8 Christine BELIN-MUNIER
©Revue Française de Gestion Industrielle Vol. 34, N° 1
exemple mentionner les GIE de transporteurs visant à optimiser les chargements des
véhicules et à diminuer les retours à vide, qui sont aujourd’hui perçus comme des
initiatives en faveur de l’environnement ou encore les plates-formes urbaines de
transbordement multi-clients de marchandises qui permettent d’utiliser des véhicules
moins polluants et moins bruyants pour les livraisons en centre-ville. Des tentatives de
multi-pick et/ou de multi-drop initiées par des agents économiques extérieurs au
transport existent également.
La mutualisation d’un moyen logistique peut être définie comme l’utilisation
conjointe par plusieurs agents économiques d’un même moyen logistique. Cette
mutualisation peut concerner les moyens de transport, les entrepôts, les plates-formes, les
systèmes d’information, mais aussi des ressources immatérielles comme l’information, la
compétence logistique. Le partage de moyens logistiques est depuis longtemps proposé
par les prestataires logistiques par le biais d’entrepôts ou de plates-formes multi-clients,
par l’organisation de tournées de ramasse et de distribution, des activités de groupage,
mais la mutualisation peut également avoir comme origine un agent économique non issu
du monde du transport, une association de producteurs ou de distributeurs, pouvant
prendre la forme par exemple d’un GIE ou d’une coopérative, d’un ou de plusieurs
syndicats. Pour Camman et al (2011), la mutualisation est un terme nouveau, qui
caractérise une « démarche conduite par des industriels ou des distributeurs dont
l’objectif consiste à partager volontairement tout ou partie des ressources consommées
dans la réalisation des activités logistique (réception, stockage de marchandises,
préparation des commandes, expédition, copacking, …) », pour la mutualisation
logistique et une « démarche conduite par des industriels dont l’objectif consiste à
partager volontairement (contrairement au groupage réalisé à l’initiative du transporteur)
les ressources consommées (véhicules, personnel, …) dans la réalisation des activités de
transport (traction essentiellement) » pour la mutualisation transport (Camman et al, 2011,
p 34). Le prestataire logistique ne décide plus autoritairement du partage, la
mutualisation repose sur une adhésion volontaire des bénéficiaires de cette mutualisation.
Dans le langage courant, mutualiser c’est « faire passer un risque, une dépense à la
charge d’une mutualité, d’une collectivité », une mutualité étant « un système de
solidarité entre les membres d’un groupe, à base d’entraide mutuelle ». Le mutualisme est
par ailleurs une « relation durable entre deux espèces ou deux populations, avantageuses
pour toutes les deux. La symbiose est un cas particulier de mutualisme » . Pour O Perche,
directeur associé de Deloitte, mutualiser c’est « mettre en commun des ressources et des
moyens afin de minimiser les dépenses et augmenter la performance de chaque partenaire
» (Assises de la logistique, Logistique Magazine, oct 2011). La mutualisation est
mutuellement bénéfique, même si reste posée la question du partage de ces bénéfices.
Pour Chanut et al (2011) la mutualisation consiste à « mettre en commun des
moyens logistiques (entrepôts de stockage, transports, systèmes d’information) entre
entreprises distinctes » (p 43). Mais la mutualisation est aussi utilisée pour le partage de
ressources et de compétences entre fonctions distinctes d’une même entreprise, entre
unités distinctes d’une même société, entre filiales distinctes d’un même groupe.
De ces définitions il découle que la mutualisation est un moyen de mobiliser des
ressources (matérielles comme les entrepôts, les moyens de transport, les systèmes
d’informations ou immatérielles comme les informations) et des compétences sans
totalement les posséder, mais en s’appuyant sur un partage avec d’autres entités. Pour des