Revue Française de Gestion Industrielle  
Vol. 34, N° 2  
LES ACTEURS DE L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE  
DANS LES ENTREPRISES : LE CAS DES ENTREPRISES  
EUROPÉENNES DE HAUTES TECHNOLOGIES  
David SALVETAT* & Zouhair LAARRAF**  
—————————  
Résumé – Les acteurs de l’intelligence économique (IE) demeurent peu  
identifiés dans les organisations actuelles. Les études antérieures s’opposent  
quant à l’identification des personnes ayant en charge la réalisation du  
processus d’IE. Forte de ce constat, cette étude tend à cartographier les salariés  
qui sont directement ou indirectement participatifs à cette démarche de  
renseignement au sein des entreprises. En d’autres termes, qui pratique l’IE  
dans l’entreprise ? Pour répondre à cette question, une étude empirique a été  
menée sur un échantillon de 153 entreprises des industries de hautes  
technologies en Europe. Les résultats obtenus indiquent que le rôle du  
dirigeant est essentiel, mais que les cadres sont les individus qui participent  
très fortement au processus d’IE avec les experts de l’information. Nos  
conclusions montrent néanmoins que les salariés restent peu participatifs à  
cette démarche.  
Mots clés : Intelligence économique ; Acteurs ; ressources humaines ; expertise  
informationnelle.  
1. Introduction  
Issu du monde militaire, le renseignement économique s’est transformé tant sur ses  
pratiques que sur son idéologie. L’intelligence économique (IE) est un ensemble d’actions  
coordonnées de recherche, de collecte, d’analyse et de diffusion de l’information (Martre,  
1994, Chung et al., 2002). Certaines études considèrent que la veille stratégique et l’IE sont  
similaires. D’autres travaux indiquent néanmoins que les phases de recherche et de collecte  
constituent la veille. Cette dernière ainsi que les phases d’analyse et de diffusion constituent  
le processus complet d’IE (Lackman et al., 2000, Chung et al., 2002). Dans notre étude, nous  
*"" Professeur"–"HDR"Groupe"Sup"de"Co"La"Rochelle"–"CEREGE"102,"rue"des"Coureilles"17000"La"Rochelle""  
salvetatd@escIlarochelle.fr"  
**"" Professeur"associé"Groupe"Sup"de"Co"La"Rochelle"–"CEREGE"102,"rue"des"Coureilles"17000"La"Rochelle""  
laarrafz@escIlarochelle.fr"  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
68  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
distinguerons la veille de l’IE. D’abord étudié dans les grandes entreprises, le concept d’IE  
acquiert une dimension stratégique forte (Baumard, 2000) dans les PME. Phase appartenant  
au processus de décision, c’est un outil de management à part entière (Prescott, 1999) visant  
à améliorer la compétitivité de l’entreprise (Bournois et Romani, 2000). Passerelle interactive  
entre environnement et entreprise (Dou, 1995), ce processus s’appuie sur l’animation de  
réseaux internes et externes (Lönnqvist et Pirttimäki, 2006). L’IE n’est plus seulement un  
outil de gestion et d’analyse informationnelle, mais elle consiste aussi à entreprendre un  
certain nombre d’actions dans le but d’influencer son environnement (Porter, 1985, Prescott,  
1995).  
L’organisation des activités de renseignement conditionne la viabilité ou non de la  
démarche d’IE. Structurer et gérer les activités de surveillance peuvent se réaliser de diverses  
manières. Toutefois, une démarche d’IE est plus ou moins structurée dans une entreprise.  
Dans les écrits, cette structuration s’appréhende selon la centralisation/décentralisation,  
l’internalisation/externalisation et la formalisation/non formalisation du processus d’IE.  
Bien que ces trois couples d’opposition soient unanimement reconnus par les auteurs, leurs  
conclusions et leurs visions théoriques différent. Certains préconisent une internalisation,  
une centralisation et une formalisation du processus, alors que d’autres recommandent  
l’inverse. Ce premier constat constitue une limite dans l’attribution des tâches de chaque  
salarié dans l’effort de surveillance.  
Au cœur des enjeux de l’entreprise, l’IE concerne de prime abord l’ensemble des  
salariés dans l’entreprise. L’IE est une démarche collective et participative, quel que soit le  
niveau hiérarchique des salariés, qui ne trouve son efficacité que dans la contribution de  
tous. Le rapport qu’ont les salariés avec l’information est une clé de la performance de la  
firme et de l’avantage concurrentiel. Le dirigeant d’entreprise doit alors insuffler la volonté  
de pratiquer l’IE. Il sensibilise les salariés, les motive et légitime le processus d’IE.  
L’établissement d’une culture du renseignement devient inévitable dans l’entreprise  
afin de construire et de protéger son patrimoine informationnel. Au regard des travaux  
académiques, l’ensemble des auteurs préconise la participation des salariés à la démarche  
d’IE. Néanmoins, les résultats de ces mêmes travaux corroborent peu cette recommandation.  
De plus, nombre d’études antérieures s’opposent dans leurs observations et conclusions.  
Certains auteurs indiquent qu’il est inutile d’impliquer l’ensemble des salariés au risque de  
diminuer la qualité de la démarche au détriment d’un processus efficace mené par des  
experts de l’IE. Par conséquent, les travaux répondent peu à la question : qui pratique l’IE  
dans l’entreprise ?  
Dans cette étude, nous reprenons cette problématique afin de tenter de cartographier  
les acteurs des activités de surveillance dans les entreprises. Une étude empirique est menée  
sur un échantillon de 153 entreprises des industries de hautes technologies en Europe. Les  
résultats obtenus indiquent que le rôle du dirigeant est essentiel, mais que les cadres sont les  
individus qui participent très fortement au processus d’IE avec les experts de l’information.  
Nos conclusions montrent néanmoins que les salariés restent peu participatifs à cette  
démarche.  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
69  
2. Fondements théoriques  
2.1 La place et le rôle de l’information dans le management des ressources humaines  
L’information occupe une place essentielle au sein du management des ressources  
humaines. L’approche par la théorie des ressources offre, en ce sens, un éclairage intéressant.  
Ressources informationnelles et ressources humaines constituent les pivots d’une démarche  
d’IE intégrée dans l’entreprise. Une ressource est qualifiée de stratégique si elle est rare,  
inimitable, non substituable, non transférable et valorisable (modèle VRIO). Elle doit  
permettre un accès à un grand nombre de marchés et contribuer à la valeur du produit final  
(Hamel et Prahalad, 1995). Elle doit être difficilement imitable et rare, ce qui suppose  
l'existence d'une ambiguïté causale (Reed et DeFillippi, 1990) qui empêche les imitateurs  
potentiels de savoir quoi imiter et comment le faire. Elle maintient une difficulté pour relier  
une cause et une conséquence, et s'apprécie en fonction notamment de son aspect tacite et de  
sa complexité. Elle doit être difficilement substituable et transférable (Collis et Montgomery,  
1995), afin de se situer hors de la portée d'un éventuel processus de création destructrice  
selon une approche Schumpeterienne. La conception de la place de l’information au sein des  
ressources humaines s’inscrit pleinement dans l’héritage de Penrose (1956).  
Concernant l’approche classique des ressources, ces dernières sont les plus pertinentes  
lorsqu’elles sont les plus cohérentes à un environnement spécifique. Ce raisonnement par  
écarts de ressources montre que la nature et la qualité des ressources détenues permettent  
l’obtention d’une rente (Peteraf, 2006), pérennisant ainsi un avantage concurrentiel. Les  
salariés doivent être conscients qu’une information est une ressource stratégique dès lors  
qu’elle répond aux critères du modèle VRIO. La sensibilisation et la formation des différents  
acteurs de l’entreprise deviennent essentielles lorsqu’ils participent directement ou  
indirectement à une démarche d’IE ayant comme socle l’information.  
Pour le modèle d’analyse stratégique (ISPC : intention stratégique et pôle de  
compétence), la captation de ressources manquantes et la valorisation des ressources  
existantes constituent deux axes clés pour une firme (Desreumaux, 1993). En ce sens,  
l’intégration d’une démarche d’IE a pour vocation de se prémunir des fuites  
informationnelles et de capitaliser les informations internes et externes créatrices de savoirs  
et de valeur. L’information devient un patrimoine de l’entreprise qu’il convient de faire  
fructifier, de pérenniser, de transmettre et de protéger. Chaque salarié est garant de cette  
démarche.  
S’agissant de l’approche par les capacités dynamiques des entités et l’apprentissage  
organisationnel, (Teece et al., 2004), les ressources et compétences internes s’intègrent, se  
construisent et se reconfigurent selon l’évolution de l’environnement de l’entreprise. Les  
capacités dynamiques se forment à travers des mécanismes de l’apprentissage (Eisenhardt et  
Martin, 2000). La participation des salariés au management des informations permet une  
remise en cause constante face aux transformations externes. Le management des  
informations et l’IE rendent alors possible un réel apprentissage généré par les actions des  
acteurs composant l’entreprise.  
Comme le soulignent Becker et Huselid (2006), la GRH est un gisement de la  
performance pour les organisations. Beaupré et Cloutier (2007) indiquent que les pratiques  
RH mobilisatrices auraient l’aptitude d’intensifier la performance économique et sociale de  
l’entreprise, en stimulant l’engagement et en développant les compétences des salariés. Pour  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
70  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
Huselid (2011), ces pratiques agiraient à trois niveaux : sur l’engagement (la volonté d’agir),  
sur les compétences requises (le pouvoir agir) et sur les possibilités de mettre en pratique ces  
compétences (l’opportunité d’agir). Les pratiques mobilisatrices sont : l’investissement en  
formation ; la mise en œuvre d’une organisation de travail plus organique ; l’encouragement  
de la participation ; le partage de l’information et l’instauration d’une rémunération liée à la  
performance.  
Chaque salarié devient acteur et client au management de l’information. L’information  
devient alors une ressource intégrée à la gestion des ressources humaines. Cette dernière  
s’insère dans de nouvelles pratiques de veille, de maîtrise de l’information, etc. Par  
conséquent, la structuration de l’IE devient un axe essentiel dans une politique RH.  
2.2 Structuration de l’IE et organisation  
Le processus d’IE accepte principalement trois modes d’intégration dans l’entreprise,  
qui sont autant de débats dans les travaux académiques : la centralisation/décentralisation,  
l’internalisation/externalisation et la formalisation/non formalisation de la démarche d’IE.  
Toutefois, ces modes dépendent fortement de facteurs contingents internes (taille,  
ressources, etc.) et externes (secteur, lois, etc.).  
Les pratiques d’IE centralisée sont majoritairement observées dans les entreprises  
(Bournois et Romani, 2000, Levet, 2002, Salles, 2003). Néanmoins, la veille reste parfois  
considérée comme une pratique évidente, menée de manière inconsciente par chaque salarié.  
Pour Levet (2002), 39 % des firmes se renseignent sans avoir de cellule de veille. La fonction  
d’IE est souvent centralisée au niveau du dirigeant de PME, alors qu’elle est plutôt  
décentralisée auprès d’experts de l’information dans les grandes structures (Pearce, 1982). La  
centralisation de l’IE permet une vision globale, une satisfaction rapide des besoins en  
information, une facilitation des analyses, des duplications réduites, des ressources internes  
non gaspillées et moins limitées, un personnel motivé, disponible et formé, etc. La  
centralisation de l’IE est donc à privilégier (Porter, 1985) afin d’acquérir une légitimité de la  
démarche d’IE auprès des salariés. Pour Lackman et al. (2000), l’IE est centralisée dans 46 %  
des entreprises, surtout au niveau de la Direction Générale à 55 % (Bournois et Romani,  
2000). Stubbart (1982) préconise plutôt une IE décentralisée au sein de chaque fonction. Une  
décentralisation de l’IE permet en effet une expertise multi-acteurs et multi domaines, des  
informations recueillies mieux ciblées aux besoins, et une surveillance plus opérationnelle et  
intégrée au processus de décision.  
L’IE traite de l’information qui peut se révéler stratégique pour la firme. Pour cette  
raison, l’IE reste essentiellement internalisée. Les informations sont dirigées vers des experts  
qui auront à les traiter et à juger de leur pertinence. Les auteurs restent cependant partagés  
sur cette nécessité d’internalisation. Certaines activités de renseignement sont externalisées  
auprès de prestataires spécialisés. La veille est surtout concernée, car elle se limite à une  
simple collecte d’informations. Le recours à des prestataires constitue un complément à une  
démarche d’IE existante interne.  
Fahey et King (1977) recommande une entité d’IE interne et autonome. Lackman et al.  
(2000) vont plus loin en préconisant la constitution de trois groupes d’individus : un premier  
dédié à la collecte et au filtrage des informations, un deuxième dédié à la construction et à  
l’entretien des données utiles, et un dernier dédié à l’analyse des informations et à la  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
71  
planification stratégique. Pour Jain (1984) et Prescott, (1999), environ 30 % des entreprises  
étudiées ont une cellule interne. Ce taux dépasse les 52 % pour d’autres études.  
Le processus d’IE utilise aussi bien des informations formelles (écrites) qu’informelles  
(orales). Dans les entreprises, le degré de formalisation reste corrélé avec le niveau  
d’avancement de la surveillance (Porter, 1985). Phanuel (2002) mesure les procédures  
formalisées au sein de PME/PMI, selon les phases du processus d’IE : 17,5 % pour la collecte  
des informations ; 22,5 % pour leur analyse et 50,5 % pour leur diffusion. Peters et Waterman  
(1984) montrent que 72 % des managers souhaitent une formalisation des informations. Pour  
Bournois et Romani (2000), seulement 12,4 % des firmes ont une démarche formalisée, tandis  
que pour Diffenbach (1983), 73 % des entreprises ont formalisé leur activité de surveillance.  
Pour Preble et al. (1988), ce taux est de 51 % ; et il est largement supérieur à 50 % pour Klein  
et Linneman (1984). La formalisation de l’IE permet de meilleure qualité, quantité, ciblage,  
rentabilité et fiabilité des informations (Gilad et Gilad, 1985). La non formalisation permet  
néanmoins de réduire les coûts d’organisation, de fonctionnement et de formation des  
individus. De plus, une formalisation forte peut être perçue comme un outil de contrôle par  
les salariés, et un manque de créativité de part sa standardisation, limitant ainsi l’avantage  
concurrentiel.  
Au regard de ce qui précède, la pratique de l’IE est plurielle. Terry (1977) indique  
qu’un  
compromis  
doit  
être  
trouvé  
entre  
centralisation/décentralisation,  
internalisation/externalisation et formalisation/non formalisation. Les entreprises peuvent  
disposer à la fois d’une entité spécialisée au niveau du groupe, et de structures décentralisées  
de surveillance au niveau des divisions ou des fonctions. Les cellules supports seraient ainsi  
rattachées à la cellule centrale (Gilad et Gilad, 1985).  
2.3 Les Ressources Humaines : principaux acteurs de l’IE  
Le dirigeant d’entreprise insuffle la volonté de pratiquer l’IE. Il assure, auprès de ses  
salariés, une certaine transmission des savoirs et savoir-faire. Il inculque à l’ensemble des  
salariés la culture du renseignement. Son rôle est de proposer des formations, des incitations  
financières, sociales, etc. L’IE est en effet une démarche collective. Il donne les moyens et  
encourage tous les salariés, chacun dans sa spécialité, à effectuer une veille. L’IE est alors une  
démarche participative, à tous les niveaux hiérarchiques et quelle que soit la fonction du  
salarié (Rouach, 2008).  
L’IE ne peut se pratiquer sans l’implication des collaborateurs qui composent  
l’entreprise (Achard, 2005). Les politiques managériales sensibilisent et rendent légitimes l’IE  
auprès des ressources humaines. L’IE est un service délivré aux clients internes. Elle  
nécessite une réelle pédagogie afin de susciter l’intérêt de la compréhension des  
informations.  
L’IE a besoin de personnel pour mener à bien sa pratique. Donner un véritable statut  
aux collaborateurs qui occupent les postes de surveillance, est essentiel. L’IE est de plus  
souvent perçue comme « l’antichambre » de la Direction Générale, laissant planer le doute  
d’une sorte « d’espionnage interne » de la Direction sur les salariés. Le nombre de salariés  
dédiés à la fonction d’IE et l’implication du dirigeant est fonction de la taille de l’entreprise  
(Lackman et al., 2000). Ce constat est à relativiser toutefois, car dans le cas d’une PME, par  
exemple, l’IE est pratiquée par des collaborateurs qui ne sont pas nécessairement identifiés et  
sans réel outil mis à leur disposition. Lenz et Engledow (1986) indiquent que les services de  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
72  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
veilles ou d’IE comptent de un à sept employés. Prescott (1999) comptabilise trois personnes  
à temps plein, une à temps partiel et une secrétaire dans l’équipe de surveillance de  
l’entreprise étudiée. Ces deux auteurs indiquent également qu’un collaborateur ne peut  
s’improviser veilleur ou responsable d’IE.  
Les spécialistes et les non spécialistes de l’information se côtoient dans l’entreprise. Le  
responsable d’IE est cependant le seul investigateur dans la pratique de surveillance. Un  
spécialiste de l’IE doit cumuler trois types de compétences (Prescott, 1999) : celles de succès  
(maîtrise des techniques d’acquisition, validation des sources informationnelles, l’analyse,  
etc.), celles qui sont complémentaires (connaissance du secteur, maîtrise des outils  
informatiques, etc.), et celles qualifiées d’aptitudes (curiosité, ouverture d’esprit, les capacités  
relationnelles, etc.). Pour Fleisher (2004), les praticiens de l’IE doivent cumuler trois types de  
compétences. Ils doivent avoir des aptitudes telles que la créativité, la ténacité, etc. Ils  
doivent avoir des capacités intellectuelles afin d’analyser les informations, de comprendre  
les portées stratégiques de celles-ci, etc. Ils doivent pouvoir se servir de leurs expériences  
professionnelles multiples afin de diversifier leurs compétences et donc d’accroître leur  
capacité à comprendre. Lackman et al. (2000) mettent en évidence cinq caractéristiques d’un  
analyste de l’IE : la créativité, l’imagination, la curiosité, la ténacité et une certaine ouverture.  
Ces auteurs montrent également que la majorité des collaborateurs qui participe à la  
démarche d’IE, n’est pas experte de l’information et ne participe pas à la démarche à temps  
plein. C’est le personnel le plus aguerri et ancien, en matière d’IE, qui occupe le poste de  
responsable. Il est le plus à même d’avoir l’expérience, les compétences et un pouvoir de  
communication. Les rares experts de l’information sont employés à temps plein à l’exercice  
de l’IE.  
Au regard de ce qui précède, les acteurs de l’IE au sein de l’entreprise sont difficiles à  
identifier. Tous les collaborateurs participent à l’effort d’IE, mais tous n’en ont pas la  
compétence et la capacité.  
La revue de la littérature montre que les débats sur le personnel dédié à l’effort d’IE  
sont importants. Les travaux s’avèrent, à certains égards, être contradictoires. Pour certaines  
études, seuls les dirigeants pratiquent l’IE, alors que pour d’autres études, l’ensemble des  
salariés est concerné par cette fonction, quel que soit le niveau hiérarchique. Cette opposition  
persiste selon que l’on considère que l’IE est pratiquée par des spécialistes de l’information et  
qu’elle est exercée par des non-spécialistes. Ne pouvant trancher ces ambivalences par la  
littérature, nous émettons deux hypothèses primaires et six hypothèses secondaires (Cf.  
Figure 1). Nous distinguons les non-spécialistes de l’information que nous classons en  
fonction du niveau hiérarchique, et les spécialistes de l’information recrutés pour cette tâche,  
que nous classons en fonction des étapes du processus d’IE à accomplir.  
Hypothèses relatives aux non-spécialistes :  
H1 : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus l’IE est pratiquée par  
des non-spécialistes.  
o
H1a : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « top management » (Direction  
Générale).  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
73  
o
o
H1b : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « middle management » (Cadres,  
etc.).  
H1c : Plus une entreprise pratique une forme d’IE plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « low management » (Salariés, etc.).  
Hypothèses relatives aux spécialistes :  
H2 : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus l’IE est pratiquée par  
des spécialistes.  
o
o
o
H2a : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des collecteurs d’information.  
H2b : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des analystes d’information.  
H2c : Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des diffuseurs d’information.  
Figure 1 : Modèle théorique.  
3. Méthode  
3.1 Échantillon  
Nous avons envoyé un questionnaire de recherche auprès de 1 500 entreprises  
européennes (25 pays en 2007) de haute technologie, à destination des PDG, DG, gérants  
Directeurs d’Unité, etc. La Commission Européenne définit huit secteurs comme étant de  
haute technologie (Eurostat, 2005) dont trois sont relatifs, aux services (NACE 64, 72 et 73) et  
cinq aux produits (NACE 353, 244, 30, 32 et 33). L’échantillon a été défini de manière  
aléatoire, à probabilités égales, sans distinction de tailles, de chiffre d’affaires, etc. Parmi les  
174 entreprises qui ont répondu (11,4% de retours), 153 ont été retenu après épuration. 90,9  
% des répondants occupent un poste à haute responsabilité. Quatre catégories d’entreprises  
en fonction de la taille (TPE, PE, ME et GE) montrent une homogénéité dans la répartition  
(environ 25% chacune).  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
74  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
3.2 Questionnaire  
Le questionnaire est constitué de huit macro-variables (communiqué sur demande).  
Les items sont mesurés par le biais d’échelles de Lickert de quatre modalités (de « Pas du  
tout d’accord » à « Tout à fait d’accord »).  
3.2.1 Variable dépendante  
La macro-variable 1 (MV1) nommée « Acteurs » s’intéresse aux acteurs de l’IE en  
distinguant les « Spécialistes » (AcSp) de l’information tels que les responsables de système  
d’information, de veille, d’IE, etc. et les « Non Spécialistes » (AcNSp).  
3.2.2 Variables indépendantes  
Les macro-variables de MV2 à MV5 ont également été utilisées pour cartographier les  
groupes d’entreprises selon leur niveau de pratiques d’IE.  
La macro-variable 2 (MV2) nommée « Surveillances environnementales » indique les  
pratiquants de veilles et de renseignements envers trois groupes d’acteurs : les concurrents  
représentés par la variable « Veille concurrentielle » (SuCon), les clients et les fournisseurs  
représentés par la variable « Veille commerciale » (SuCom), et les organismes institutionnels  
privés et publics représentés par la variable « Veille institutionnelle » (SuIn).  
La macro-variable 3 (MV4) nommée « Connaissances environnementales » indique la  
connaissance perçue des forces et faiblesses de deux groupes d’acteurs : les concurrents  
représentés par la variable « Connaissances horizontales » (CoHo), et les clients et les  
fournisseurs représentés par la variable « Connaissances verticales » (CoVe).  
La macro-variable 4 (MV4) nommée « Relations environnementales » indique les  
échanges informationnels et collaboratifs avec trois groupes d’acteurs : les concurrents  
représentés par la variable « Relations horizontales » (ReHo), les clients et les fournisseurs  
représentés par la variable « Relations verticales » (ReVe) et les organismes institutionnels  
privés représentés par la variable « Relations institutionnelles » (ReIn).  
La macro-variable 5 (MV5) nommée « Influences environnementales » indique  
l’influence qu’une entreprise pense avoir sur son environnement. Trois variables composent  
MV4 : « Influence » (InInf) indiquant la capacité d’influence perçue (lobbying, etc.),  
« Promotion réseau » (InPro) correspondant à la promotion d’un réseau d’entreprises  
(appartenance, instigateur d’un réseau d’entreprise, etc.) et « Adhésion institutionnelle »  
(InAd) correspondant à l’appartenance à des clubs, des syndicats professionnels, etc. Les  
modalités des items ont été binéarisées pour les besoins de l’étude.  
La macro-variable 6 (MV6) nommée « Structuration » indique le degré de structuration  
de la gestion de l’information selon deux distinctions : une « Structuration forte » (StFo)  
représentant une gestion informationnelle plutôt centralisée, formalisée et internalisée et une  
« Structuration faible » (StFa) représentant une gestion informationnelle plutôt décentralisée,  
non formalisée et externalisée de l’information. Les modalités des items ont été binéarisées  
pour les besoins de l’étude.  
La macro-variable 7 (MV7) nommée « Satisfaction informationnelle » (AdSa) mesure  
les niveaux de satisfaction de la gestion informationnelle.  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
75  
La macro-variable 8 (MV8) nommée « Connaissances » indique les données liées à la  
connaissance et au savoir dans les entreprises. Deux variables composent MV9 : « Gestion  
des connaissances » (ConGe) indiquant la construction, la pérennisation et la gestion des  
savoirs et « Activités de R&D » (ConAc) indiquant les actions de R&D. Les modalités des  
items ont été binéarisées pour les besoins de l’étude.  
3.2.3 Variables de contrôle  
La variable « Taille des entreprises » est étudiée en fonction du chiffre d’affaires et de  
l’effectif conformément à la législation européenne (2003/361/CE) : Micro et TPE  
(CA>2000K, Effectif<10), PE (CA entre 2000 et 10000K, effectif entre 10 et 50), ME (CA  
entre 10000Ket 50000, effectif entre 50 et 250), GE (CA >50000, effectif >250).  
La variable « Indépendance patrimoniale » aborde tour à tour l’appartenance à un  
groupe, le nombre d’actionnaires dans les entreprises et le nombre de filiales de l’entreprise.  
La variable « Leadership » indique les positions concurrentielles occupées par les  
entreprises ayant répondu.  
Tous les tests de validités convergentes et discriminantes effectués sur ces échelles de  
mesures sont corrects.  
3.3 Traitements des données  
L’analyse en composante principale (ACP) a permis de construire les variables de  
l’étude qui ont été validées par l’analyse factorielle confirmatoire (AFC). Les rotations  
orthogonales et obliques ont permis de retenir les scores factoriels restituant le plus  
d’informations. Les analyses typologiques et discriminantes ont construit et validé quatre  
groupes d’entreprises selon leur niveau de pratiques d’IE, puis trois fonctions  
discriminantes. L’étude des scores et barycentres a permis de révéler les pratiques plus ou  
moins fortes des variables considérées par groupe. L’analyse de la variance (ANOVA) a  
mesuré le degré de significativité d’une variable explicative sur une variable à expliquer. Les  
tests de comparaisons multiples ou TCM (tests t, Tukey où n inégaux, Scheffe, LSD et  
Bonferroni) ont distingué l’implication des groupes pour les variables étudiées. Enfin,  
l’analyse de régression multiple pas-à-pas ascendant, par groupe, a déterminé les variables  
explicatives de la présence d’acteurs spécialistes de l’information (AcSp) et non spécialistes  
(AcNSp).  
4. Résultats  
4.1 Quatre groupes constitués  
Quels sont les degrés de pratiques de renseignement des entreprises ?  
Les analyses typologiques et discriminantes montrent que l’échantillon peut être  
significativement scindé en quatre groupes (p < 0,001). Nous inscrivons entre parenthèses le  
signe des barycentres (noté G).  
Le groupe 1 (NP) regroupe majoritairement 40 moyennes entreprises qui ne pratiquent  
aucune forme de surveillance. Les activités de veilles institutionnelles, commerciales et  
concurrentielles (G<0) sont quasi-inexistantes. Ces entreprises méconnaissent leur  
environnement concurrentiel et commercial (G<0) et ont peu de relations partenariales et  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
76  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
d’alliance (G<0). Elles sont peu influentes, se positionnent peu sur des réseaux d’entreprises  
ou institutionnels, et adhèrent peu à des clubs et à des syndicats professionnels (G<0).  
Le groupe 2 (VNC) regroupe majoritairement 39 petites entreprises qui pratiquent une  
veille dite « non coopérative ». Elles pratiquent des activités de veilles concurrentielles et  
commerciales (G>0), mais peu de veille institutionnelle (G<0). Elles méconnaissent leur  
environnement concurrentiel et commercial (G<0), et ont peu de relations partenariales et  
d’alliance (G<0). Elles sont peu influentes, se positionnent peu sur des réseaux d’entreprises  
ou institutionnels et adhèrent peu à des clubs et à des syndicats professionnels (G<0).  
Le groupe 3 (VC) regroupe majoritairement 37 petites entreprises qui pratiquent une  
veille « d’alliance ». Elles pratiquent des activités de veilles concurrentielles et commerciales  
(G>0), mais peu de veille institutionnelle (G<0). Elles connaissent leur environnement  
concurrentiel et commercial (G>0), et ont des relations partenariales et d’alliance (G>0). Elles  
sont peu influentes (G<0), mais se positionnent dans des réseaux d’entreprises ou  
institutionnels, et adhèrent à des clubs et à des syndicats professionnels (G>0).  
Le groupe 4 (IEP) regroupe majoritairement 37 grandes entreprises qui pratiquent une  
IE dite « partenariale ». Les activités de veilles institutionnelles, commerciales et  
concurrentielles (G>0) sont fortes. Ces entreprises connaissent leur environnement  
concurrentiel et commercial (G>0) et ont de multiples relations partenariales (G>0), mais pas  
d’alliance (G<0). Elles sont influentes, se positionnent dans des réseaux d’entreprises ou  
institutionnels, et adhèrent à des clubs et à des syndicats professionnels (G>0).  
Quelle variable permet de distinguer une pratique de veille d’une démarche d’IE ?  
L’analyse discriminante montre l’importance des variables liées à la capacité  
d’influence de l’environnement. C’est cette capacité d’influence qui fait la distinction entre la  
veille, qui n’en dispose pas, et l’IE, dont c’est une des composantes majeures. Nous  
inscrivons entre parenthèses, les barycentres. Trois fonctions discriminantes ont été révélées :  
une fonction nommée « surveillance réactive », qui a un pouvoir discriminant  
de 27,4 %, et qui est essentiellement attribuée aux entreprises pratiquant une  
veille ouverte (2,096) ;  
une fonction nommée « surveillance proactive », qui a un pouvoir discriminant  
de 31,9 %, et qui est attribuée aux entreprises pratiquant une veille fermée  
(1,307) ou ouverte (0,980) ou une démarche d’IE (0,026) ;  
une fonction nommée « surveillance interactive », qui a un pouvoir  
discriminant de 36,8 %, et qui est attribuée uniquement aux entreprises  
pratiquant l’IE (2,483).  
4.2 Gestionnaires des informations  
Qui gère les informations dans les entreprises ?  
4.2.1 Les non-spécialistes de l’information  
Nous entendons et catégorisons par « non-spécialistes », les salariés qui n’ont pas suivi  
une formation spécifique sur la gestion des informations ou les techniques de renseignement.  
Il existe une différence significative (Test de Fisher où p<0,05) entre les groupes en ce qui  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
77  
concerne la présence de non-spécialistes de l’information (AcNSp). Par la suite, nous  
inscrivons entre parenthèses, le niveau de signification des tests de Student.  
Concernant les Directeurs Généraux …  
La collecte (p<0,05) et la diffusion (p>0,05) des informations sont fortement réalisées  
par les Directeurs Généraux, surtout pour les entreprises qui pratiquent une forme de veilles  
VNC et VC. Les groupes IEP et NP se situent au second plan. Alors, les DG sont plus des  
collecteurs que des diffuseurs quel que soit le groupe.  
En matière de collecte, seul le test LCD (p<0,05) montre que le groupe VNC se  
distingue des groupes NP et IEP, et que le groupe VC se différencie des groupes NP et IEP.  
Si nous regroupons les « veilleurs » (VNC + VC), ces derniers se distinguent de tous les  
autres groupes (tous TCM où p<0,05). Plus l’entreprise s’inscrit dans une activité de veille,  
plus la collecte des informations est réalisée par les DG.  
En matière de diffusion, tous les TCM (p<0,05) montrent que le groupe VC se distingue  
du groupe IEP. Si nous regroupons les « veilleurs », ces derniers se distinguent du groupe  
IEP (tous TCM où p<0,05). Les activités de veilles avancées semblent être associées à une  
diffusion informationnelle réalisée par les DG, mais les résultats ne nous permettent pas de  
trancher cette observation (p>0,05).  
L’hypothèse H1a (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « top management ») est partiellement validée.  
Concernant les cadres …  
La collecte et la diffusion (p<0,05) des informations sont fortement réalisées par les  
cadres, surtout dans le groupe IEP. Les groupes NP, VNC et VC se situent au second plan.  
Les cadres sont alors plus des collecteurs que des diffuseurs, et s’impliquent plus fortement  
dans ces deux activités que les DG. Les TCM montrent qu’aucun des groupes ne se distingue  
d’un autre (p>0,05), aussi bien en matière de collecte que de diffusion des cadres. Nous ne  
pouvons pas conclure à une prédominance d’un groupe par rapport à un autre.  
L’hypothèse H1b (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « middle management ») est partiellement validée.  
Concernant les salariés …  
La collecte et la diffusion (p<0,05) des informations réalisées par les salariés sont plus  
faiblement pratiquées surtout par le groupe VC contrairement aux groupes VNC, NP et IEP.  
Les salariés sont plus des collecteurs que des diffuseurs et s’impliquent moins fortement  
dans ces deux activités, que les DG ou les cadres.  
En matière de collecte, aucun groupe ne se distingue d’un autre (tous TCM où p>0,05).  
En matière de diffusion, les TCM (p<0,05) montrent que le groupe VNC se distingue  
du groupe VC. Le groupe VC se caractérise par une diffusion faible de la part des salariés, et  
se distingue du groupe VNC. Les résultats ne nous permettent pas toutefois de trancher sur  
une prédominance d’un groupe sur un autre en la matière (p>0,05).  
L’hypothèse H1c (Plus une entreprise pratique une forme d’IE, plus les non-  
spécialistes se situent au niveau du « low management ») est rejetée.  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
78  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
L’hypothèse H1 (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus l’IE est pratiquée  
par des non-spécialistes) est partiellement validée.  
4.2.2 Les spécialistes de l’information  
Nous entendons et catégorisons par « spécialistes », les salariés qui ont suivi une  
formation spécifique sur la gestion des informations ou les techniques de renseignement. Il  
existe une différence significative (Test de Fisher où p<0,001) entre les groupes en ce qui  
concerne la présence de spécialistes de l’information (AcSp). Cette variable est fortement  
présente dans le groupe IEP contrairement à tous les autres groupes. Cette distinction  
subsiste significativement lorsque l’on regroupe les entreprises veilleuses (VNC + VC) : plus  
les pratiques des entreprises se rapprochent de l’IE et plus la présence de spécialistes de  
l’information est forte.  
Nous inscrivons, par la suite, entre parenthèses, le niveau de signification des tests de  
Student.  
La collecte et la diffusion (p<0,001) des informations réalisées par les spécialistes de  
l’information sont beaucoup plus fortement pratiquées pour le groupe IEP que dans les  
groupes VNC, VC et NP. La présence de spécialistes de l’information est une caractéristique  
distinctive du groupe IEP par rapport aux autres groupes. Les spécialistes sont plus des  
collecteurs que des diffuseurs, et s’impliquent d’une manière équivalente aux cadres.  
En matière de collecte, tous les TCM (p<0,01) montrent que le groupe IEP se distingue  
des autres groupes. Si nous regroupons les « veilleurs », ces derniers se distinguent du  
groupe IEP (tous TCM où p<0,001). Par conséquent, plus l’entreprise s’approche vers une  
pratique d’IE, plus les informations sont collectées par des spécialistes de l’information.  
En matière de diffusion, les TCM montrent que le groupe IEP se distingue des groupes  
NP et VC (p<0,001) ainsi que VNC (p<0,05). Si nous regroupons les « veilleurs », ces derniers  
se distinguent du groupe IEP (tous TCM où p<0,001). Plus l’entreprise s’approche d’une  
pratique d’intelligence économique, plus les informations sont diffusées par des spécialistes  
de l’information.  
Nous pouvons noter que les résultats pour l’étape « analyse des informations » ne se  
révèlent pas significatives. Nous pouvons donc en conclure que l’analyse des informations  
n’est pas réalisée par les spécialistes.  
L’hypothèse H2 (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus l’IE est pratiquée  
par des spécialistes) est validée.  
L’hypothèse H2a (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des collecteurs d’information) est validée.  
L’hypothèse H2b (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des analystes d’information) est rejetée.  
L’hypothèse H2c (Plus une entreprise pratique une forme d’IE et plus les spécialistes  
sont des diffuseurs d’information) est validée.  
4.3 Les déterminants de la présence (ou non) de spécialistes de l’information  
Quelles sont les variables qui influencent la présence (ou non) de spécialistes de  
l’information dans une entreprise ?  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
79  
Deux modèles de régression ont été réalisés (Cf. Tableau 1):  
l’un met en relation les variables explicatives et la variable à expliquer  
« absence de spécialistes de l’information » (AcNSp),  
le second met en relation les variables explicatives et la variable à expliquer  
« présence de spécialistes de l’informatio » (AcSp).  
Modèle « Absence de  
spécialistes »  
Modèle « Présence de  
spécialistes »  
NP  
VNC  
VC  
IEP  
NP  
VNC  
VC  
IEP  
Macro-  
variables  
Variables  
Veille  
0,347  
(**)  
0,482  
(*)  
0,439  
(***)  
concurrentielle  
Surveillances  
environnement. commerciale  
Veille  
0,811  
(*)  
0,273  
(***)  
Veille  
institutionnelle  
-0,362  
(***)  
Connaissances  
horizontales  
0,295  
(***)  
0,543  
(**)  
Connaissances  
environnement.  
Connaissances  
verticales  
-0,404  
(***)  
0,238  
(**)  
Relations  
horizontales  
-0,673  
(*)  
-0,381  
(*)  
Relations  
environnement. verticales  
Relations  
0,467  
(**)  
-0,231  
(***)  
Relations  
institutionnelles  
-0,692  
(**)  
0,235  
(***)  
0,160  
(***)  
0,273  
(***)  
0,734  
(**)  
0,902  
(*)  
-0,498  
(***)  
Influence  
Influences  
environnement. réseau  
Promotion  
-0,364  
(***)  
Adhésion  
institutionnelle  
0,467  
(***)  
-0,568  
(**)  
-0,244  
(***)  
Structuration  
forte  
-0,989  
(**)  
0,995  
(*)  
0,454  
(*)  
0,554  
(*)  
Structuration  
Structuration  
faible  
0,661(  
*)  
-0,412  
(*)  
-0,460  
(*)  
-0,701  
(*)  
Satisfaction informationnelle  
Gestion des  
-0,548  
(**)  
0,225  
(***)  
0,177  
(***)  
0,494  
(***)  
connaissances  
Connaissances  
Activités de  
R&D  
6,105  
(*)  
3,023  
(*)  
10,712 7,849  
17,956 2,223  
22,139 8,549  
Tests de Fisher  
(*)  
(*)  
(*)  
(ns)  
(*)  
(*)  
R2  
0,774  
0,611  
0,858  
0,655  
0,797  
0,372  
0,881  
0,79  
Tableau 1 : Analyse de régression multiple pas à pas . Lecture : (ns) non significatif ; (*)  
p<0,001 ; (**) p<0,01 ; (***) p<0,05.  
Ces deux modèles ont été étudiés pour chacun des quatre groupes constitués en  
fonction du degré de pratique de renseignement des entreprises.  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
80  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
Pour le groupe NP  
Plus les firmes ont faiblement structuré leur gestion des informations, connaissent  
leurs concurrents, ont une capacité d’influence sur leur environnement et adhérent à des  
clubs et syndicats professionnels, et plus la gestion des informations est gérée par des non  
spécialistes.  
Moins les firmes entretiennent de relations d’alliances, adhérent à des clubs et  
syndicats professionnels, et ont faiblement structuré leur gestion des informations, et plus la  
gestion des informations est gérée par des spécialistes. Plus les firmes ont faiblement  
structuré leur gestion des informations et gèrent leurs connaissances, et plus la gestion des  
informations est gérée par des spécialistes.  
Pour le groupe VNC  
Moins les firmes pratiquent une veille institutionnelle, connaissent leurs clients et  
fournisseurs, entretiennent de relations institutionnelles, participent à des réseaux  
d’entreprises et gèrent leurs connaissances, et plus la gestion des informations est gérée par  
des non-spécialistes. Plus les firmes connaissent leurs concurrents, et plus la gestion des  
informations est gérée par des non-spécialistes.  
Pour le groupe VC  
Plus les firmes pratiquent une veille commerciale et concurrentielle, entretiennent des  
relations partenariales et institutionnelles, ont une capacité d’influence sur leur  
environnement et gèrent leurs connaissances, et plus la gestion des informations est gérée  
par des non-spécialistes. Moins les firmes entretiennent des relations d’alliances, adhérent à  
des clubs et syndicats professionnels et sont satisfaites de leur gestion informationnelle, et  
plus la gestion des informations est gérée par des non-spécialistes.  
Plus les firmes, pratiquent une veille commerciale et institutionnelle, connaissent leurs  
clients et fournisseurs, entretiennent des relations institutionnelles et ont fortement structuré  
leur gestion des informations, et plus la gestion des informations est gérée par des  
spécialistes. Moins les firmes, entretiennent des relations partenariales, et plus la gestion des  
informations est gérée par des spécialistes.  
Pour le groupe IEP  
Moins les firmes ont une capacité d’influence sur leur environnement, et plus la  
gestion des informations est gérée par des non-spécialistes. Plus les firmes pratiquent une  
veille concurrentielle, entretiennent de relations institutionnelles, ont fortement structuré  
leur gestion des informations et gèrent leurs connaissances, et plus la gestion des  
informations est gérée par des spécialistes.  
5. Discussions  
Qui pratique l’IE dans l’entreprise ? Les résultats des travaux académiques antérieurs  
n’apportent pas les mêmes réponses à cette question, oscillant entre adéquation et  
opposition. Nos résultats indiquent qu’il existe un compromis entre les différentes études et  
entre les diverses visions d’appréhender la pratique de l’IE. Trois apports peuvent être  
retenus dans notre étude.  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
81  
Notre premier apport consiste à avoir identifié quatre groupes d’entreprises afin de  
caractériser leur niveau de surveillance. Nous avons identifié les entreprises qui ne  
pratiquent aucune forme de veille (NP), conformément aux travaux antérieurs (Larivet, 2002,  
Levet, 2002, Salles, 2003). Nous avons détecté deux types de veilles : les entreprises qui  
pratiquent une forme de veille dite « non-coopérative » (VNC) ; et celles qui exercent une  
veille dite « d’alliance » (VC). Les travaux antérieurs corroborent les résultats en montrant la  
faible capacité d’influence (Larivet, 2002) pour les deux types de veille. Pour les veilleurs  
« non-coopératifs », les relations coopératives quasiment inexistantes ont été développées  
par Levet (2002) et Salles (2003). Les auteurs parlent « d’entreprises tayloriennes ». Pour les  
veilleurs « alliés », notre étude se distingue des « entreprises commerciales » développées  
par Salles (2003), car nos résultats montrent une focalisation sur les relations coopératives  
horizontales (entre rivaux). Enfin, nous avons déterminé les PME pratiquant une forme d’IE  
dite « partenariale » (IEP). Les études précédentes appuient leurs résultats en indiquant que  
l’exercice d’une surveillance multiple et d’une capacité d’influence forte distinguent une  
démarche d’IE d’une simple démarche de veille (Larivet, 2002). Nos résultats s’avèrent être  
conformes aux conclusions de Salles (2003) sur les « entreprises cognitives ».  
Notre deuxième apport consiste à avoir identifié les acteurs de l’IE dans l’entreprise.  
Les experts de l’information ne sont pas les seuls salariés actifs dans le processus d’IE. En  
effet, les Directeurs Généraux s’investissent aussi dans la recherche, la collecte, l’analyse et la  
diffusion des informations. Leur activité de surveillance se focalise essentiellement sur les  
perspectives stratégiques pour l’entreprise. Ce sont les cadres toutefois qui participent le  
plus à l’ensemble des étapes composant la démarche d’IE. Nos résultats montrent également  
que les salariés restent encore peu impliqués dans l’exercice du renseignement. Comme  
l’indique nombre d’auteurs, le dirigeant a toujours la main sur la fonction d’IE. Cela se  
vérifie dans nos conclusions, car les dirigeants qui pratiquent l’IE sont plus nombreux dans  
les PME/PMI de notre échantillon. Ce constat reste paradoxal car, comme l’indique Gilad et  
Gilad (1985), un des avantages de la centralisation de l’IE est de bénéficier d’un personnel  
motivé, disponible et formé. Le personnel est formé par l’emploi d’expert, mais reste  
insuffisamment exploité par le reste des salariés. Notre étude montre que bien que  
l’implication du dirigeant est forte dans le processus d’IE, la sensibilisation à cette pratique  
envers les salariés reste faible. Cette culture de renseignement est encore marginale dès  
lors que l’on considère les salariés hors cadre. La proposition de formations, voire  
d’incitations financières, permettrait de renforcer cette démarche collective, en encourageant  
et motivant l’ensemble des salariés. Force est de constater que l’IE n’est pas une démarche  
participative, à tous les niveaux hiérarchiques, contredisant les recommandations de Rouach  
(2008).  
Les experts de l’information sont néanmoins les principaux acteurs du processus d’IE  
dans l’entreprise, mais ils restent autant impliqués dans la démarche que les cadres. Ce  
résultat est conforme aux travaux antérieurs. En d’autres termes, l’implication des cadres  
non-spécialistes et des experts dans l’ensemble des étapes du processus d’IE, reste la même.  
Nos résultats indiquent également que l’analyse des informations est peu réalisée par les  
experts. Il est intéressant de voir qu’il existe un mélange de centralisation et de  
décentralisation des pratiques d’IE. L’exercice de l’IE reste concentré sur le dirigeant et les  
experts, mais se décentralise vers les cadres.  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
82  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
Rappelons que pour Lackman et al. (2000) et Bournois et Romani (2000), l’IE est  
centralisée au niveau de la Direction Générale. Stubbart (1982) indiquait également  
l’existence d’IE décentralisée au sein de chaque fonction. Les cadres sont donc perçus comme  
un relais du processus d’IE. Ils se trouvent à l’interface entre « top mangement » et « low  
management ». Ils sont donc plus à même de faire circuler les informations, de les  
comprendre, etc., afin de mieux cibler les besoins internes. Il s’avère que leur pratique d’IE  
est davantage tournée vers la gestion opérationnelle de leurs activités et de leurs équipes.  
Par conséquent, nos résultats rejoignent ceux de Terry (1977) qui préconise que les  
entreprises doivent disposer à la fois d’entités centralisées et décentralisées. De plus, nos  
conclusions nous conduisent en partie à conforter les thèses de Lackman et al. (2000),  
Prescott (1999) et Fleisher (2004), qui montrent que l’expert doit réaliser l’ensemble du  
processus d’IE en raison de ses compétences, sa maîtrise technique, son ouverture d’esprit,  
etc.  
Notre troisième apport concerne l’identification des variables qui influencent la  
présence (ou non) d’experts de l’information dans une entreprise. Nos résultats montrent  
qu’une firme qui structure peu son processus d’IE (plutôt décentralisé, externalisé et non  
formalisé) n’emploie pas d’experts. À contrario, une firme qui structure fortement son  
processus d’IE (plutôt centralisé, internalisé et formalisé) emploie nombre d’experts. Ces  
résultats confortent les études antérieures qui caractérisent le processus d’IE par une gestion  
des informations plutôt centralisée, internalisée et formalisée (Bournois et Romani, 2000). De  
plus, il apparait que la présence d’experts au sein de l’entreprise permet de construire une  
démarche de surveillance structurée et autonome.  
L’IE joue alors son rôle majeur dans les firmes, à savoir être un pont entre  
l’environnement externe et interne à l’entreprise et une interface entre les acteurs de métiers  
et de niveaux hiérarchiques différents.  
6. Conclusion  
Cette étude montre que spécialistes et non-spécialistes de l’information se côtoient  
dans l’entreprise. Le rôle des cadres a souvent été sous-évalué dans les recherches  
antérieures. Le dirigeant détient toujours les activités stratégiques du renseignement, alors  
que les cadres exercent une IE plutôt opérationnelle. Enfin, les experts de l’information  
jouent le rôle d’interface entre les différents niveaux hiérarchiques et structurent le processus  
global d’IE. Notre étude souffre toutefois de certaines limites qui nécessitent des travaux  
futurs d’approfondissement. L'analyse de régression ne conclue pas sur une relation causale  
entre la présence (ou non) de spécialistes de l’information et les activités de surveillance. De  
plus, par sa pratique stratégique voire tabou, l’IE n’a pu être étudiée que dans son ensemble  
pour bien en comprendre les mécanismes. De par notre méthodologie choisie (statique), il  
serait important de mener une étude de cas afin de rendre compte du processus d’IE en tant  
que tel, sur d’autres secteurs et d’autres zones géographiques. Ces études futures pourraient  
notamment approfondir les politiques d’incitations et de motivation des salariés en matière  
d’IE, ainsi que du partage des tâches de surveillance entre l’ensemble des salariés. De même,  
il semble pertinent de procéder à une segmentation fine des populations et de distinguer les  
sous-populations stratégiques et les sous-populations non-stratégiques. Ainsi, il serait  
pertinent de s’interroger sur les pratiques de gestion de ressources humaines, en fonction de  
leur nature et de leurs publics (notion de Bundle)  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Les acteurs de l’intelligence économique dans les entreprises : le cas  
des entreprises européennes de hautes technologies  
83  
.
7. Bibliographie  
Achard, P., (2005), La dimension humaine de l'intelligence économique, Hermès science publications,  
Paris.  
Baumard, P., (2000), "Analyse stratégique, mouvements, signaux concurrentiels et interdépendance",  
Dunod, Paris,  
Beaupre, D. et J. Cloutier, (2007), "La Gestion à Haute Performance dans la Fonction Publique  
Québécoise: Pratiques Mobilisatrices et Cohérence", Relations Industrielles, n°62 (3), pp.516-  
539.  
Becker, B. E. et M. A. Huselid, (2006), "Strategic Human Resources Management: Where Do We Go  
from Here?", Journal of Management, n°32 (6), pp.898-925.  
Bournois, F. et P. J. Romani, (2000), L’intelligence stratégique dans les grandes entreprises françaises,  
Economica, Paris.  
Chung, W., H. Chen, F. Jay et J. Nunamaker, (2002), "Business Intelligence Explorer: A Knowledge  
Map Framework for Discovering Business Intelligence on the Web", Eller College of  
Business and Public Administration The University of Arizona.,  
Collis, D. J. et C. A. Montgomery, (1995), "Competing on Resources", Harvard Business Review, n°73  
(4), pp.118-128.  
Desreumaux, A., (1993), Stratégie, Dalloz, Paris.  
Diffenbach, J., (1983), "Corporate Environmental Analysis in Large US Corporations", Long Range  
Planning, n°16 (3), pp.107-116.  
Dou, H., (1995), Veille Technologique et Compétitivité: L'intelligence économique au service du  
développement industriel. , Dunod, Paris,  
Eisenhardt, K. M. et J. A. Martin, (2000), "Dynamic Capabilities: What are they?", Strategic  
Management Journal, n°21 pp.1105-1121.  
Fahey, L. et W. R. King, (1977), "Environmental Scanning for Corporate Planning", Business Horizons,  
n°20 (4), pp.61-71.  
Fleisher, C. S., (2004), "Competitive Intelligence Education: Competencies, Sources, and Trends",  
Information Management Journal, n°38 (2), pp.56-63.  
Gilad, B. et T. Gilad, (1985), "A Systems Approach to Business Intelligence", Business Horizons, n°28  
(5), pp.65-70.  
Hamel, G. et C. Prahalad, (1995), La conquête du futur, Interéditions, Paris.  
Huselid, M., (2011), "The Impact of Human Resource Management Practices on Turnover,  
Productivity, and Corporate Financial Performance", Academy of Management Journal, n°38  
(3), pp.635-672.  
Jain, S. C., (1984), "Environmental Scanning in US Corporations", Long Range Planning, n°17 (2),  
pp.117-128.  
Klein, H. E. et R. E. Linneman, (1984), "Environment Assessment: an International Study of Corporate  
Practice", The Journal of Business Strategy, n°5 (1), pp.66-75.  
Lackman, C. L., K. Saban et J. M. Lanasa, (2000), "Organizing the Competitive Intelligence Function: A  
Benchmarking Study", Competitive Intelligence Review, n°11 (1), pp.17-27.  
Larivet, S., (2002), Les réalités de l'intelligence économique en PME, QEOPS, Thèse de Doctorat en  
sciences de gestion, Université de Toulon et du var,  
Larivet, S., (2002), "Les réalités de l’intelligence économique en PME", QEOPS, Université de Toulon et  
du var, (Thèse de doctorat en sciences de gestion),  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
84  
D. SALVETAT & Z. LAARRAF  
Lenz, R. T. et J. L. Engledow, (1986), "Environmental Analysis Units and Strategic Decision Making: a  
Field Study of Selected Leading-Edge Corporations", Strategic Management Journal, n°7 (1),  
pp.69-89.  
Levet, J. L., (2002), Les pratiques de l’intelligence économique, huit cas d’entreprises, Paris.  
Lönnqvist, A. et V. Pirttimäki, (2006), "The Measurement of Business Intelligence", Information  
Systems Management, n°23 (1), pp.32-40.  
Martre, H., (1994), Rapport : Intelligence économique et stratégies des entreprises, La Documentation  
Française, Paris.  
Pearce, P. L., (1982), The social psychology of tourist behaviour, Pergamon Press,  
Penrose, E. T., (1956), "Foreign Investment and the Growth of the Firm", The Economic Journal, n°66  
(262), pp.220-235.  
Peteraf, M. A., (2006), "The Cornerstones of Competitive Advantage: A Resource-Based View",  
Strategic Management Journal, n°14 (3), pp.179-191.  
Peters, T. et P. Waterman, (1984), Le prix de l’excellence: Le secret des meilleures entreprises,  
Intereditions, Paris.  
Phanuel, D. et D. Levy, (2002), "Intelligence économique ou économie d’intelligence dans les PME-  
PMI ? L’exemple d’un département français", Actes de la XIème Conférence Internationale  
de Management Stratégique,  
Porter, M. E., (1985), Competitive Advantage, Free Press New York.  
Preble, J. F., P. A. Rau et A. Reichel, (1988), "The Environmental Scanning Practices of US  
Multinationals in the Late 1980's", Management International Review, n°28 pp.4-14.  
Prescott, J. E., (1995), "The Evolution of Competitive Intelligence", International Review of Strategic  
Management, n°6 pp.71-90.  
Prescott, J. E., (1999), "The Evolution of Competitive Intelligence Designing a Process for Action",  
Competitive Intelligence Review, n°Spring pp.37-52.  
Reed, R. et R. J. DeFillippi, (1990), "Causal Ambiguity, Barriers to Imitation, and Sustainable  
Competitive Advantage", Academy of Management Review, pp.88-102.  
Rouach, D., (2008), La veille technologique et l'intelligence économique, Presses Universitaires de  
France, Paris.  
Salles, M., (2003), Stratégie des PME et intelligence économique, Economica, Paris.  
Stubbart, C., (1982), "Are Environmental Scanning Units Effective?", Long Range Planning, n°15 (3),  
pp.139-145.  
Teece, D. J., G. Pisano et A. Shuen, (2004), "Dynamic Capabilities and Strategic Management",  
Managing Strategic Innovation and Change, n°2 pp.308-332.  
Terry, P., (1977), "Mechanisms for Environmental Scanning", Long Range Planning, n°10 (3), pp.2-9.  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2