12 BALDELLON & VINAGRE
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol. 33, N° 4
2. Le TRS mesuré est de 42% au début du projet (Disponibilité 60%, Performance 87% et
Qualité 81%) tandis que la valeur conseillée est au-dessus de 85%. (7 mois plus tard nous
serons à 81% !)
3. 19% des volumes expédiés étaient refusés par les filières de valorisation suite à une
mauvaise qualité de tri. La tolérance étant de 10%, cela signifie que 100 sont jetés alors que 90
sont bons. On perd donc 90% x 20% = 18% de CA sortant.
4. Les tris trop sévères n’ont pu être précisément estimés, mais semblent marginaux au
regard des autres montants. Les montants non valorisés, non seulement ne génèrent pas de
CA mais génèrent des coûts supplémentaires d’enfouissement (60 €/T) ou d’incinération (90
€/T)
En supposant que nous soyons restés à ce 42% – ce qui est peut-être extrême – le gain
serait considérable, plusieurs centaines de milliers d’euros par an. En pratique, un mauvais TRS
dans des périodes de bas volumes n’a pas d’influence sur les coûts car le recours à la sous-
traitance n’a pas d’utilité, les capacités propres étant suffisantes. À l’opposé, de gros volumes
collectés même avec un TRS à 100%, dépasseraient la capacité nominale du centre de tri
Afin de réconcilier lean et Finance, nous avons déjà cherché tous les frais qui seraient
réellement économisés, comme ceux correspondant à des coûts payés à des prestataires
externes. Selon les principes de la « théorie des contraintes » de Goldratt, nous avons entre
autres recherché à travailler sur les goulets d’étranglement.
C’est parce que nous avons procédé de cette manière que nous avons pu valoriser des
gains irréfutables vis-à-vis de la Direction Générale.
2.3
Résoudre le délicat problème des coûts cachés
Les « coûts cachés » correspondent souvent à une non-utilisation optimale des
ressources. Nous avons évoqué plus haut en citant le coût des opérateurs de production, qui
de toute façon seraient payés, mais qui sont payés à ne pas produire à cause de
l’indisponibilité ou le manque de performance de la ligne.
Mais il n’y pas que ces coûts cachés ! Il y a tous ceux qui résultent de gains de
productivité non réaffectés. Ainsi, après un gain de 25% dans une équipe de 2 personnes,
nous avons une charge de travail de 1,5 personne… mais nous avons toujours 2 personnes à
payer. Il faut développer une polyvalence pour que le mi-temps inemployé puisse l’être à des
tâches qui permettent de réduire un recours à l’intérim, à un effectif à temps partiel, voire
d’éviter d’embaucher. Ce dernier cas est moins facile à repérer dans une approche «
comptable »… On voit donc qu’il doit y avoir une conjonction continue de 2 mouvements :
Un, tactique, qui vise à sans cesse dégager des « bouts » de ressources, par des
programmes d’amélioration continue
Un autre, à plus long terme, qui vise à « écumer » les ressources libérées et à réduire
le nombre d’équivalents temps plein affectés, toutes choses étant égales par ailleurs.
Nous avons souvent observé qu’il était parfois nécessaire de procéder à l’inverse : créer
des tensions sur les effectifs, pour générer des programmes d’amélioration continue et
développer la polyvalence nécessaire. Cela est plus facile à faire en période de croissance, où
l’on essaie de faire croître la courbe des coûts fixes bien moins vite que celle du Chiffre