Revue Française de Gestion Industrielle
Vol. 33, N° 1
LA TRAÇABILITE TOTALE DES SUPPLY CHAINS :
CONCEPT ET MODELE THEORIQUE
DE MISE EN ŒUVRE
Jennifer LAZZERI
*
& Nathalie FABBE-COSTES
**
—————————
Résumé. Après un rappel des enjeux associés à la mise en œuvre des
systèmes de traçabilité, nous proposons une analyse théorique de la traçabilité
des supply chains, dans une vision intra et inter organisationnelle, fondée sur une
revue de littérature. Cette analyse confirme l’importance de déployer une
traçabilité totale, qui apparaît pourtant difficile à mettre en œuvre. L’insuffisance
de travaux empiriques et l’absence d’un cadre théorique clair nous ont conduit à
proposer une construction du concept de traçabilité totale et à élaborer un modèle
théorique sur les conditions de mise en œuvre d’un tel système, puis à en discuter
les apports et limites.
Mots clés : Traçabilité, supply chain,
Introduction
La traçabilité est définie dans la norme ISO 9000 : 2000, comme « l’aptitude à retrouver
l’historique, la mise en œuvre, l’emplacement de ce qui est exami ». La traçabilité est introduite dès
* Doctorante, ATER, Aix-Marseille Université, CRET-LOG, 413, Avenue Gaston Berger, 13 625 Aix-en-
Provence cedex 1, j.lazzeri@yahoo.fr
** Professeur des Universités, Aix-Marseille Université, CRET-LOG, 413, Avenue Gaston Berger, 13 625
Aix-en-Provence cedex 1, nathalie.fabbe-costes@univ-amu.fr
Jennifer Lazzeri & Nathalie Fabbe-Costes
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les années 1980 dans le contexte du Total Quality Management (Moe, 1998 ; Souza Monteiro et
Caswell, 2009). Mais c’est suite à la crise de la vache folle en 1996 que la traçabilité devient une
préoccupation pour les pouvoirs publics, les entreprises et les consommateurs (Viruega et
Vernet, 1999 ; Loureiro et Umberger, 2007 ; Galliano et Orozco, 2011), conduisant aux premiers
travaux théoriques et empiriques dans les secteurs où les produits concernent la santé humaine
(agroalimentaire, biochimie, santé). La traçabilité est un sujet qui s’invite encore régulièrement
dans l’actualité à loccasion de crises : la grippe aviaire (2005), le scandale de la mélamine dans
la poudre de lait pour bé en Chine (2008) qui avait fait, rappelons-le, six morts et 300 000
maladies chroniques, la présence des bactéries Escherichia coli dans les concombres en Europe
(2011) et très cemment le scandale de la viande de cheval en Europe (2013). Il s‘ensuit des
exigences grandissantes des consommateurs qui ne tolèrent plus les risques sanitaires et qui
souhaitent davantage de transparence (Loureiro et Umberger, 2007 ; Ubilava et Foster, 2009).
Développée sous l’effet dune réglementation de plus en plus exigeante la traçabilité se
généralise, comme le montrent les études empiriques, dans différents secteurs dactivi tels que
l’agroalimentaire, la santé, le textile, l’aéronautique
1
.
La traçabilité a tout d’abord été envisagée dans l’espace industriel. Elle a été au départ
utile à des fins d’amélioration des processus de production intra-muros, en incluant les aspects
achats, approvisionnements, et gestion des stocks. Les premiers logiciels, qui ont géré la
traçabilité, de type GPAO
2
, étaient centrés sur les opérations industrielles. La traçabilité a
ensuite évolué pour sintéresser aux processus. Progressivement elle s’est étendue aux activités
et ressources disponibles, amenant à mettre en place une traçabilité au-delà de l’entreprise,
idéalement sur l’ensemble de la supply chain.
Les supply chains évoluent dans un environnement mondialisé et privilégient souvent les
impératifs liés aux coûts, à la qualité et aux délais. Compte tenu du contexte complexe et
dynamique (Marucheck et alii., 2011) dans lequel se déploient les supply chains, la mise en œuvre
de la traçabilité est elle-même complexe (Skilton et Robinson, 2009). Bien que des systèmes de
traçabilité existent dans les entreprises (traçabilité intra-organisationnelle), certains logisticiens
recherchent une traçabilité sur l’ensemble de la chaîne logistique (traçabilité inter-
organisationnelle). Pour améliorer le pilotage logistique des supply chains, les logisticiens
souhaitent disposer d’une visibilité sur la supply chain et « rêvent » d’une « traçabilité totale »
(Fabbe-Costes, 2000). Pour suivre l’ensemble du processus « de la fourche à la fourchette » pour
reprendre un slogan du monde de l’agroalimentaire (Karâa et Morana, 2008 ; Fritz et Schiefer,
2009 ; Fabbe-Costes et Lemaire, 2010), les acteurs doivent par conséquent assurer la continuité
de la traçabilité tout au long des supply chains, ce qui met l’accent sur la gestion des interfaces,
où se situe les principaux risques de dysfonctionnement dans les systèmes de traçabilité.
1
Quelques exemples d‘études empiriques étudiant la traçabilité dans les différents secteurs identifiés :
Romeyer 2004 ; Lemaire 2005 ; Ngai et alii., 2007 ; Bendaoud, 2008 ; Guercini et Runfola, 2009 ; Rabade
et Alfaro, 2009.
2
Gestion Production Assistée par Ordinateur.
La traçabilité totale des supply chains
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La traçabilité est devenue un enjeu pour la sécurité du consommateur mais aussi pour la
performance des entreprises. En effet, la capacide suivi et de gestion des rappels des produits
permet de limiter les impacts de tout problème avéré. Mais au-delà de la capacité à suivre et à
maîtriser les flux dans le temps et lespace, la traçabilité peut aussi être une source davantage
concurrentiel (Fabbe-Costes, 2006 ; Viruega, 2006 ; Salançon, 2009 ; Guercini et Runfola, 2007 ;
Fabbe-Costes et Lemaire, 2010).
Si de nombreux auteurs (Jansen-Vullers et alii., 2003 ; Golan et alii., 2004 ; Souza Monteiro
et Caswell, 2009 ; Fritz et Schiefer, 2009) se sont intéressés aux apports des systèmes de
traçabilité et à leur mise en place, la littérature n’offre cependant pas de définition précise et
unifiée de la traçabilité totale, ni de conceptualisation claire sur ses dimensions et composantes.
De même, les travaux sur la mise en œuvre de la traçabilité totale n’ont, à notre connaissance,
pas fait l’objet dune synthèse proposant un modèle ingrateur.
L’article qui s’inscrit dans une perspective damélioration du pilotage logistique, a pour
objectif de stabiliser la définition du concept de la traçabilité totale et didentifier les conditions
théoriques de sa mise en œuvre. Il s’appuie sur un travail de revue de littérature systématique.
La section 1 présente la méthodologie pour réaliser la revue de littérature puis la section 2
expose les sultats avec, successivement, le concept de traçabilité totale et le modèle théorique
de sa mise en œuvre. La conclusion résume les apports de la recherche, les limites et les
prolongements envisagés.
1 Traçabilité totale : méthodologie pour bâtir l’état de l’art
La revue de littérature que nous avons réalisée fait l’état de l’art de la traçabilité dans une
vision Supply Chain Management qui privilégie une perspective inter-organisationnelle. Elle se
base sur la méthode proposée par Denyer et Tranfield (2009) et reprise par Wong et alii., (2012).
Les auteurs distinguent cinq étapes pour construire une revue de littérature que nous avons
adaptées à notre recherche. La figure 1 présentée en fin de section 1 résume la démarche.
1.1 Formulation des questions
L’article sattache à répondre à une question principale : comment mettre en œuvre la
traçabilité totale en vue du pilotage logistique des supply chains ? Deux sous questions en
découlent :
- Comment la traçabilité totale se caractérise-t-elle ?
- Quels facteurs influencent sa mise en œuvre ?
1.2 Identification des travaux
La traçabilité fait lobjet de recherches depuis les premières crises alimentaires
européennes des années 1990. L’étude de la traçabilité totale renvoie à plusieurs champs
disciplinaires (logistique, qualité, marketing, système dinformation, etc.), et implique plusieurs
fonctions au sein des organisations qui la mettent en œuvre. Issue de la qualité et de la gestion
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des risques, la traçabilité fait aujourd’hui partie intégrante du Supply Chain Management et les
logisticiens participent généralement à son développement. Les recherches sur la traçabilité sont
publiées dans des revues scientifiques généralistes ou spécialisées, par discipline ou par secteur
dactivité (par exemple l’agroalimentaire).
Notre champ d’investigation porte sur la littérature académique de la période 1994
(premier article repéré) à 2012 inclus. Les revues sélectionnées sont françaises et anglosaxonnes,
classées selon la liste CNRS en logistique, Supply Chain Management et Operation Management. La
revue Logistique et Management, bien que non classée dans la liste CNRS a été ajoutée à la base
de données car c’est la revue officielle de l’AIRL
3
et qu’elle figure dans le classement de la
FNEGE.
Il ressort dune première exploration de la littérature que le secteur agroalimentaire fait
l’objet de nombreux travaux empiriques et quil représente un terrain particulièrement étud
4
.
Certains auteurs comme Salançon (2009) le choisissent comme unique secteur d’étude. Parce que
« la traçabilité est caractéristique des réflexions de l’industrie agroalimentaire » (Karaa et Morana, 2011,
p.15) et que le secteur présente un degré de risque élevé (Skilton et Robinson, 2009), un focus sur
la littérature agro-alimentaire a été envisagé. Ainsi, les revues agroalimentaires classées dans la
liste CNRS ont été ajoutées à la base de données. La liste des 20 revues retenues figure dans le
tableau proposé en Annexe 1.
1.3 Sélection des travaux
Pour identifier les articles pertinents sur la traçabilité totale des supply chains, nous avons
utilisé les bases de données EBSCO, Emerald, Science direct et Wiley. La recherche s’est faite par
les mots clés traçabilité/traceability, tracing, tracking présents dans le titre et /ou l’abstract. Les
articles ont été sélectionnés après une première lecture des sus et seuls les articles traitant
de la traçabilité des supply chains, ont été retenus.
L’Annexe 1 recense le nombre d’articles sélectionnés par revues et par an et montre un
intérêt grandissant pour la traçabilité depuis 2008. Les articles sont majoritairement co-écrits et
l’origine géographique des chercheurs est très diverse
5
. Cela souligne la dispersion des
recherches et l’intérêt que suscite cette thématique partout dans le monde. La démarche a
permis de constituer une base de données de 40 articles
6
.
3
Association internationale de recherche en logistique. http://www.airl-logistique.org
4
Trautman, D., Goddard, E.W., & Nilsson, T. (2008) proposent une revue de littérature de la traçabilité
dans le secteur agroalimentaire exclusivement
(http://ageconsearch.umn.edu/bitstream/52090/2/08_02.pdf).
5
USA : 27 auteurs, France : 13, UK : 11, Chine : 7, Allemagne : 5, Espagne : 5, Finlande : 8, Italie : 5,
Malaisie : 4, Pays Bas : 4, Portugal : 2, Suède : 2, Suisse : 2, Taiwan : 2, Afrique : 1, Australie : 1, Brésil : 1,
Egypte : 1, Inde : 1, Mexique : 1.
6
Précisés avec * en bibliographie.
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1.4 Analyse et synthèse
Chaque article a été analysé de manière descriptive et thématique en adoptant une logique
déductive. Lanalyse descriptive (Wong et alii., 2012) a été utilisée pour classer, grâce à une grille
de lecture, les articles selon l’année, la méthodologie, le secteur étud, le périmètre de la
recherche et pour recueillir et analyser les définitions de la traçabilité. L’annexe 2 présente
succinctement le panel darticles retenus pour analyse. L’analyse des secteurs étudiés dans les
articles retenus dans les revues non spécifiques à l’agro-alimentaire confirme l’importance du
secteur agro-alimentaire (14 articles sur 26). Cette première étape a permis de dégager un état de
l’art des définitions de la traçabilité totale et de proposer une construction du concept.
L’analyse thématique a eu pour objectif didentifier et de classer les éléments qui
permettent de comprendre la mise en œuvre de la traçabilité totale. Le modèle théorique
proposé identifie les facteurs liés aux motivations pour développer un système de traçabilité
totale d’une supply chain, ceux liés aux choix technologiques associés, les obstacles et leviers qui
influencent le développement et les avantages obtenus grâce à ce type de système.
1.5 Utilisation des résultats
Les résultats de ce travail contribuent à la recherche académique et ont des implications
managériales. La construction théorique de la traçabilité totale, ainsi que la synthèse des
connaissances sur la mise en œuvre de la traçabilité totale des supply chains sont novatrices et
offrent des repères théoriques pour de futures recherches.
Par ailleurs, dans un contexte de crises et une perspective de maîtrise des risques, il
savère indispensable de déployer une visibilité et une traçabilité sur toute la supply chain. Le
travail de recherche confirme l’intérêt de mettre en œuvre une telle démarche et suggère des
leviers à actionner pour faciliter la mise en œuvre de la traçabilité totale, le tout dans un objectif
damélioration du pilotage logistique.
La figure 1 résume la démarche qui a été suivie pour élaborer les résultats présentés ci-
après.
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Figure 1. Les cinq étapes du processus d’une revue de littérature (adapté de Wong et alii.,
2012, p. 420 ; adapté de Denyer et Tranfield (2009))
2 Résultats de la revue de littérature
2.1 Des définitions au concept de traçabilité totale
2.1.1 Analyse des définitions
La littérature mobilisée offre plusieurs définitions de la traçabilité et de la traçabilité totale.
Les définitions varient selon les disciplines, les objectifs de la traçabilité (Golan et alii., 2004) et,
pour la traçabilité agro-alimentaire, selon les caractéristiques des filières (Bendaoud, 2008). Un
recensement de l’ensemble des définitions de la traçabilité (totale) présentes dans les articles a
Logistique / SCM / Operation Management
Agroalimentaire
Comment mettre en œuvre la traçabilité totale en
vue du pilotage des supply chains ?
- comment se caractérise-t-elle ?
- quels facteurs influencent sa mise en œuvre ?
1. Formulation des
questions
2. Identification des
travaux
3. Sélection des
travaux
4. Analyse &
synthèse
5. Utilisation des
résultats
Traçabilité/traceability, tracking, tracing
dans le titre et/ ou résumé
40 articles retenus
Analyse descriptive :
- définition et construction du concept
Analyse thématique :
- facteurs d’influence de la mise en œuvre
Synthèse des connaissances sur la
traçabilité des supply chains et les conditions de sa
mise en œuvre
La traçabilité totale des supply chains
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été réalisé
7
. Notons que certains travaux (8 articles sur les 40 retenus) ne définissent pas
explicitement la traçabilité. Pour chaque définition donnée par les auteurs, nous avons retenu les
mots clés qui ont ensuite été regroupés comme le montre la figure 2. Cette représentation permet
didentifier trois groupes de mots, ceux qui caractérisent ce que fait un système de traçabilité
(fonctionnalités et les), ceux qui renvoient aux moyens pour la réaliser (technologies et
systèmes) et ceux qui qualifient son champ d’action.
Figure 2. Mapping des mots employés pour définir la traçabilité dans un contexte de supply
chains
Le champ d’action de la traçabilité diffère selon les auteurs : il pourra être à visée intra ou
inter-organisationnelle. Notre ambition étant de caractériser la traçabilité « totale » (et donc
détudier plutôt la dimension inter-organisationnelle), nous avons poursuivi l’analyse des
définitions afin den identifier les spécificités.
L’état des définitions souligne plusieurs déclinaisons du terme traçabilité. Pour Viruega et
Vernet (1999), il y a une traçabilité qui a pour but daméliorer les processus (Normes ISO) et
l’autre qui a pour objectif de garantir l’origine du produit (normes adaptées telle que NF V 46-
007). Certains auteurs font référence à la traçabilité amont / aval (Rabade et Alfaro, 2006),
7
Le tableau complet des définitions de la traçabilité extraites des articles de la base de données peut être
fourni sur demande.
Standard
Identification
Coordination intra et inter
organisationnelle
Enregistrement
Localisation
Visibilité
Temps réel
Communication
Partage
Echange
Lien
Capacité à identifier
Origine/ utilisation
Produit
Origine/ destination finale
Association flux dinformation / Flux
physique / Produit / Process /
Transformation
Produit/ Processus/ Activités
Traçabilité de la chaîne
/ Vision inter
organisationnelle
Traçabilité tous les stades
de la chaîne logistique
Système dinformation
inter organisationnel (SIIO)
Information
Codification des
données
Historique
Système et technologies
dinformation
le et fonctionnalités de la traçabilité
Systèmes et technologies
Champ daction
Association
Tracking / Tracing
Automatisation capture
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ascendante et descendante (Hobbs, 2004 ; Khabbazi et alii., 2011), individuelle ou par lot (Farris
et alii., 2005 ; Banterle et Stranieri, 2008b). D’autres la décrivent comme une fonction de tracking,
tracing (Fritz et Schiefer, 2009), ou y incluent une vision plus globale (activité, processus,
ressources, inter-organisations) comme Fabbe-Costes et Lemaire (2001), Marucheck et alii. (2011)
ou encore Resende-Filho et Hurley (2012).
D’une manre générale la traçabilité est définie comme une capacité d’identifier et de
garantir des informations liées à l’origine, l’historique, la localisation et la destination d’un
produit. Au départ, elle a eu pour le dassurer le couplage des flux physiques et des flux
d’information associés, puis sest étendue aux processus et aux activités. La traçabilité se
traduit par lutilisation de moyens didentification, d’enregistrement et de communication.
L’identification constitue la première étape de la traçabilité. La codification des données permet
l’identification d’un produit, d’une unité logistique, d’une fonction, etc., grâce à un code qui lui
est lié. Le système de codification permet la saisie automatique et la collecte des données de
traçabilité. Il améliore par ailleurs la compatibilité entre les acteurs, car généralement, chaque
secteur ou domaine d’activité présente son propre système de codification. Il convient ensuite de
déterminer ce qu’il est nécessaire et pertinent d’identifier : quel niveau d’identification (pce,
unité consommateur, lot de production, unités logistiques, etc.) ? Jusqu’où tracer ? Lors de cette
phase, il apparait important de s’interroger sur les liens et les impacts aux interfaces avec les
différents acteurs de la supply chain (Fabbe-Costes et Lemaire, 2001).
L’enregistrement se traduit, en premier lieu, par la lecture des informations
didentification. Elle doit garantir une fiabilité des informations. En 1994, Cheng et Simmons
insistaient déjà sur l’importance de l’exactitude des informations recueillies pour garantir un
système de traçabilité réussi. Cette fiabilité est influencée par le niveau d’automatisation du
système de capture. De nombreux auteurs académiques soulignent la diminution des erreurs
humaines lors des saisies, grâce à des systèmes automatisés (Ngai et alii., 2007). Puis
l’enregistrement consiste à mémoriser les données recueillies, tout en permettant aux acteurs
internes et externes d’obtenir les informations souhaitées facilement et rapidement. La
mémorisation interroge, d’une part, sur la capaci des systèmes dinformation des
organisations à collecter et archiver les quantités de données produites par la traçabilité et,
dautre part, sur la pertinence du stockage de l’ensemble des informations. Dans la perspective
dun système de traçabilité optimal, la disponibilité des informations est en temps réel. Il est
ainsi possible de voir à l’instant « t », l’emplacement et/ou l’histoire de l’article concerné, et de ce
fait, d’offrir un temps de réponse rapide (Thiesse et Fleisch, 2008). Dans le cas d’un rappel/retrait
de produit, l’accès aux données et la disponibilité en temps réel montre l’efficacité du système
de traçabilité (Kumar et Schmitz, 2011).
Enfin, la transmission, communication des données estalisée grâce à des outils de
communication qui permettent un échange de données, dans l’organisation et, au-delà des
frontières de l’entreprise, dans la supply chain. Ce partage des informations suscite des questions
quant à son périmètre et soulève des inquiétudes autour du partage des données et de la
préservation des intérêts de chacun (Farris et alii., 2005).
La traçabilité totale des supply chains
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La première colonne du tableau 1 synthétise les éléments qui caractérisent la traçabilité
quelque soit son champ d’action, sachant que pour la plupart des définitions il est implicitement
cent sur une entreprise et ses interfaces amont et aval directes.
Traçabilité
Traçabilité totale
Définition
- Aptitude à retrouver lhistorique,
la mise en œuvre, l’emplacement de
ce qui est exami
- Capacité à réaliser le
tracking/tracing
- Des matières premières jusqu’au
produit final
- Toutes les étapes de la supply chain
Fonctionnalités
- Système d’information
- Identification
- Localisation
- Enregistrement
- Communication
- Communication dans la supply
chain (visibilité)
- Echange et partage des données
dans la supply chain
Rôle
- Assurer le couplage flux
physiques/flux d’information / flux
d’activités
- Suivre en temps réel les flux
- Connaître la situation à un instant
« t »
- Reconstruire l’historique
- Maîtriser totalement toutes les
étapes des processus (qui traversent
les frontières des organisations)
Technologies
principales sur
lesquelles repose le
système
- Technologie tracking / tracing
- Système interne de l’entreprise
- Système d’échange de données
avec les partenaires amont et aval
directs
- Système de communication et de
coordination entre partenaires de la
chaîne
- Système d’information inter-
organisationnel (SIIO
- Standard
Auteurs
Fabbe-Costes et Lemaire (2001),
Starbird et Amanor-Boadu (2007),
Banterle et Stranieri (2008b), Wilson et
alii. (2008), Fritz et Schiefer (2009),
Rabade et Alfaro (2009), Skilton et
Robinson (2009), Souza Monteiro et
Caswell (2010), Kumar et Schmitz
(2011), Marucheck et alii. (2011),
Resende-Filho et Hurley (2012), Tse et
Tan (2012)
Tableau 1. Traçabilité et traçabilité totale : éléments de caractérisation.
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En élargissant la traçabilité à la supply chain globale, nous pouvons parler de traçabilité
totale. Dans les définitions qui abordent explicitement ce champ d’action étendu, les mots liés
aux interfaces sont récurrents comme « toutes les étapes de la supply chain », « standard »,
« échange », « système dinformation inter-entreprises », comme le pcise la seconde colonne
du tableau 1.
La traçabilité totale offre (théoriquement) une visibilité globale intégrant l’ensemble des
partenaires de la chaîne avec une vision sur l’ensemble des processus. Il ne sagit pas de suivre
un élément mais dêtre capable de réaliser le tracking et le tracing des matières premières
jusqu’au produit final grâce à un système denregistrement des données en temps réel et à un
système de communication et de coordination entre les membres de la supply chain (Fabbe-
Costes et Lemaire, 2001 ; Rabade et Alfaro, 2006, 2009 ; Karaa et Morana, 2008, 2011 ; Wang et
alii., 2010 ; Kumar et Schmitz, 2011 ; Marucheck et alii., 2011).
La gestion des interfaces pour la continuité des flux devient alors le défi majeur pour
assurer la traçabilité totale. En effet, l’interface est définie comme le point de contact entre des
organisations indépendantes qui interagissent et tendent à coopérer pour atteindre un objectif
commun (Wren, 1967). À cette échelle globale, la traçabilité totale ne peut pas exister sans une
coordination inter-organisationnelle.
2.1.2 Proposition de concept
Les définitions issues de la revue de littérature permettent de conceptualiser la traçabilité
totale, pour ensuite modéliser la mise en œuvre d’un tel système. Nous nous inscrivons dans la
lignée des travaux de Quivy et Van Campenhoudt (2011), pour qui, la construction du concept
consiste à désigner les dimensions, composantes et indicateurs. Les dimensions correspondent
aux caractéristiques du concept. Souvent complexes, elles sont déclinées en composantes, puis
en indicateurs traduits comme « des manifestations objectivement repérables et mesurables des
dimensions du concept » (Quivy et Van Campenhoudt, 2011, p. 122).
Quatre dimensions fondamentales de la traçabilité apparaissent (sans lesquelles elle
n’existe pas) : lidentification, la capture, la mémorisation et la transmission des informations.
Une cinquième dimension émerge de la littérature académique, dès lors que les auteurs
interrogent la traçabilité dans une perspective inter-organisationnelle (revoir Tableau 1) : la
coordination entre les acteurs. La revue de la littérature permet de décliner les dimensions en
composantes et d’avancer sur la proposition d’indicateurs observables et éventuellement
mesurables (Tableau 2).
La traçabilité totale des supply chains
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Concept
Dimensions
Composantes
Auteurs
Proposition
d’indicateurs
Traçabilité
1. Identification
Codification
Viruega et Vernet 1999 ;
Ta 2004 ; Fabbe-Costes et
Lemaire 2010 ; Galliano
et Orozco 2011
Degré de
codification
Pertinence de
l’identification
Fritz et Schiefer 2009 ;
Skilton et Robinson
2009 ; Souza Monteiro et
Caswell 2010 ; Khabbazi
et alii. 2011 ; Schroeder
et Tonsor 2012
Détail de
linformation,
maille de
traçabili
2. Capture
Modes de lecture
Karaa et Morana 2008
Taux de lecture
automatisée
Enregistrement
des données de
traçabilité
Viruega et Vernet 1999 ;
Fabbe-Costes et Lemaire
2001 ; Rabade et Alfaro
2006 ; Skilton et
Robinson 2009 ; Wang et
alii. 2010 ; Heyder et alii.
2012
Identification des
flux et des liens
entre flux et
activi
Exactitude des
données
Fabbe-Costes 2006 ;
Banterle et Stranieri
2008a ; Souza Monteiro
et Caswell 2010 ;
Khabbazi et alii. 2011 ;
Marucheck et alii. 2011 ;
Fiabilité des
informations
3. Mémorisation
Stockage
Viruega et Vernet 1999 ;
Ta 2004 ; Ramudhin et
alii. 2008 ; Heyder et alii.
2012
Capacité de
stockage
Disponibilité en
temps réel
Thiesse et Fleisch 2008 ;
Kumar et Schmitz 2011
Temps deponse
Accès ultérieurs
Viruega et Vernet 1999 ;
Karaa et Morana 2008 ;
Fabbe-Costes et Lemaire
2010
Facilité d’accès
aux données
4. Transmission
Partage de
l’information
Ngai et alii. 2007 ; Karaa
et Morana 2008 ; Fritz et
Schiefer 2009 ; Skilton et
Robinson 2009 ; Souza
Monteiro et Caswell
2010
Taux de
communication
électronique
Périmètre des
informations
partagées
Traçabilité
totale
5. Coordination
inter-
organisationnelle
Usage de
Standards
Référence à des
normes
Viruega et Vernet 1999 ;
Fabbe-Costes et Lemaire
2001 ; Ta 2004 ; Ngai et
alii. 2007 ; Fritz et
Schiefer 2009 ; Narrod et
alii. 2009 ; Galliano et
Orozco 2011 ;
Marucheck et alii. 2011 ;
Schroeder et Tonsor
2012
Degré de
standardisation/
normalisation
Degré de
compatibilité des
systèmes de
traçabili
Développement
d’actions
Ta 2004 ; Starbird et
Amanor-Boadu, 2007 ;
Types de
partenariats
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Tableau 2. Opérationnalisation du concept de traçabilité totale
Un des apports de notre travail est d’expliciter la dimension inter-organisationnelle de la
traçabilité des supply chains, un aspect le plus souvent implicite des travaux de notre revue de
littérature. C’est pourtant une caractéristique des chaînes logistiques contemporaines, mais qui
rend la traçabilité complexe à réaliser. Pour prendre en compte cette dimension inter-
organisationnelle, les organisations mettent en place et utilisent des moyens de coordination
(standards, normes, systèmes d’informations inter-organisationnels, etc.).
La coordination inter-organisationnelle se définit comme le processus par lequel plusieurs
organisations simpliquent dans la mise en place de règles de décision, déchanges
d'informations et de prise de décision (Alexander, 1995). Les organisations qui ne déploient pas
des mécanismes de coordination inter-organisationnelle dans la mise en place de technologies
éprouvent de plus grandes difficultés (Golden et Powell, 2004). « Une supply chain est entièrement
coordonnée lorsque toutes les décisions sont alignées pour atteindre un objectif global
8
» (Sahin and
Robinson, 2002, p.3).
La coordination inter-organisationnelle se traduit, dans le cas d’un système de traçabilité
totale, par le développement d’informations codifiées, d’un langage commun entre les acteurs,
voire par la co-construction de systèmes partagés. La standardisation est par exemple un moyen
de coordination entre les acteurs permettant une plus grande compatibilité et interopérabilité
entre les systèmes existants. Le degde coordination inter-organisationnelle est ainsi influencé
par le niveau d’intégration des systèmes dinformation (SI), des technologies d’information et de
communication (TIC). La coordination inter-organisationnelle peut se traduire également par la
mise en place d’actions collectives (partenariat, association, regroupement d’acteurs), permettant
le développement de relations étroites et de proximité entre les différents acteurs. « Les modes de
coordination inter-organisationnels constituent un des déterminants majeurs du processus d’adoption
d’un système de traçabilité pour de nombreux auteurs comme Banterle et Stanieri, 2008 ; Souza Monteiro
et Caswell, 2010 » (Galliano et Orozco, 2011, p. 384).
8
Librement traduit de « A supply chain is fully coordinated when all decisions for accomplishing global
system objectives are aligned ».
collectives
Banterle et Stranieri
2008a, 2008b ; Rabade et
Alfaro 2009 ; Souza
Monteiro et Caswell
2010 ; Ubilava et Foster
2009 ; Galliano et Orozco
2011
Formalisation des
relations
Intégration des
organisations et
des systèmes
d’information
Rabade et Alfaro 2009 ;
Narrod et alii. 2009 ;
Souza Monteiro et
Caswell 2009 ; Galliano
et Orozco 2011 ;
Marucheck et alii. 2011
Niveau
d’intégration des
acteurs
Degré
d’intégration
des SIC/TIC
La traçabilité totale des supply chains
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2.2 Les conditions de mise en œuvre de la traçabilité totale : modèle de recherche
L’analyse thématique alisée sur les articles retenus pour notre revue de littérature a
permis d’identifier les avantages retirés par les acteurs d’un système de traçabilité totale ainsi
que les facteurs associés à la décision de sa mise en œuvre : motivations, choix des outils. De
plus, la littérature permet de faire une synthèse des freins et obstacles à la mise en œuvre des
systèmes de traçabilité totale, mais aussi des leviers à actionner pour les contourner, voire les
éviter. L’ensemble des thèmes danalyse est schématisé en figure 3.
Figure 3. Modélisation des facteurs influençant le processus de mise en œuvre de la
traçabilité totale
2.2.1 Motivations
Le respect de la réglementation est la première motivation à la mise en œuvre dune
traçabilité totale. Néanmoins, il paraît important didentifier les raisons, autre que
règlementaire, qui poussent les entreprises à investir dans un système de traçabilité totale. La
pression liée au processus de normalisation, pour se conformer aux standards internationaux,
influence fortement la décision (Fabbe-Costes et Lemaire, 2001 ; Resende Filho et Hurley, 2012).
Aussi, Rabade et Alfaro (2006) et Souza Monteiro et Caswell (2009) montrent que pour les
entreprises souhaitant faire partie de supply chains mondiales, les exigences des marchés
internationaux renforcent la décision de mettre en œuvre un système de traçabilité adapté. En
effet, l’environnement institutionnel de la filière des pays de production et dimportation est à
considérer (Ta, 2004).
MISE EN ŒUVRE
DE LA TRACABILITE
TOTALE
AVANTAGES
- Avantages stratégique
- Avantages organisationnels
- Avantages opérationnels
OBSTACLES
- Obstacles organisationnels
- Obstacles technologiques
CHOIX DES OUTILS
- Facteurs règlementaires
- Facteurs organisationnels
- Facteurs techniques
MOTIVATIONS
- Facteurs institutionnels
- Facteurs stratégiques
- Facteurs organisationnels
Jennifer Lazzeri & Nathalie Fabbe-Costes
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La prise en compte des facteurs contextuels et institutionnels sont aussi dans certains cas
des motivations. La littérature met en lumière le le parfois déterminant d’un donneur d’ordre,
dune firme pivot innovante, détenant un pouvoir coercitif envers leurs partenaires (Fabbe-
Costes et Lemaire, 2001). Dans la filière agroalimentaire, le pouvoir de la grande distribution est
un facteur important de l'évolution de la traçabilité (Heyder et alii., 2012). Elle met aussi en
évidence les phénomènes de mimétisme les entreprises, au travers dune appartenance à un
secteur, à un même groupe, s’influencent mutuellement dans la prise de décision
(recommandations d’organismes interprofessionnelles). L’appartenance à un groupe renforce les
capacités et ressourcesdiées à la traçabilité (Rabade et Alfaro, 2006 ; Souza Monteiro et
Caswell, 2009 ; Galliano et Orozco, 2011 ; Heyder et alii., 2012).
Il est intéressant de souligner que pour Resende Filho et Hurley (2012), l’adoption
volontaire de la traçabilité totale ne résulte pas d’un besoin d’amélioration de la qualité des
produits. Les acteurs ne voient pas comment la traçabilité agit sur la qualité puisqu’elle
n’intervient pas directement dans le processus de production. Elle peut, et c’est son le, réduire
le risque de crise par l’enregistrement et la transmission des informations. Par ailleurs, les
informations générées par le système de traçabilité favorisent la contractualisation et la
formalisation des relations des entreprises de la supply chain et donc permettent in fine
d’améliorer la qualité et la sécurité (Banterle et Stranieri, 2008a ; Resende Filho et Hurley, 2012).
Les contrats ont permis également de répartir les responsabilités en cas de problème et allouer le
coût aux acteurs responsables de la défaillance (Starbird et Amanor-Boadu, 2007 ; Banterle et
Stranieri, 2008b). La responsabilité pénale est un déterminant important dans la mise en place de
la traçabilité (Hobbs, 2004).
La décision dinvestir dans la traçabilité totale résulte également dun choix stratégique
dentreprise. Loureiro et Umberger (2007) et Ubilava et Foster (2009) se sont intéressés à la
traçabilité comme outil de différenciation, la traçabilité pouvant être un gage de qualité.
Les motivations à mettre en œuvre la traçabilité totale, identifiées dans la revue de
littérature, sont résumées dans le tableau 3.
Motivations
Type de facteurs
Eléments abordés
Institutionnel
- respecter législation, norme et standard
- maîtriser la sécurité et garantir l’origine du produit
- répondre aux obligations de gestion des rappels/retraits
de produit
- positionner l’entreprise sur des marchés règlementés
Stratégique
- apparaître comme une « bonne » source
d’approvisionnement auprès des clients
- renforcer de l’avantage concurrentiel
- réduire les risques
- duire l’asymétrie d’information
- répartir la responsabilité pénale, fournir un système de
La traçabilité totale des supply chains
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69
preuve
Organisationnel
- profiter des capacités/ressources humaines et financières
- se conformer aux pratiques des secteurs d’activités
(motivations différentes : lutte contre la contrefaçon,
authentification, risque liés aux rappels de produits, etc.)
- respecter les engagements du secteur d’activité (plus
l’engagement dans cette démarche est fort, plus les
entreprises sont susceptibles d’investir)
- renforcer l’intégration des technologies et systèmes
d’information
- renforcer intégration des fournisseurs
Tableau 3. Synthèse des facteurs dadoption de la traçabilité totale
2.2.2 Choix des outils
La mise en œuvre de la traçabilité totale se traduit par la mise en place doutils tels que des
systèmes d’information (ex : systèmes de GPAO, ERP) et des technologies dinformation
(Viruega et Vernet, 1999). La clarification du concept de traçabilité totale (cf. §.2.1) a permis de
repérer les critères auxquels les outils doivent répondre : capacité à identifier, capturer,
mémoriser, transmettre, et coordonner. Il existe actuellement une panoplie d’outils, pour
lesquels les attentes sont différentes selon les acteurs et les filières (Ta, 2004). La RFID est une
technologie d’identification qui fait l’objet de plusieurs recherches depuis quelques années.
Kärkkäinen (2003), Kärkkäinen et alii., (2004), Ngai et alii., (2007), Ramudhin et alii. (2008) ou
Azevedo et Carvalho (2010) étudient lapport de la technologie RFID
9
pour le tracking des flux
physiques. Cette technologie, bien que très utile
10
, semble pour le moment principalement
développée pour des utilisations intra muros et doit être couplée à d’autres outils technologiques
pour assurer une traçabilité totale.
Le choix de ces outils est pensé pour correspondre aux contraintes, notamment
technologiques et organisationnelles. Leur choix est guidé par les réponses à des questions :
traçabilité des contenus ou des contenants ? Traçabilité des activités, des produits et/ou des
acteurs ? Dans le cas des produits, traçabilité des ingrédients, des unités logistiques, des lots, de
chaque produit unitaire ? Quelle capacité de stockage ? Ces questions reposent sur une
interrogation centrale, celle de la maille de la traçabilité. Son choix est stratégique puisqu’il
termine l’ampleur dun rappel de produit (Fritz et Scheifer, 2009 ; Kumar et Schmitz, 2011).
Plus la maille est fine, plus le rappel est cib, mais plus le coût de la traçabilité risque dêtre
élevé (Fabbe-Costes et Lemaire, 2001).
9
Radio Frequency Identification (RFID) est une technologie d’identification sans contact utilisant la
radiofréquence.
10
Des travaux approfondis sur la technologie RFID sont proposés par McFarlane et Sheffi (2003, 2004).
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70
Les spécificités du secteur influencent également le choix des outils. Dans le cas de
l’agroalimentaire, la réglementation (règlement CE 178), impose une obligation de résultat mais
pas de moyen. Néanmoins, toujours dans ce secteur, la pression de certaines associations de
standardisation comme GS1
11
tend les acteurs de cette filière à utiliser des outils communs.
Outre le secteur, la configuration du réseau de la supply chain influence le choix et la mise en
place des outils (Skilton et Robinson, 2009). La traçabilité peut être régie par des contrats
rigoureusement appliqués et spécifiant des informations précises à fournir, voire les outils à
utiliser, par des engagements implicites entre les acteurs qui s’accordent sur des solutions
déchange, ou par les exigences imposées par un acteur spécifique
12
.
Une synthèse des facteurs influençant le choix des outils est proposée (Tableau 4).
Choix des
outils
Type de facteurs
Eléments abordés
Règlementaire
- les exigences de la réglementation sur l’utilisation d’une
technologie, d’un système de codification
- les exigences de certains secteurs
Organisationnel
- la recherche d’une homogénéité du système de traçabilité
totale (coordination)
- les exigences de certains acteurs
Opérationnel/
technique
- les caractéristiques des outils (aptitude à l’identification et
la localisation, la capture, le suivi des opérations, la
mémorisation, la communication avec les systèmes
d’information et la centralisation et l’exploitation
permettant le partage d’informations)
- les caractéristiques du périmètre de la traçabilité (maille
de traçabilité)
- les caractéristiques des systèmes existants
(interopérabilité, compatibilité)
Tableau 4. Synthèse des facteurs de choix et d’implantation des outils de traçabilité totale
2.2.3 Obstacles et/ou leviers
La littérature met en évidence de nombreux obstacles à la mise en œuvre de la traçabilité
totale. Le rapport coût/gain est difficilement quantifiable dans une approche globale.
L’intégration de nouveaux outils de traçabilité totale engendre des coûts technologiques (Wilson
11
GS1 est une organisation mondiale au service des entreprises qui propose des standards internationaux
de communication dans 20 secteurs d'activité dans 150 pays. Près de 31 000 entreprises utilisent leurs
solutions et technologies (ww.gs1.fr).
12
Dans une même supply chain, les différents modes peuvent co-exister (Fabbe-Costes et Lemaire, 2010).
La traçabilité totale des supply chains
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et alii., 2008) difficilement supportés, notamment par les PME et les TPE (Fritz et Schiefer, 2009).
Le défi relatif aux outils de traçabilité reste encore l’adaptabilité des systèmes. Les difficultés de
compatibilité et d’interopérabilité entre les outils des difrents partenaires sont fréquentes
(Azevedo et Carvalho, 2011), et il n’y a pas de technologie unique pour assurer une traçabilité
totale des supply chains. L’existence au préalable d’outils informatiques favorise la mise en place
de nouveaux outils de traçabilité (Galliano et Orozco, 2011), tout comme l’existence de système
qualité et de certification (Banterle et Stanieri, 2008a). Il paraît plus facile de partir d’un existant
(Ta, 2004) qui signifie que les entreprises ont déjà acquis certaines compétences, sans quoi
l’investissement financier et humain devient très important. Aussi l’un des obstacles soulevés
par Azevedo et Carvalho (2011) est la gestion des données de traçabilité dont le volume est très
important.
Certains auteurs insistent plus sur les leviers visant à faciliter l’introduction et la mise en
œuvre, et ainsi garantir le fonctionnement, du système de traçabilité totale. Des actions
individuelles et collectives apparaissent comme des leviers qui permettent de franchir les
obstacles à la fois organisationnels et technologiques : Ngai et alii., (2009) et Karaa et Morana
(2011) évoquent le soutien de la direction, la formation, les groupes de travail. Le partenariat, les
regroupements d’acteurs, l’appartenance à des associations professionnelles, la mise en place de
standards, le rôle des institutions, sont cités comme actions collectives par Viruega et Vernet
(1999), Narrod et alii. (2009), Souza Monteiro et Caswell (2009), Liao et alii. (2011).
Le tableau 5 résume les obstacles et/ou leviers relevés dans la littérature que nous avons
délibérément présentés dans leur « version obstacle » dans la mesure la majorité des auteurs
insistent davantage sur les difficultés à la mise en œuvre des systèmes de traçabilité.
Obstacles
et/ou leviers
Type de facteurs
Eléments abordés
Organisationnel
- difficulté de coopération entre les acteurs / intérêts
différents
- intérêts divergents
- intégration difficile des PME et des TPE (taille de
l’entreprise)
- difficulté de négociation selon la position dans la supply
chain (firme pivot, donneur d’ordre, fournisseur rang 1,
fournisseur rang 2, etc.)
- résistance de certains partenaires
- manque de compétence
- absence de certification ou de démarche qualité
- rapport coût/gain difficilement quantifiable
- coût élevé, difficulté de partage des coûts entre les acteurs
- absence d’actions individuelles (formation, soutien de la
direction, groupes de travail)
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Tableau 5. Synthèse des obstacles et/ou leviers à la mise en œuvre de la traçabilité totale
2.2.4 Avantages associés à la mise en œuvre de la traçabilité totale
La mondialisation, l’accroissement constant de la sous-traitance a entraîun manque de
visibilité le long des supply chains (Fabbe-Costes et Lemaire, 2001 ; Tse et Tan, 2011). Par
exemple, 72% des 82 produits rappelés au Royaume-Uni en 2008 sont fabriqués en Chine (Tse et
Tan, 2011). Dans ce contexte, la traçabilité totale devient cruciale. Les avantages escomptés de la
mise en œuvre de la traçabilité totale sont à la fois opérationnels, stratégiques et
organisationnels (Tableau 6).
Avantages
Type de facteurs
Eléments abordés
Stratégique
- visibilité de la supply chain en temps réel (levier de
pilotage et de contrôle)
- partage d’information
- outil de différenciation, gage de qualité
- meilleurs critères de sélection des fournisseurs
- source de contrôle inter-organisationnel
- diminution des coûts de transaction
Organisationnel
- coopération sur le long terme avec les fournisseurs
- augmentation de la coordination verticale
- renforcement des accords entre les acteurs
Opérationnel
- réduction des coûts liés aux rappels/retraits de produits
- diminution des taux d’erreur (peu ou pas d’intervention
humaine)
- amélioration de la gestion des stocks
- augmentation de la qualité de service
- absence d’actions collectives (partenariat, regroupement
d’acteurs, participation à des associations professionnelles)
Technologique
- absence d’outils informatiques
- peu ou pas de standard
- problème d’interorabilité entre les sysmes
- irréversibilité de certains choix
- difficulté du traitement du volume des données
- interrogation sur la propriété des données
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- suivi et mémorisation de l’histoire des composants en
temps réel
- amélioration de la gestion de la supply chain
- fiabilité des informations
- vision des flux à distance, aptitude à ne pas perdre la trace
Tableau 6. Synthèse des avantages associés à la mise en œuvre d’un système de traçabilité
totale
D’un point de vue opérationnel, la traçabilité permet d’améliorer les opérations logistiques
(Hobbs, 2004). La traçabilité totale permet le suivi et la localisation d’un élément le long de la
supply chain et contribue ainsi à diminuer les coûts de rappel en cas dincidents (Kumar et
Schmitz, 2011 ; Marucheck et alii., 2011). Au delà de la gestion de crise, l’implantation dun
système de traçabilité totale apporte de nombreux avantages pour une gestion efficace de la
supply chain, notamment la réduction des erreurs, une meilleure planification des opérations, le
pilotage en temps réel (Ngai et alii., 2007; Wang et alii., 2009 ; Holmström et alii., 2010 ; etc.). La
traçabilité totale est également un levier de pilotage et de contrôle par la visibilité des opérations
de la supply chain.
La traçabilité totale est un moyen de réponse à l’asytrie dinformation (Ortega et alii.,
2011 ; Heyder et alii., 2012) entre les différents membres de la supply chain, étant donné que le
système fournit des informations sur le produit et le processus de production et de distribution.
Ces informations permettent de réduire l’incertitude sur la qualité, l’origine et la composition du
produit. Il peut y avoir une asymétrie d’information entre les entreprises comme le souligne Tse
et Tan (2011). Les fournisseurs ont parfois plus d’informations que les firmes focales parce
quelles sont plus ancrées sur le terrain. Il peut également y avoir une asymétrie entre les
producteurs et les consommateurs qui demandent plus de visibilité. L’étiquetage/la signalisation
deviennent des moyens recherchés par le consommateur pour obtenir ces informations. (Hobbs,
2004).
Bien que la mise en œuvre de système de traçabilité puisse être motivée par un facteur
règlementaire ou une crise, le projet de traçabilité totale est considéré comme une opportunité
dans de nombreux cas (Marucheck et alii., 2011). Le système de traçabilité est un outil de
différenciation mis en avant dans la prise de décision stratégique. La traçabilité peut être
également vue comme outil damélioration des relations (Rabade et Alfaro, 2009) et un outil de
contle inter-organisationnel (Heyder et alii., 2012). La traçabilité totale devient par conséquent
stratégique.
Conclusion et perspectives
Ce travail propose des repères théoriques pour de futures recherches sur la traçabilité
totale. Après avoir réalisé un état des lieux des définitions, nous avons stabiliune proposition
de concept de traçabilité totale. Un modèle théorique de mise en œuvre d’un tel système a
ensuite été établi. La proposition du concept de traçabilité totale des supply chains et du modèle
Jennifer Lazzeri & Nathalie Fabbe-Costes
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74
théorique de sa mise en œuvre permettent d’avancer sur des items, qui pourraient servir à
l’élaboration d’enquêtes quantitatives et à construire des échelles de mesure. Ces repères
théoriques ont aussi des implications managériales. Ce travail offre aux gestionnaires des
éléments pour élaborer des grilles daudits et d’évaluation des systèmes de traçabilité existants.
Les tableaux 3 à 6 associés au modèle de mise en œuvre (Figure 3) constituent également des
grilles de réflexion utiles pour préparer un tel projet.
La traçabilité est un sujet qui retient l’attention des académiques et professionnels, elle est
devenue une priorité pour les entreprises depuis la crise de la BSE (Viruega et Vernet, 1999 ;
Hobbs, 2004 ; Galliano et Orozco, 2011). Au delà de la gestion des risques, la mise en œuvre
dune traçabilité totale apporte de nombreux avantages à différents niveaux (logistique,
management des opérations, système d’information, qualité, marketing). Cependant, malgré ces
atouts, la traçabilité totale reste difficile à mettre en œuvre comme en témoignent les nombreux
obstacles relevés dans notre revue de littérature. Les interfaces entre les partenaires d’une supply
chain représentent des points potentiels de dysfonctionnement voire de rupture qui nécessitent
la mise en place d’une coordination inter-organisationnelle et qui militent en faveur du
développement de standards inter-organisationnels. Si la plupart des entreprises mettent en
place une traçabilité intra-organisationnelle et incluent leurs partenaires directes en amont et en
aval, ce qui permet de proche en proche d’obtenir une traçabilité totale, la vision globale sur
l’ensemble d’une supply chain reste moins évidente à établir (Resende-Filho et Hurley, 2012).
Certains pourraient d’ailleurs questionner même l’utili d’un tel concept qui peut être vu
comme un idéal-type, un objectif vers lequel tendre mais qui n’existe pas dans la alité.
Néanmoins, dès lors que l’on reconnaît le concept de supply chain, travailler sur la traçabilité
totale prend du sens. Notre revue de littérature nous incite anmoins à suggérer d’utiliser ce
concept avec prudence, en étant conscient des difficultés associées à la définition du périmètre
retenu pour la supply chain considérée, de la maille de traçabilité envisagée et des objectifs
assignés au système de traçabilité totale.
De ce point de vue, me si la traçabilité totale est un « vecteur de développement
stratégique » (Fabbe-Costes, 2006), son adoption reste fortement le à l’évolution de la
réglementation. Si la mise en place de la traçabilité intimement liée à la criticité des activités, il
apparaît également que d’autres facteurs interviennent au delà de l’appartenance sectorielle :
configuration de la supply chain, taille du réseau, position des acteurs dans la supply chain. La
mise en œuvre de la traçabilité totale fait face à des difficultés technologiques et
organisationnelles et exige une méthodologie globale pour repenser les processus.
L’investissement humain et financier reste le premier obstacle à la traçabilité totale suivi par la
gestion du changement technologique.
Si notre revue de littérature confirme l’utilité théorique du système de traçabilité totale
pour le pilotage des supply chains (qui figure dans les motivations et avantages à développer un
système de traçabilité totale), elle na cependant pas permis de recueillir beaucoup d’éléments
sur « comment » le système de traçabilité totale données de traçabilité permet de piloter les
sypply chains. Le traitement et lusage des données de traçabilité à cette fin reste un sujet
exploratoire qui mérite de conduire de nouvelles recherches.
La traçabilité totale des supply chains
©Revue Française de Gestion Industrielle - Vol. 33, N° 1
75
Cet article présente par ailleurs certaines limites. En adoptant une logique déductive, nous
nous sommes strictement tenues aux éléments trouvés dans les articles de la base des données.
Nous pourrions, dans un raisonnement plus abductif, affiner voire compléter les items de
mesure du concept et les facteurs d’influence de la mise en œuvre. De plus, ce travail pourrait
être enrichi par l’analyse darticles publiés dans d’autres disciplines telles que les systèmes
dinformation, le management de la qualité et/ou de la gestion des risques. Dans la mesure où le
système de traçabilité totale appart comme une classe de système d’information inter-
organisationnel, nous envisageons de pliquer cette recherche avec une littérature en système
dinformation. Le champ bibliographique étud a été délibérément limité aux articles
scientifiques et pourrait, dans le cadre dune recherche future, élargir les types de sources, et
ainsi inclure des thèses, actes de colloques, papiers de recherche ou articles de revues
professionnelles. Aussi, le focus sur la filière agro-alimentaires a pour partie contextualisé cette
recherche. Un travail sur la traçabilité totale dans d’autres domaines méritera des compléments
danalyse. Enfin, la construction théorique proposée appelle une confrontation empirique, qui
fait l’objet dune prochaine étape de la recherche.
Pour finir, il paraît important dinsister qu’au-delà du pilotage logistique, la traçabilité
totale offre des perspectives pour d’autres champs comme le développement durable (économie
circulaire, gestion des déchets), ou dans le cadre de nouveaux produits/services et usages (par
exemple : e-commerce, internet des objets, internet physique).
Jennifer Lazzeri & Nathalie Fabbe-Costes
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