté du choix du transporteur pour se dégager
de l’emprise des grandes maisons d’édition. Pour Gérault(2001), Rouet (2000) et le
Syndicat de la Librairie Française (2001), le transport est source de pouvoir dans la filière.
Pour Poirel (2009), la logistique est un moyen de résister dans le canal. « Prisme »
Prestations Informatiques et Services pour la Modernisation de l’Edition »), un
organisme inter professionnel, permet par le biais d’une plateforme de 36 000 m2 dans
15
Notamment ceux qui n’ont pas une taille suffisante pour prendre en charge leur logistique.
16 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
Paris de regrouper les livraisons de 970 éditeurs adhérents, de les confier à un
transporteur référencé choisi par le libraire et de les expédier vers 3500 librairies
adhérentes (Logistique Magazine, n°164). La plateforme et son financement visent « un
partage au plus juste des coûts de plateforme entre petits et gros pour que chacun, en
amont et en aval, puisse bénéficier de l’outil interprofessionnel » (SFL, 2001). La CLIL
surveille le fonctionnement de cette plateforme pour garantir la diversité culturelle tant en
amont qu’en aval. En 2008, Prisme a transporté 150 000 tonnes de l’amont vers l’aval et
33 000 tonnes en retours (Livres Hebdo n°741). Les distributeurs payent le transport vers
Prisme et 40% de l’exploitation (sauf pour les retours). Les libraires choisissent un
transporteur parmi les transporteurs agréés et le payent. L’intérêt de la plateforme est
cependant maximum pour les envois entre 5 et 10 kg. Le regroupement est le plus
favorable pour les 65 plus grandes librairies qui captent la moitié des volumes (Livres
Hebdo, n°752).
Des groupements de libraires utilisent également de façon conjointe des centres de
regroupement (notamment en région parisienne). Ces structures servent à consolider les
commandes provenant de plusieurs fournisseurs avant de les expédier et à massifier les
envois des fournisseurs en mettant en commun plusieurs commandes de libraires
différents.
Le secteur de l’édition pratique donc la mutualisation sur toute la chaîne logistique,
de la production (co-édition), au stockage (sociétés de distribution, GIE d’éditeurs), la
préparation de commande, l’expédition et l’organisation du transport (Prisme, Calibre,
associations de libraires), sans oublier la gestion de l’information.
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 17
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
Autorité initiatrice de la mutualisation
Moyen
logistique
Prestataire
logistique ou de
transport
Agent
économique non
spécialisé en
logistique
Coopérative ou
GIE
Syndicat inter
professionnel
Entrepôt
Entrepôt multi-
clients (rare)
« Distributeur »
avec clients
éditeurs (ou non)
GIE d'éditeurs
pour entrepôts
régionaux
Evolution
possible de
Calibre
Plate-forme
Plates-formes de
groupage et
d'éclatement multi-
clients
Plates-formes
régionales
« distributeurs »
ouvertes aux
clients éditeurs (ou
non)
Groupements de
libraires
PRISME ;
Calibre
Système
d'information
Suivi des
expéditions/
livraisons et
traçabilité
Libraire avec
adhérents
Groupements de
libraires et de
points de vente
DILICOM
Transport
Messagerie pour
livraison des gros
points de vente
Multi-pick par un
libraire ; multi-
drop par un
éditeur
GIE de
transporteurs
pour optimiser le
remplissage des
véhicules
Transporteurs
agréés par
Prisme ou
Calibre
Tableau 1 : la mutualisation de la logistique dans l'édition
Le tableau 1 permet d’avoir une vue synthétique de la mutualisation dans l’édition.
Dans la première colonne la mutualisation passe par des prestataires logistiques ou de
transport ; dans la deuxième, la mutualisation est initiée par un agent économique
concurrent des autres partenaires (mutualisation horizontale) ; dans la troisième, elle
repose sur une alliance horizontale ; dans la quatrième, sur une alliance transversale.
Cette richesse obéit à un objectif double : le partage des coûts et le maintien d’une certaine
liberté vis-à-vis des acteurs les plus puissants économiquement.
4. Les pratiques de mutualisation dans les autres secteurs
Ces dernières années, parmi les exemples de bonnes pratiques largement diffusées
dans la presse professionnelle, l’utilisation de la mutualisation logistique est de plus en
plus fréquente. Diagma et ECR France ont lancé en novembre 2011 un outil internet :
mutualisationlogistique.com. Le Club Déméter (visant à aboutir à une logistique plus
respectueuse de l’environnement) a un atelier de travail sur la mutualisation des
transports. Nous avons examiné de façon systématique l’ensemble des articles publiés
dans Logistique Magazine pendant un an (2011) afin d’isoler les exemples de bonnes
pratiques incluant de façon plus ou moins poussée la mutualisation. Les ressources
partagées sont les informations et les systèmes d’information, les entrepôts, les moyens
supports au transport mais aussi les compétences.
18 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
En ce qui concerne l’information, le partage d’informations sur les processus
logistiques avec les prestataires peut viser à les adapter (ex : Berner). Des approches
collaboratives peuvent être mises en œuvre pour la mise en place de standards (ex :
grande distribution, parfumerie du luxe). Les indicateurs de performance commencent à
se partager (étude de Kurt Salmon, Generix dans Logistique Magazine 261). Pour les
systèmes d’informations, des portails d’informations permettent un accès en temps réel
aux informations (projet d’Alstom avec ses fournisseurs, Faurecia) ; un portail web peut
permettre d’optimiser les retours des véhicules de transport par chargements de matières
premières ou d’emballages autour des points de livraison ou de produits finis autour de
points d’expédition (c’est l’exemple d’un projet cofinancé par l’Union Européenne, l’Etat,
la région, le syndicat intercommunautaire Ouest Cornouaille et les entreprises
appartenant au GIE Chargeurs de Cornouailles). La connexion des systèmes
d’information du chargeur et du transporteur peut permettre d’optimiser les transports,
surtout s’ils nécessitent des véhicules spécifiques (exemple de Norske Skoy, producteur
de papier pour la presse). L’EDI avec les fournisseurs permet le tracking (Au nom de la
rose). Un consortium peut être utilisé pour la mise en place de la RFID ( Kyaia Group,
chaussures). L’ERP peut être mutualisé entre les filiales d’un même groupe (De Sangosse).
Il peut contribuer à la réalisation d’une base de données commune pour tous les acteurs
de la chaîne (ex : Eden Park). Des modules de prévisions de vente collaboratives sont
proposés par les éditeurs. Ces échanges d’information permettent d’optimiser les
processus (de production et/ou de transport et de logistique), d’améliorer la traçabilité, le
niveau de service par une plus grande réactivité aux aléas et aux fluctuations de la
demande.
Les entrepôts sont depuis longtemps mutualisés par les prestataires logistiques
(entrepôts multi-clients) ; la grande distribution (alimentaire ou spécialisée) utilise des
entrepôts et des plates-formes pour les points de vente (indépendants ou non), ce qui
permet de délocaliser les stocks, de grouper les achats, d’augmenter la performance
commerciale des points de vente et d’accroître la base fournisseurs et de massifier les
transports. A ces mutualisations « classiques « en logistique, se sont ajoutées d’autres
pratiques comme la Gestion Mutualisée des Approvisionnements plusieurs individus
s’engagent à livrer ensemble à partir d’un même site logistique, un ou plusieurs
distributeurs (Camman et al, 2011). C’est l’exemple de Henkel, Reckitt, Benkisser et
Colgate ou encore les hubs de groupage de Synchronis (GIE de 5 industriels de l’épicerie
sèche). Les centres de consolidation et de collaboration Carrefour permettent à 450 PME
de massifier les livraisons aux bases logistiques. L’ouverture d’un entrepôt à un client
extérieur ayant une activité similaire peut permettre de rentabiliser les capacités de la
structure (exemples C-Log, filiale de Beaumanoir pour les boutiques Cache Cache et Eden
Park qui peut ainsi utiliser l’automatisation et de Senoble dont l’outil logistique n’était
plus adapté aux exigences de la grande distribution en ayant une zone de stockage sur-
dimensionnée) ou à un fournisseur (exemple/ Carrefour a ouvert un entrepôt brasserie à
Danone qui livre depuis ce point Carrefour mais aussi des enseignes concurrentes, ce qui
permet à Danone d’exploiter le ferroviaire et à Carrefour de tendre ses flux).Un entrepôt
de consolidation peut enfin permettre un transport mutualisé en provenance de l’Asie
(exemple : Géodis pour Colgate et Kraft). La mutualisation des entrepôts permet de
partager les coûts fixes, d’utiliser l’automatisation même pour des activités réalisées à
petite échelle, la réalisation d’économies sur coûts d’achat, la massification des transports
en aval.
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 19
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
La mutualisation peut également, de façon plus classique, concerner le transport et
les unités de manutention logistiques. Cette dernière est depuis longtemps proposée par
les prestataires de transport (messagerie, groupage par plates-formes de consolidation et
d’éclatement) et les loueurs de palettes récupérables. Cette mutualisation peut être
explicitement demandée par le chargeur. C’est l’exemple de Cerba (spécialisé dans les
prélèvements médicaux) qui a prévu la mutualisation dans son contrat de sous-traitance
du transport. La mutualisation des emballages peut se faire par récupération des
emballages ou des palettes des fournisseurs (Auchan SpA, Italie) pour les expéditions. Le
pooling vise à mutualiser les moyens de transport pour optimiser le chargement des
camions et réduire les coûts (exemple de poolings entre des fournisseurs livrant les
mêmes clients). Pour le multipick, ou livraison mutualisée, un fournisseur se rapproche
d’autres fournisseurs livrant un même client ; il peut être pris en charge par le prestataire
ou par le fournisseur. Ono Packaging, par exemple, complète les chargements des
camions frigorifiques qui acheminent la viande vers les distributeurs dans des zones
isolées par leurs barquettes en polystyrène pour les produits frais. Pour le multidrop, un
camion complet livre plusieurs clients. La mutualisation des moyens de transport permet
d’optimiser les chargements en amont (flux aller) ou d’éviter les retours à vide (flux
retours), par une réflexion sur les partenaires possibles et des accords entre eux pour
rendre compatibles les processus de transport. Par exemple, une entente entre un
fournisseur (Panzani) et deux distributeurs (Carrefour et Castorama) permet d’optimiser
le transport entre les trois : un véhicule livre une base Carrefour de produits Panzani,
recharge en produits Carrefour pour livrer des points de vente à proximité de la base
Castorama ; puis ramasse de la marchandise dans la base Castorama pour livrer les points
de vente à proximité de l’usine Panzani avant de retourner à l’usine. Cette mutualisation a
été initiée par un prestataire logistique mais a nécessité une synchronisation des flux des
différents partenaires. Elle permet non seulement de diminuer les kilomètres à vide mais
aussi de réaliser trois chargements par tournée. Un autre exemple, de mutualisation pour
réduire les retours à vide a été développé avec Norbert Dentressangle, Coca-Cola
entreprise France et le dépôt de La Palette Rouge. Un même transporteur peut livrer une
usine et repartir livrer les produits finis (ex : Sodebo). Les deux formes de mutualisations
peuvent être associées par groupages amont et aval (exemple de Nexans). La
mutualisation permet aux chargeurs d’être partie prenante dans l’optimisation des
transports à la place ou aux côtés des prestataires.
La mutualisation des compétences logistiques est à la base du service de prestation
logistique (prestataires logistiques et de transport 1PL, 2PL, 3PL, 4PL, spécialisés par
familles logistiques, zones géographiques et/ou modes de transport), mais la
mutualisation des compétences logistiques peut également être offerte par des acteurs
non issus de la logistique et/ou des transports comme des industriels (exemple de
Senoble), des distributeurs (exemple de C-Log, filiale du groupe Beaumanoir et
prestataire logistique d’Eden Park spécialiste du textile) ou des acteurs spécialisés sur
certaines familles logistiques comme les produits promotionnels ( exemple de HighCo
Data). La mutualisation peut également concerner des compétences non logistiques utiles
à la logistique. C’est l’exemple de la mutualisation des connaissances marketing, achats,
logistiques dans un groupe supply chain (exemple de Berner, spécialiste de la vente
directe d’outillages destinés aux professionnels du bâtiment, de l’industrie et de
l’automobile).
Ces mutualisations peuvent bien sur être combinées. C’est le cas de PepsiCo
Boissons qui mutualise ses usines (avec des concurrents), ses entrepôts (pour de la GMA),
20 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
ses transports (en associant boissons et chips pour des camions « lourds/légers ») et
utilise un portail web collaboratif avec ses prestataires de transport. Les mutualisations
peuvent évoluer dans le temps. En 2005 Henkel, Colgate et GSK ont mis en place du
multipick d’entrepôts pour un client GMS ; en 2006-2007 les trois entrepôts des
partenaires sont regroupés dans un entrepôt de FM Logistic (qui a pris l’initiative de cette
mutualisation) ; en 2007 ils passent à la GMA ; de nouveaux partenaires s’associent à la
mutualisation (Sara Lee puis Eugène Perma).
Nous retrouvons donc la diversité des ressources mutualisables déjà observée dans
le secteur de l’édition. Les membres de la mutualisation peuvent être des filiales d’un
même groupe, des divisions d’une même entreprise, des fonctions d’une même entreprise
(PGI), des entreprises d’une même chaîne logistique, des entreprises de chaînes
logistiques concurrentes. C’est un outil très large qui peut s’appuyer sur l’autorité
hiérarchique et/ou l’adhésion plus ou moins volontaire.
Les objectifs de la mutualisation sont multiples. La mutualisation est présentée dans
la presse professionnelle logistique comme un moyen d’améliorer le niveau de service, de
se positionner sur un marché hors de portée sans elle, de diminuer les coûts logistiques et
en particulier les coûts environnementaux en diminuant l’emprunte carbone des
transports. La mutualisation logistique n’est donc pas purement opérationnelle ; elle a une
dimension stratégique. Le partage d’informations permet d’optimiser les processus, d’être
réactif en cas d’aléas mais aussi en cas de modification des attentes du client final, ce qui a
un enjeu stratégique dans un environnement hyperconcurrentiel et globalisé. La
mutualisation des ressources permet aux PME et TPE de faire face à une limitation des
ressources due à leur taille et leur ouvre donc l’accès à certains marchés malgré des
ressources logistiques limitées. Elle permet également de contourner la pénurie de
certains moyens de transport (notamment pour les transports spécifiques). Elle permet de
partager les frais fixes notamment en cas de recours à des structures automatisées,
d’activité saisonnière, ce qui permet non seulement de réduire les coûts unitaires mais
aussi de contourner des barrières à l’entrée. Elle permet de tirer les flux en aval (et de
réduire les stocks dont la maîtrise du risque peut également par ailleurs être mutualisée)
tout en massifiant les flux en amont. Elle permet de satisfaire aux exigences des parties
prenantes en rendant possible des modes alternatifs de transport comme le ferroviaire, en
diminuant les retours à vide et en réduisant le nombre de véhicules grâce à des
chargements optimisés. La mutualisation déplace les frontières organisationnelles. Le fait
de substituer à la mutualisation des prestataires une mutualisation « directe » permet de
diminuer le nombre de ruptures de charge mais aussi d’exploiter des synergies entre
l’amont et l’aval pour les mutualisations verticales, voire de changer de modèle
économique en ré-internalisant la logistique et/ou le transport. La prise en main de la
logistique et/ou du transport change la répartition du pouvoir dans la chaîne logistique
(pouvoir d’expertise, pouvoir économique). Reprendre la main sur la logistique ou le
transport est facteur de résistance pour l’édition, de liberté, d’indépendance vis-à-vis des
clients pour la grande distribution. Pour le GIE Chargeurs de la pointe Bretagne
(fournisseurs de la grande distribution alimentaire), il est préférable de mutualiser plutôt
que de se faire mutualiser par les clients ou les transporteurs. Ferrero projette de
mutualiser sa logistique avec un autre industriel pour « prendre la main sur les volumes
mis en réserve dans les hypers » (O Debuchy, dans logistique Magazine, n°264). Si elle est
présentée comme une alternative à la sous-traitance logistique elle peut également
s’appuyer sur les compétences d’un prestataire logistique, offrant un service plus
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 21
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
sophistiqué que dans la relation de sous-traitance classique. Là encore, elle va de pair avec
un nouveau modèle économique.
Le tableau 2 synthétise les différentes pratiques de mutualisation possibles, quelque
soit le secteur.
Moyens
Membres
Initiative
Gouvernance
- Informations et
Systèmes
d’information
- Entrepôts
- Moyens de
Transport et
unités
logistiques
- Compétences
logistiques
- Fonctions
- Divisions
- Filiales
-Entreprises
concurrentes
-Entreprises
faisant partie de
la même chaîne
logistique
- Parties
prenantes
- Individuelle
(prestataire ou
non)
- Collective
(privée, publique,
mixte)
- Autorité
hiérarchique
- Pouvoir
(expertise,
économique)
- Partagée
Tableau 2 : Pratiques de mutualisations logistiques
Conclusion
L’édition a trouver des réponses à la complexité logistique et a ainsi développé
de multiples formes de mutualisation.
La mutualisation est particulièrement étendue car elle peut concerner les structures
de stockage, les plates-formes de consolidation, les transports et même les systèmes
d’information. Cette dernière forme risque de voir son caractère stratégique s’accentuer
avec le développement du livre numérique, et risque de remettre en cause l’importance
des structures de distribution rattachées aux grandes maisons d’édition si elles-mêmes ne
les prennent pas en charge
16
.
L’examen des bonnes pratiques présentées dans la presse professionnelle logistique
montre que les pratiques de mutualisation sont également variées dans les autres secteurs
que l’édition. La mutualisation correspond à une approche centrée sur les ressources et
non plus les acteurs. Elle se comprend d’autant plus que ces ressources sont rares (pénurie
de moyens), qu’elles mobilisent des investissements importants. Elle s’appuie sur des
pratiques collaboratives mais aussi sur des pratiques plus autoritaires. Elle ne se limite
pas à la logistique, mais les préoccupations environnementales font de la logistique un
élément important dans les pratiques de la mutualisation. La mutualisation est
opérationnelle mais aussi stratégique et elle contribue à de nouveaux modèles d’affaires
tant au niveau des chargeurs qu’à celui des prestataires.
L’édition se démarque néanmoins des autres secteurs par son caractère mono-
produit et l’importance des différentes représentations professionnelles. Les prestataires
logistiques sont en effet généralement issus du livre, sauf pour le transport. Les moyens
logistiques partagés sont partagés par des intervenants de la filière. La logistique se
retrouve donc cloisonnée d’un point de vue sectoriel. La filière est par ailleurs caractérisée
par l’importance des structures interprofessionnelles par le biais des deux principaux
16
On peut aussi s’interroger sur la possibilité de se tourner vers d’autres produits pour ces prestataires
logistiques spécialisés dans la préparation de commande au détail et la logistique des retours avec le
développement de la vente en ligne.
22 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
syndicats des éditeurs et des libraires. Ces structures visent à garantir une certaine liberté
aux éditeurs et aux libraires ayant de petits chiffres d’affaire par le biais de la
mutualisation des moyens logistiques. Elles montrent l’importance stratégique de la
logistique pour le secteur mais également renforcent le cloisonnement culturel de la
logistique du livre.
Si les pratiques se rapprochent, le benchmarking garde ses limites, notamment du
fait de cultures sectorielles ou d’entreprises différentes.
5. Bibliographie
Belin-Munier C. (2008), Etat de la recherche sur le supply chain management et sa performance :
une revue de la littérature récente, Logistique & Management, vol 16, n°2, pp 17-29.
Brémond J et G (2004), L’édition sous influence, Liris.
Camman C., Livolsi L., Roussat C. (2011), Lexipro, Logistiques Magazine.
Chanut O., Capo C., Bonet-Fernandez D. (2010), De la mutualisation verticale à la mutualisation
horizontale : les enjeux et les critères de choix logistiques des réseaux sélectifs contractuels,
Revue française de gestion industrielle, vol 30, n°3, pp 37-59.
Chanut O., Capo C., Bonet D. (2010 b), La mutualisation des moyens logistiques ne concerne-t-elle
que les grandes entreprises? Le point des pratiques dans les systèmes verticaux contractuels,
Actes des RIRL, Bordeaux, 30 septembre et 1 octobre.
Combet C. (2007), Le livre aujourd’hui, les défis de l’édition, Editions de Milan.
Eyrolles S (2009), Les 100 mots de l’édition, PUF.
Fraisse E. (1993), (sous la direction de), Les étudiants et la lecture, PUF.
J Fijalkow J. et E. (2003), La lecture, éditions Le cavalier Bleu.
Gérault JP. (2001), Le monde du livre en question, au commencement était la lettre, Actes Sud,
Arles.
Handelzalts M. (2001), Histoires d’en lire, trad. Par Katherine Werchowski, Israël, 1997,
Gallimard.
Lane P (2000), La librairie, nouveau moteur de l’édition ?. In Mollier, J.-Y. (coord.), Où va le livre
?, La dispute, Paris.
Lacroix I (2009), Chiffres clés, statistiques de la culture, La documentation française.
Lardellier, P., Melot, M., coord. (2007), Demain, le livre, L’Harmattant.
Legendre B (2002), Les métiers de l’édition, Editions du Cercle de la Librairie, troisième edition.
Lévi P (1992), Le métier des autres, trad. Martine Schruoffeneger, Italie, 1985, Gallimard, Folio
Essais.
Association l’autre livre (2005), Livre blanc sur l’édition indépendante, L’édition menacée,
Duboiris.
Manguel A (1998), Une histoire de la lecture, trad. Christine Le Bœuf, New York, 1996, Actes
Sud, Arles.
Marrey B (2000), Eloge des bibliothèques, CFD/Hélikon
La mutualisation logistique à la lumière des pratiques dans le secteur de l’édition 23
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N°
Martin HJ (1991), Eloge de la perfection, revue autrement, n°121, pp 107-112.
Melot M (2004), La sagesse du bibliothécaire, L’œil neuf editions.
Mollier JY (2008), Edition, presse et pouvoir en France au XX siècle, Fayard.
Mollier JY (2000), L’évolution du système éditorial français depuis l’Encyclopédie de Diderot. In
Mollier, J.-Y. (coord.), Où va le livre ?, La dispute, Paris.
Morais J (1994), L’art de lire, éditions Odile Jacob, Paris.
Claude Nave C (2001), La construction de l’assortiment, La voix des libraires, 24, décembre,
pp. 2-11.
Piault F (1995), Le livre, la fin d’un règne, Stock.
Poirel C. (2009), Stratégies logistiques et stratégies de résistance dans les canaux de distribution,
Logistique & Management, vol 17, n° 2, pp 65-73.
Rambach AM. (2001), Les intellos précaires, Fayard.
Rouet F. (2000), Le livre, mutation d’une industrie culturelle, La documentation française, Paris,
2000
Schiffrin A (1999), L’édition sans éditeur, La fabrique.
Schiffrin A (2005), Le contrôle de la parole, La fabrique.
Syndicat de la librairie française (2001), Le transport du livre, La voix des libraires, n° 23,
décembre 2001, pp. 1-5.
Autres sources :
- Presse professionnelle (Livre Hebdo ; Logistique Magazine).
- Sites internet des entreprises et organismes cités.