Revue Française de Gestion Industrielle  
Vol. 34, N° 2  
STRATÉGIE DE RÉSEAU : UNE SOURCE DE  
DÉVELOPPEMENT ET DE PERFORMANCE  
POUR LES ENTREPRISES EN SITUATION DE  
RISQUES PROHIBITIFS  
Boualem ALIOUAT*, Hadj NEKKA** & Zahir YANAT***  
—————————  
Résumé - Observant que les stratégies de réseaux ne s’inscrivent pas  
formellement dans la culture stratégique de certaines entreprises, notamment  
au Maghreb, quel qu’en soit l’étendue (entre entreprises appartenant à une  
même région, à un pays ou à une échelle internationale), la thèse soutenue  
dans cet article considère au contraire que cette forme inter-organisationnelle  
serait une source première du développement et de performance pour ces  
entreprises en situation de risques qui occasionne des coûts de transaction  
prohibitifs. Cette recherche exploratoire consiste dans un premier temps à  
mettre l’accent sur les difficultés qui ne permettent pas à des entreprises, ici le  
cas des firmes algériennes, de se développer en réseaux et de discuter ensuite  
les raisons qui favorisent davantage les partenariats publics-privés.  
L’exploitation de l’ensemble de ces informations nous permet de proposer  
quelques recommandations pour inciter les entreprises, notamment  
algériennes, à tendre davantage vers la forme en réseau pour se développer  
dans un avenir au sein d’un environnement hostile porteur de risques  
prohibitifs. Ces propositions sont transposables  
d’environnements hostiles au sens économique du terme.  
à
toutes formes  
Mots clés : réseaux ; performance ; environnement hostile ; entreprises algériennes ; clusters.  
1. Introduction  
De manière générale, l’amplification de la complexité des processus de connaissance à  
la base de toute innovation contraint désormais les entreprises à aller au-delà de leurs  
frontières pour compléter ou parfaire leurs propres capacités innovatrices (Becker et Dietz,  
2004). De même, la compression des cycles de vie des technologies oblige les entreprises à  
*" Université"Nice"Sophia"Antipolis,"GREDEG,"250"rue"Albert"Einstein"I"Bâtiment"2,"06560"Valbonne,"  
Boualem.Aliouat@unice.fr"  
**"" Université"d’Angers,"GRANEM,"4"boulevard"Lavoisier,"49016"Angers"cedex,"hadj.nekka@univIangers.fr"  
***""KEDGE"Business"School,"680,"cours"de"la"Libération,"33405"Talence"cedex"–"France,"Zahir.Yanat@bem.edu"  
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revoir leurs investissements d’innovation et à élargir leurs assises technologiques sur des  
bases collaboratives (Nijssen et al., 2001). La coopération peut ici à la fois contribuer à un  
développement plus rapide des innovations, améliorer l’accès aux marchés à l’échelle  
mondiale, permettre de bénéficier d’économies d’échelles, et rendre possible un partage des  
coûts et une répartition des risques (López, 2008 ; De Faria et al., 2010). Elle permet aussi  
d’établir des combinaisons complémentaires et des synergies susceptibles de réduire les  
contraintes et d’optimiser la vélocité d’intégration des capacités dynamiques (Becker et  
Dietz, 2004 ; Dachs et al., 2008). La décision de coopérer signifie alors que les partenaires  
mettent à disposition des unes et des autres leurs options et gammes technologiques  
(Mowery et al., 1998 ; Caloghirou et al., 2003). Ainsi, les entreprises impliquées ont plus de  
connaissances à leur disposition que celles qui agissent isolément (Gomes-Casseres et al.,  
2006 ; Rodrigues Bandeira et al., 2012). Cela explique en partie qu’à partir des années 1980,  
les alliances stratégiques et les développements en réseaux ont connu une inflation croissante  
au sein des pays industrialisés et des pays émergents sous l’influence convergente de  
l’ouverture des marchés et des accords de libre-échange.  
Les pays en transition ne sont pas en reste. Notamment, lorsque l’adaptation à des  
environnements en carence de régulation ou de gouvernance génère un contexte de risques «  
pays » qui entraîne des coûts de transaction prohibitifs pour leurs entreprises (Aliouat,  
2014a). Certains de ces pays concernés proposent aujourd’hui des politiques volontaristes et  
vont saisir des opportunités institutionnelles offertes par la Banque mondiale ou le FMI pour  
se restructurer sur la base de pôles d’innovations et de politiques d’industrialisation en  
réseau. Ainsi, les premières initiatives concrètes en matière de technopôles et de réseaux  
d’innovation en région MENA datent de la fin des années 1990. Le pôle El Ghazala près de  
Tunis, le MUCSAT près d’Alexandrie, Berytech à Beyrouth, le Techno-park et le Casashore  
de Casablanca, le smart village près du Caire, le CyberParc de Sidi Abdallah près d’Alger,  
Techonopolis de Rabat ou Tanger Med, le 10ème plan tunisien des 6 technopôles, les pôles  
de Bizerte, de Borj Cedria, de Sfax, de Bouimane, de Fez ou le futur Technopôle d’Agadir  
constituent des enjeux importants dans les stratégies métropolitaines de croissance  
économique, de développement et de compétitivité durable basée sur l’innovation en réseau.  
Même si aucune initiative commune maghrébine n’est à répertorier. Algérie, Maroc et  
Tunisie se développent de manière séparée et disparate (Aliouat, 2014b). Dans cet ensemble  
territorial, l’Algérie, qui nous intéresse tout particulièrement ici, affiche un certain retard  
dans le développement de l’innovation et de l’industrialisation en réseau, en partie en raison  
de ses spécificités économiques et socio-historiques. L’approche dite « spatiale » démontre  
que le vecteur déterminant en matière de bifurcation vers une trajectoire soutenue de  
développement est d’ordre institutionnel. Elle concerne la capacité décisionnelle des entités  
régionales à exploiter les leviers de la mondialisation et de la multi-localisation des chaines  
de valeur industrielles. Le développement singulier des régions périphériques du Sun Belt  
américain qui s’étend de la Californie (Silicon Valley) à la Caroline-du-Nord, en passant par  
Dallas (Texas) ou Boston, la Floride ou Austin, présente des traits communs avec  
l’émergence de pôles mondiaux de compétitivité technologique localisés dans des régions  
périphériques comme Nice Sophia Antipolis (France), Aerospace Valley à Toulouse, Kista  
Science City à Stockholm, Anvers pour le diamant, Peterborough, au Royaume-Uni, pour les  
biens et services environnementaux, Silicon Fen à Cambridge (GB), Helsinki et Turku en  
Finlande, la Communauté Autonome du Pays Basque (Espagne), Multimedia cluster  
Hilversum aux Pays-Bas, Munich ou Heidelberg (Allemagne), Parme (Italie), Singapour,  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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Hong Kong, ou Osaka. Ces pôles forment une toile ou un réseau ouvert à toute entité  
territoriale qui dispose d’une capacité autonome à intégrer les réseaux mondiaux en raison  
de son efficacité stratégique à faire valoir des compétences distinctives dans un climat  
d’affaires incitatif. Une attention particulière est accordée à la localisation territoriale et à  
l’attrait des environnements comme étant des indicateurs du « degré de clustering ». À partir  
d’une analyse du contexte économique maghrébin et d’une analyse de l’essence des réseaux,  
nous proposons ici une réflexion sur le degré de clustering de l’Algérie et ses chances de  
développement économique en réseau industriel et technologique.  
2. Contexte de développement et de performance au Maghreb  
Le développement des pays du Maghreb engage des problématiques et des niveaux de  
risques majeurs pour les deux décennies à venir. Il faut rappeler que le taux de croissance  
moyen durant la période 2007-2013 a été de 0,9% pour les pays européens alors qu’il a  
dépassé 5% pour les pays du sud de la zone méditerranée dont fait partie l’Algérie. Malgré  
cela, ces mêmes pays du sud ont des taux de chômage qui oscillent entre 23,6 et 40%, ainsi  
que des facteurs de compétitivité assez faibles. Cela nous amène à rappeler que même si ces  
pays du sud sont parfois dans la croissance, ils ne sont pas forcément dans le  
1
développement . Le problème, c’est que les perspectives de croissance se dégraderont  
2
brutalement à partir de 2020 . La moyenne de croissance du PIB passe de 5.3% en 2010 à 6.8%  
en 2020, pour retomber progressivement à 0.9% en 2030. L’indicateur des ressources  
naturelles est assez lourd d’enseignements. Il nous indique que le taux de croissance des  
pays à fortes ressources naturelles est en partie un taux d’altération de leurs ressources non  
renouvelables et qu’à long terme ces mêmes pays connaissent une chute brutale de leur  
croissance, précisément parce qu’ils n’investissent pas suffisamment dans leur  
développement, l’innovation et leur compétitivité. La chute progressive du cours du pétrole  
depuis mi-2014 (après un prolongement prévisible jusqu’en 2016) ne fait que confirmer cette  
appréciation. En conclusion, c’est surtout à partir de 2020 que la faiblesse des structures  
financières des pays du sud de la méditerranée constituera un point critique de non-retour.  
En ce qui concerne l’Algérie, la phase tampon sera certes peut-être plus longue en raison des  
ressources non négligeables dont elle dispose encore pour plusieurs années, mais sa  
3
compétitivité n’en est pas moins en question pour l’avenir . Les composantes de la  
4
compétitivité des pays selon le WEF sont généralement regroupées dans les 12 catégories  
1
"Dit"autrement,"c’est"de"la"croissance"à"court"terme"que"naîtra"le"contrechoc"de"la"crise,"et"des"visions"à"long"terme"que"surgira"le"  
développement."  
2
"cf."Rapport"du"World"Economic"Forum"I"2011,"«"Scenarios"on"the"future"of"the"Mediterranean"region"–"2030"»"  
" L’Algérie" est" arrivée" aux" limites" ultimes" de" son" économie" de" la" rente" fondée" essentiellement" sur" l’exploitation" d’énergies"  
3
fossiles"et"de"minerais."La"consommation"nationale"d’énergie"primaire"est"passée"de"37.4"Mtep"en"2001"à"53.3"Mtep"en"2013";"  
tandis"que"dans"le"même"temps"les"exportations"sont"passées"de"104.7"Mtep"à"101.5"Mtep."Les"tendances"inversées"de"ces"deux"  
courbes" se" rencontreront" au" mieux" en" 2019I2020." En" 2013," la" production" d’électricité" aura" mobilisé" plus" de" 40" %" de" la"  
consommation"nationale"de"gaz"naturel"alors"que"la"production"nationale"n’a"que"très"peu"évolué,"passant"de"74353"k"tep"en"  
2001"à"77058"k"tep"en"2013,"soit"une"évolution"de"3,63"%."Ajoutée"à"la"tendance"baissière"des"exportations"de"gaz"naturel"de"19,5"  
%"depuis"2005,"il"semble"que"ces"données"ne"soient"pas"favorables"au"maintien"pérenne"d’une"économie"nationale"fondée"sur"la"  
rente"énergétique.""Approximativement,"le"pays"ne"dispose"plus"au"mieux"(cSestIàIdire"à"tendances"constantes)"que"de"5"ans"  
pour"renverser"la"tendance"anxiogène"de"son"économie."Ce"laps"de"temps"peut"se"réduire"sous"l’influence"des"innovations"en"  
matière"d’énergies"renouvelables"ou"des"politiques"énergétiques"extérieures.""  
4
"WEF"«"La"compétitivité"des"pays"arabes"»,"Rapport"2010."  
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suivantes (l'ensemble des institutions, des politiques et des facteurs qui déterminent le  
niveau de productivité d'un pays) :  
1.  
Institutions : éléments indispensables à la compétitivité dans la mesure où  
elles déterminent le cadre juridique et administratif d'interaction entre les  
personnes, les entreprises et les pouvoirs publics pour générer des richesses.  
Par exemple, on inclut dans cette catégorie des droits de propriété clairement  
définis et exercés, une administration publique efficace et transparente, un  
système judiciaire impartial et indépendant, l'assurance d'une sécurité  
physique ainsi que des normes de gouvernance d'entreprise très strictes.  
2.  
3.  
Infrastructure : Élément essentiel à l'activité économique pour un certain  
nombre de raisons. L'infrastructure de transport revêt une importance capitale  
dans l'acheminement rapide et à faible coût des marchandises sur les marchés,  
les services de télécommunication assurent une communication efficace et  
l'approvisionnement en électricité permet une production fluide et  
ininterrompue.  
Stabilité macro-économique : composante importante dont l'absence rend le  
fonctionnement des entreprises difficile. L'inflation limite la capacité des  
entreprises à planifier et à investir, et les climats de lassitude fiscale prolongée,  
une dette publique élevée ou un système financier inefficace peuvent donner  
lieu à une diminution des fonds pour l’investissement ainsi qu’une  
augmentation des taux d'intérêt.  
4.  
5.  
Santé et enseignement primaire : composante cruciale, en effet, une main-  
d’œuvre en bonne santé et scolarisée est bien plus disposée à exploiter  
l'intégralité de son potentiel.  
Il est impossible pour les pays de gravir les échelons du développement sans  
investir dans l'enseignement supérieur et la formation, eu égard aux exigences  
de compétences qu'impliquent les processus de production et d'élaboration de  
produits plus complexes.  
6.  
7.  
Une concurrence vigoureuse est un facteur de rentabilité et d'innovation dès  
lors qu'elle exclut du marché les entreprises inefficaces et facilite l'entrée de  
nouvelles activités.  
Efficience du marché du travail : est un élément nécessaire pour garantir une  
utilisation optimale des talents au sein d'une économie. Un marché du travail  
souple, assorti de structures d'encouragement méritocratiques et dépourvu de  
pratiques discriminatoires à l'encontre des groupes sociétaux est le mieux  
placé pour contribuer à la compétitivité.  
8.  
9.  
L'attention s'est dernièrement fortement cristallisée sur le fonctionnement des  
marchés financiers. Le développement des marchés financiers englobe deux  
facteurs primordiaux d'accroissement de la compétitivité : la rentabilité du  
système financier comme source de financements destinés aux entreprises et la  
stabilité ainsi que la fiabilité du système financier.  
Ouverture à la technologie : traduit l'aptitude d'un pays à adopter les  
technologies les plus récentes et à les utiliser pour accroître la productivité.  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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L'adoption des technologies et l’innovation technologique n’ont pas les mêmes  
effets sur la compétitivité. L'adoption des technologies permet d'accroître la  
productivité des processus existants, tandis que l'innovation repousse les  
frontières technologiques. En grande partie, l'effet d'amélioration de la  
productivité, en particulier sur les marchés émergents encore éloignés des  
frontières technologiques, peut être mis à profit moyennant l'adoption de  
technologies extérieures.  
10.  
11.  
Taille du marché : cette composante est prise en compte en raison des marchés  
de grande envergure qui, considérés comme des marchés intérieurs et élargis  
par les marchés internationaux, permettent aux entreprises de réaliser des  
économies d'échelle.  
Sophistication des entreprises : joue un rôle en faveur de la productivité. La  
présence de clusters accentue la rentabilité de nombreux processus au sein des  
entreprises, tandis que les activités de type marketing et distribution  
augmentent la productivité par le truchement d'une hausse de la valeur des  
produits et des services.  
12.  
Comme indiqué plus haut, la composante d'Innovation peut repousser les  
frontières technologiques. Les entreprises des économies développées peuvent  
uniquement maintenir les niveaux de salaire élevés dans leur pays en  
déplaçant les frontières technologiques vers l'extérieur ; aussi se doivent-elles  
d'élaborer des produits et des services de pointe et/ou d'employer des  
processus uniques (distinctifs).  
Les piliers essentiels pour les économies dont le développement est tiré par les dits  
« facteurs » reposent sur des paramètres de base (institutions, infrastructure, stabilité  
macroéconomique, santé et enseignement primaire). Les piliers essentiels pour les économies  
dont le développement est tiré par l'efficience reposent sur des sources d'efficience  
(enseignement supérieur et formation, efficience des marchés des produits, développement  
des marchés financiers, ouverture à la technologie, taille du marché, concurrence  
vigoureuse). Les piliers essentiels pour les économies dont le développement est tiré par  
l'innovation reposent sur des sources d’innovation et de sophistication (sophistication des  
entreprises et l’innovation). Au demeurant, ajoutons notamment que pour assurer croissance  
et développement aux pays émergents, et particulièrement dans la région MENA, la Banque  
mondiale promeut le renforcement des 4 piliers de l’économie de la connaissance par l’appui  
à des politiques publiques en matière d’institutions économiques et politiques (diminution  
des barrières douanières, état de droit, respect de la propriété intellectuelle etc.), d’éducation  
(alphabétisation, enseignement secondaire et supérieur...), de technologies de l’information  
et de la communication (e-development, e-administration, e-sourcing, e-procurement...), et  
des systèmes d’innovation (R&D, articles scientifiques et techniques publiés, dépôt de  
brevets et de marques...). La croissance par l’innovation que semble appelé de ses vœux le  
WEF n’est donc pas un programme spécifique en soi mais s’insère dans une politique  
générale plus large de soutien à la croissance en matière de gouvernance publique, de  
soutien au secteur privé et à la création d’emplois, de participation de la société civile et des  
femmes, de l’investissement dans l’éducation, de gestion des ressources. Comme on peut  
s’en rendre compte dans la figure 1, les pays du Maghreb se situent à un niveau de  
compétitivité relativement faible et ne font pas reposer leur développement sur l’innovation,  
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à peine sur des facteurs d’efficience relativement maigres. Les défis de l’innovation sont  
donc intacts et nombre de mesures devront être engagées pour préparer un avenir post-  
hydrocarbure pour l’Algérie ou post-tourisme pour d’autres pays du Maghreb.  
Figure 1 : Les pays du Maghreb entre facteurs et semi-efficience.  
Avec un PIB de 160.3 milliards de dollars et plus de 173 milliards de réserves de  
change, l’Algérie n’est pas aux abois, même si elle reste à un niveau relativement faible si  
l’on ramène le PIB aux 35.4 millions d’habitants, ce qui nous ramène à un niveau 7 fois  
inférieur à celui de la Grèce et presque 3 fois en dessous de la Libye (en 2012). Les capacités  
stratégiques d’un pays sont une combinaison intelligente et forte de ressources, d’une  
économie de la connaissance et de compétences et savoir-faire. Or, si l’Algérie détient des  
ressources incontestables, elle n’est pas à ce jour en possession d’une réelle économie de la  
connaissance et de compétences fondamentales et compétitives. C’est un handicap majeur  
pour un rattrapage économique en période de crise internationale. L’une des voies possibles  
est le développement en réseau, en clustering, qui consiste à mettre sur pied tous les  
paramètres favorables aux investissements innovants localisés dans des lieux dédiés.  
3. Des opportunités de développement en réseau  
Une métamorphose des organisations mérite d’être questionnée, celle de la  
substitution de la notion réseau à celle de l’organisation associée notamment à des  
dynamiques de territoires.  
3.1 De la nature du réseau  
Si Froehlicher et al. (2001) tendaient à considérer que les compétences relationnelles  
des entreprises étaient devenues indispensables et qu’elles occasionnaient des  
métamorphoses profondes des organisations, le réseau est une forme d’organisation très  
ancienne remontant au moyen âge (Braudel, 1985). Il est resté pendant plusieurs siècles le  
modèle dominant caractérisant les transactions commerciales avant la révolution industrielle  
et l’apparition de la grande firme intégrée. Fernand Braudel (1985) a d’ailleurs montré  
l’existence de véritables « clusters » qui se sont développés en Europe et ont permis à  
certaines villes de bénéficier d’un rayonnement international singulier. Assens (2003)  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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identifie trois phénomènes concomitants pouvant expliquer le regain d’intérêt du réseau en  
gestion à savoir, la mondialisation des échanges, les nouvelles technologies de l’information  
et la décentralisation des décisions. En effet, le réseau apparaît comme un mode  
d’organisation adapté à la mondialisation des échanges en permettant de relier des centres  
de décision autonomes (institutions, des banques, des États, des consommateurs, des clients,  
des actionnaires, etc.), entre différents marchés et territoires. Toutes les parties prenantes  
d’une entreprise peuvent être impliquées dans cette logique de ramification, à tel point que  
Callon (1991) substitue la notion de réseau à celle d’organisation. Le réseau est assimilé à une  
structure de transport qui offre la possibilité de réguler des flux de communications, ou des  
échanges de biens ou de personnes. Ce faisant, l’ensemble des réseaux dont la fonction  
principale réside dans le transport de ressources tangibles ou intangibles contribue à  
structurer le champ social, en permettant à des acteurs d’entretenir des liens affectifs,  
amicaux ou corporatistes, au même sens que Braudel (1985). Et c’est la raison pour laquelle  
ces réseaux de transport jouent un rôle majeur dans l’urbanisation et l’aménagement  
d’espace. Ce qui leur confère également une dimension économique par la valeur ajoutée  
qu’ils procurent aux membres.  
Toutefois, même si le réseau offre une réalité différente, selon l’angle d’analyse,  
économique, sociologique, territorial, il conserve des caractéristiques essentielles et  
invariables. Ainsi, un réseau est toujours composé de nœuds, c'est-à-dire de points  
d’interconnexions capables d’émettre ou de recevoir des communications, capables de  
participer aux échanges ou de structurer les flux de transport. Ces nœuds sont reliés par des  
connexions qui traduisent la nature des échanges, leur périodicité, leur force, leur densité,  
etc., et ils occupent des positions qui sont susceptibles d’évoluer comme dans un réseau  
social ou qui demeurent figées comme dans un réseau technique ou territorial. Ces positions  
témoignent du rôle ou de la fonction assumés par chaque nœud à l’égard des autres  
membres du réseau.  
Le concept de réseau repose ainsi sur quelques principes immuables l’autonomie des  
nœuds, l’interdépendance des nœuds et l’éloignement des nœuds (Assens, 1996). Le concept  
de réseau met donc l’accent sur l’articulation des relations entre les éléments d’une  
organisation, bien davantage que sur la nature des éléments eux-mêmes. La plupart des  
recherches en gestion sur le réseau découlent de ce constat. Elles focalisent l’analyse sur les  
processus d’interactions entre les membres d’un réseau, dans les alliances stratégiques  
interentreprises (Aliouat, 1996 ; Gulati 1998), dans les relations de confiance entre acteurs,  
dans les participations croisées entre différents conseils d’administration. Autant de  
questions qui portent sur la dimension ontologique des réseaux, analysée en fonction de la  
contingence de l’environnement et de la volonté des membres fondateurs. Car toute la  
difficulté de générer des coopérations réside à en faire converger les intérêts et les  
motivations parfois disparates des différents acteurs.  
3.2 De l’objet des réseaux  
Les motivations des acteurs sont très diverses à l’origine des réseaux. De nombreux  
auteurs se sont interrogés sur les causes d’apparition du réseau d’entreprises. Assens (2003)  
pose ainsi la question de savoir si le réseau est construit par une grande firme dont les  
activités se ramifient ou est-il le fruit d’interactions entre plusieurs petites sociétés ? Faut-il  
attribuer son origine à une décision intentionnelle ou à la nature d’un environnement  
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spécifique ? Trouvons-nous des réseaux dans tous les secteurs d’activités ou dans des  
domaines particuliers ?  
3.2.1 Le réseau comme réponse à la complexité des environnements  
Sur le plan économique, certains arbitrages conditionnent le choix d’une forme  
d’organisation pour les entreprises. Ces arbitrages s’opèrent selon un raisonnement décrit  
par la théorie des coûts de transactions (Williamson 1983) pour savoir s’il est plus rentable  
d’internaliser ou d’externaliser une activité, et par la théorie de l’interdépendance mutuelle  
des ressources (Pfeffer et Salancik, 1978), pour savoir comment contrôler les activités dont  
dépend l’avenir de l’entreprise. Ajoutées à la théorie des organisations, ces approches  
traitent l’entreprise comme un système ouvert en relation d’échanges avec leur  
environnement qu’elles aménagent, et dont elles tirent profit pour l’acquisition de leurs  
ressources et l’écoulement de leur production (Van de Ven, 1976). C’est précisément de ces  
échanges que naissent des relations de pouvoirs destinées à contraindre les décisions et les  
comportements d’autres organisations (Pfeffer, 1985). C’est le rôle du réseau dans la  
formation des alliances stratégiques qui s’impose ici.  
La création d’un réseau répond effectivement à des contraintes extérieures poussant les  
firmes à se regrouper, mais également à une volonté de partenariat pour obtenir des  
avantages compétitifs. La théorie de l’avantage concurrentiel (Porter, 1986) considère que  
l’alliance permet d’optimiser les chaînes de valeur respectives des entreprises liées par  
l’accord. Dans le domaine des coûts de transactions, Jarillo (1988) présente le réseau comme  
une logique de cotraitance, alternative à la sous-traitance et à l’intégration. On parle  
aujourd’hui de colocalisation des processus de production. D’après ces travaux, dans  
certaines conditions d’environnement le réseau permet de diminuer les coûts de transaction.  
Le réseau d’entreprises émerge ainsi dans des industries de pointe ou dans des secteurs de  
service, caractérisés par des cycles de vie courts. Dans cet environnement particulier, les  
relations de confiance au sein du réseau facilitent la rapidité d’exécution et la flexibilité  
nécessaire aux évolutions technologiques et commerciales. Elles évitent le recours, sur un  
marché, à des intermédiaires nombreux pour négocier des contrats et, par conséquent, le  
risque d’opportunisme. Précisions que le contrôle de la dépendance des ressources ne résulte  
pas de facteurs internes (spécificité des actifs et compétences distinctives), ou externes  
(contrôle des ressources rares), mais de la capacité à préserver ou enrichir un capital  
relationnel (Dyer et Singh, 1998).  
Selon Pfeffer et Salancik (1978), la relation au sein du réseau permet d’obtenir de  
l’information sur les activités des autres firmes qui influencent son propre résultat,  
d’introduire de façon récurrente des conventions de comportement avec les autres, d’obtenir  
le soutien d’une partie importante de son environnement auprès des fournisseurs, clients,  
concurrents et partenaires éventuels, de légitimer son rôle et sa fonction à l’égard des autres  
et d’instaurer un consensus social basé sur la confiance mutuelle. Dès lors, les interactions,  
dont le but est de stabiliser les termes des transactions, constituent « l’environnement  
négocié des firmes » (Pfeffer et Salancik, 1978).  
3.2.2 Le réseau comme choix stratégique  
Le réseau, dans la plupart des cas, est aussi une démarche stratégique pour atteindre  
un avantage compétitif de type coopératif (Dyer, Singh, 1998). Cette volonté collective peut  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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être incarnée soit par une firme pilote et centrale qui fédère des firmes périphériques, soit  
par une communauté de PME qui souhaitent se regrouper dans une structure sans pilote  
(Gastaldi, 2000). À chaque fois, les fondateurs du réseau prennent conscience de l’intérêt  
mutuel d’une mise en relation, récurrente et durable, de leurs ressources et compétences. Cet  
intérêt repose sur le principe de la connivence entre acteurs et de la coopération entre  
entreprises.  
Vu sous cet angle, le réseau offre alors des possibilités de business development, qui  
dépasse très largement la capacité individuelle de chacun des membres. Dans cette optique,  
les alliances au sein d’un réseau sont « protégées » des risques d’opportunisme de l’un des  
partenaires, à cause des barrières à l’entrée et des barrières à la sortie, érigées à travers les  
règles communes d’échange (Noteboom, 2006).  
Dans le réseau, les alliances sont donc récurrentes, tout en impliquant davantage de  
parties prenantes (Gulati 1998). Dans ces conditions, les membres du réseau peuvent réaliser  
des économies d’échelle, partager des risques financiers ou innover par une fertilisation  
croisée des méthodes en recherche et développement (Assens, Baroncelli et Froehlicher,  
2002). Cette vision économique du réseau est complétée par une approche sociologique,  
celle-ci explique que les alliances sont sous-tendues sur le plan social par une logique de  
coopération entre acteurs au sein des entreprises membres du réseau (Granovetter, 1985). Il  
précise que cette coopération est d’autant plus efficace que les acteurs sont encastrés dans  
une même communauté, partageant un code de conduite, ou un code de l’honneur les  
protégeant mutuellement des comportements déviants.  
D’après ce constat, le champ des conventions sociales est susceptible de réguler les  
transactions économiques de façon beaucoup plus fine que le simple arbitrage par les prix.  
Granovetter (1985) met ainsi l’accent sur la force des « liens faibles », liens amicaux ou  
affectifs noués entre les acteurs, pour soutenir les « liens forts », liens marchands ou  
financiers noués entre les entreprises. Par ailleurs, dans une politique d’émergence  
d’écosystèmes d’affaires, tous les acteurs de l’économie, de la formation, de la  
recherche,…agissent de concert. Et permettent des actions de coévolution. De co-innovation.  
L’idée est de faire en sorte que des ensembles d’activités se construisent sur un territoire  
précis pour répondre à des marchés donnés qui se réinventent sans cesse. Le moteur d’une  
économie pérenne c’est d’abord de développer une activité pour répondre à un besoin  
existant. Puis cette activité engendre à son tour une multitude de besoins induits,  
susceptibles de susciter à leur tour de nouvelles opportunités commerciales. Cette logique  
n’a pas d’autres limites, en théorie, que celles de la créativité humaine…et donc de  
l’innovation.  
On part d’une logique de marché, d’une approche client. Pas de ressources non  
renouvelables à transformer coûte que coûte. C’est la grande différence avec les logiques  
industrielles dans lesquelles un pays fondé sur la rente comme l’Algérie investit depuis 50  
ans. C’est aussi le travers des entreprises privées en Algérie. Elles ne cessent de vouloir  
trouver des débouchés industriels aval à leur production amont sans se soucier des besoins  
réels du marché. Investissant dans des secteurs avals saturés et détruisant ainsi un tissu  
industriel local utile à des équilibres sociaux. Comme l’indique James Moore (1996), un  
écosystème d’affaires nait de l’interaction entre tous les organismes du monde des affaires :  
des entreprises et des individus. Cet écosystème d’affaires va produire des biens et des  
services en apportant de la valeur aux clients, qui font eux-mêmes partie de cet écosystème.  
© Revue Française de Gestion Industrielle - Vol 34, N° 2  
34  
B. ALIOUAT, H. NEKKA & Z. YANAT  
Les membres vont inclure les fournisseurs, les producteurs, les concurrents et autres parties  
prenantes comme les organismes de formation ou de recherche. À travers le temps, ils vont  
faire co-évoluer leurs compétences et leurs rôles, et vont tendre à s’aligner eux-mêmes sur la  
direction d’une ou de plusieurs entreprises centrales (publiques ou privées). Ces entreprises  
vont détenir un rôle de leader qui peut évoluer à travers le temps mais la fonction d’un  
leader de l’écosystème sera d’apporter de la valeur à la communauté car il va engager les  
membres à agir en partageant une vision pour adapter leurs investissements et trouver des  
rôles d’appui mutuels. L’État devient un facilitateur de partenariats et d’alliances  
stratégiques entre entreprises privées ou publiques, amont et aval, Recherche/formation et  
entreprises,….Les relations de partenariats et d’alliances se démultiplient naturellement dans  
ces écosystèmes d’affaires régulés. Ensuite, le revenu final de l’opération sera partagé entre  
les différentes parties prenantes composant la chaîne des opérations. Les partenariats  
peuvent concerner tout à la fois la mise en commun de ressources ou le partage de  
compétences et ainsi entraîner un partage de risque global.  
3.3 Du mode de fonctionnement du réseau d’entreprises  
Le réseau possède des propriétés de fluidité par la polyvalence des configurations et de  
stabilité par la solidité de la trame relationnelle. La difficulté consiste à réguler  
harmonieusement cette dualité fragile de l’intérieur (conventions, pilote) ou de l’extérieur  
(médiateur, marché). Il s’agit à présent de décrire et d’expliquer les processus de régulation  
qui vont guider et coordonner les comportements au sein du réseau.  
3.3.1 Classification des réseaux d’entreprises  
Il convient tout d’abord de s’interroger sur le mode de pilotage. En théorie, le réseau  
fonctionne soit sur un mode supervisé, avec un ou plusieurs pilotes, identifiés et actifs, soit  
sur un mode d’autodétermination en l’absence de pilote (Assens 2001). Cette distinction  
nous conduit à classer les formes de réseaux d’entreprises dans deux catégories : les réseaux  
en étoile (ou star) et les réseaux de type communautaire. Dans la structure en étoile  
(structure star), le pouvoir de décision est réparti de façon inégale entre les partenaires. L’un  
des membres occupe une position dominante qui lui permet de coordonner et réguler les  
connexions avec les autres membres. En revanche, dans le réseau communautaire la fonction  
de pilotage est distribuée entre les membres. Il s’agit d’une architecture où toutes les  
entreprises sont reliées, sans qu’aucune ne détienne un rôle de régulation privilégié (comme  
dans le cas d’un « district industriel » européen).  
Les réseaux d’entreprises se distinguent aussi par la nature des mécanismes de  
régulation pour assurer la coordination au sein du réseau. Nous prenons deux exemples  
pour illustrer les différences entre les modes de régulations. Tout d’abord le cas des grandes  
multinationales européennes et américaines qui s’organisent en réseau afin d’obtenir  
davantage de souplesse de fonctionnement par rapport à l’intégration et davantage de  
sécurité par rapport au marché. Ici les mécanismes de régulation sont surtout économiques.  
L’établissement de contrats, l’élaboration en commun de procédures et la négociation des  
prix permettent aux membres d’ajuster mutuellement les coûts d’approvisionnement, de  
production ou de diffusion. Dans ces conditions, le réseau star devient un moyen de  
diminuer les coûts de transactions pour l’ensemble des partenaires et pas seulement pour le  
pilote en position de commanditaire ou de coordinateur. Le réseau en étoile est alors assimilé  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
35  
à un système d’échanges, capable de planifier et de réagir comme une grande entreprise  
intégrée et dont l’efficacité interne serait comparable aux mécanismes de marché.  
3.3.2 Pour un modèle composite des réseaux  
Le réseau de firmes (business network) intrigue les chercheurs anglo-saxons qui  
considèrent qu’il s’agit d’une forme d’organisation transitoire et non permanente, au  
caractère hybride: une sorte de quasi-marché ou de quasi-hiérarchie (Williamson, 1983).  
Dans la littérature italienne à l’inverse, les chercheurs sont davantage convaincus de  
l’importance des réseaux dans la structuration de l’économie, même si la connaissance  
demeure souvent factuelle et difficile à modéliser. Pour de nombreux auteurs comme Callon  
(1991), Aliouat (1996), Dyer et Singh (1998), ou Assens (2002), cette difficulté à saisir l’essence  
du réseau provient du changement de paradigme requis dans l’observation des entreprises.  
Pour comprendre le fonctionnement d’un réseau, il convient d’étudier les relations entre les  
firmes plutôt que de se focaliser sur la nature des firmes elles-mêmes, que ce soit au niveau  
des ressources rares (Wernerfelt, 1984) ou des compétences clés (Barney 1991), ou que ce soit  
au niveau des frontières traditionnelles de l’organisation sur le plan patrimonial ou  
managérial, frontières jugées inopérantes selon Weiss (1994).  
À travers les relations entre firmes, le réseau introduit une remise en cause importante  
des rôles et des statuts des intervenants : des alliances se nouent entre des concurrents et des  
fournisseurs deviennent clients. Ces phénomènes nous conduisent à envisager une nouvelle  
division du travail, entre des centres de décision dont les activités peuvent se chevaucher ou  
se compléter selon les circonstances. Avec la multiplication des ramifications internes et  
externes, l’organisation productive ne connaît plus de limites géographiques ou physiques,  
dans la mesure où les responsabilités et les enjeux s’étendent sur le plan territorial ou  
patrimonial. En effet, le réseau n’est pas forcément circonscrit par les limites d’un territoire,  
car il est toujours possible de coordonner un travail à distance grâce aux TIC. De même, les  
barrières du capital ne s’appliquent pas nécessairement, dans la mesure où les membres ne  
sont pas toujours intégrés dans une seule et même structure financière. Cependant, de  
nouvelles frontières sont instaurées, dans les conventions sociopolitiques (Granovetter, 1985)  
et dans l’harmonisation d’interface de communication (Curien 2000), par le partage  
d’intérêts communs.  
4. L’opportunité du « Clustering » en Algérie  
Conscient de l’intérêt historique, économique et social de la dynamique territoriale  
pour l’irruption ou le développement d’entreprises compétitives, nous assistons, depuis  
plusieurs années et partout à travers le monde, à l’instauration de politiques convergentes  
favorables à l’émergence de milieux innovants et durables. Ces politiques ont visé à  
construire des districts, des clusters, des parcs d’activités, des parcs technologiques ou plus  
récemment en France, des pôles de compétitivité. Ces effets permettent de lutter notamment  
contre le nomadisme industriel qui fragilise les équilibres économiques et sociaux. Ces choix  
sont souvent le fait d’entrepreneurs innovants sur des territoires appropriés et d’initiatives  
d’États soucieux de consolider leur compétitivité en matière d’innovation et leur capacité  
stratégique à long terme.  
Cette politique de réseau au sens large consiste à mettre sur pied tous les paramètres  
favorables aux co-investissements innovants localisés dans des lieux dédiés. La question que  
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B. ALIOUAT, H. NEKKA & Z. YANAT  
pose notre travail est donc de savoir de quel degré de réseau et de « clustering » dispose  
l’Algérie pour s’engager dans une compétition mondiale ?  
4.1 La formation des réseaux d’innovation territoriaux  
Les travaux de Marshall en 1891 sur les districts industriels, Porter (1998, 2000), ou  
encore Saxenian (1994) construisent les premières bases pilotes à propos du phénomène  
nouveau des logiques de réseaux d’innovation en analysant le fonctionnement et la  
gouvernance des réseaux qui se forment entre des entreprises et des institutions  
géographiquement proches. Ces dernières sont interdépendantes et liées par des métiers, des  
technologies et des savoir-faire communs. Ce sont des « clusters » dont la particularité est de  
générer un avantage compétitif significatif pour la nation toute entière. Cette structure de  
cluster marque un tournant dans nos logiques économiques et stratégiques, et va servir  
d’instrument de conversion des systèmes industriels classiques existants vers des modèles  
réticulaires et pluri-compétents fondés sur des synergies locales entre des organismes de  
recherche, de formation et des entreprises.  
Les réseaux d’innovation technologique renvoient le plus souvent à des exemples  
réussis de territoires et de projets innovants au plan international et européen, à l’image des  
clusters (Porter, 1998) et des districts industriels (Marshall, 1910 ; Becattini, 1990). La  
proximité géographique, institutionnelle et organisationnelle de ces réseaux a d’abord été  
étudiée en économie spatiale dont les travaux abordent les milieux innovateurs à travers  
leurs relations localisées et coordonnées comme fondement principal de la compétitivité  
territoriale (Becattini et Rullani, 1995). L’économie géographique s’est emparée également du  
sujet pour mettre davantage en exergue la dynamique de proximité en opposant forces  
d’agglomération et effets de dispersion.  
Les ancrages territoriaux, les trajectoires d’évolution, la path dependency, ou encore les  
investissements de proximité et la fidélisation à un territoire par les coûts de sortie  
prohibitifs s’inscrivent dans ces courants théoriques (Colletis et al., 1997). La sociologie ou les  
sciences de gestion ont cherché ensuite à enrichir l’analyse des formes de coordination au  
sein de ces relations localisées en ne se limitant plus exclusivement aux aspects matériels de  
la proximité spatiale afin de mieux comprendre soit la structure des interactions entre  
individus encastrés (Granovetter, 1985) soit l’intensité stratégique de tels réseaux pour la  
compétitivité des entreprises (Porter, 1998). Notre travail, focalisé à la fois sur la nature des  
réseaux et la dynamique d’acteurs/projets au sein d’un territoire donné, s’inscrit dans le  
prolongement de ces approches (Cooke et Piccaluga, 2005). La notion de réseaux  
d’innovation à laquelle nous faisons référence implique dans un premier temps d’opérer une  
distinction avec les réseaux d’entreprises engagées dans un processus d’innovation en  
commun, et dans un second temps de proposer une définition du réseau d’innovation  
territorial et de ses variantes. Nous confrontons ensuite ces réseaux d’innovation territoriaux  
à la question du choix de clustering pour les opérateurs institutionnels et économiques  
algériens.  
4.1.1 Du réseau d’entreprises aux réseaux d’innovation territoriaux  
Les réseaux d’entreprises sont construits autour d’une firme pivot ou d’un centre  
stratégique qui pilote un ensemble d’entreprises satellites. La position de la firme pivot est  
généralement dominante et cette domination est de nature économique ou technologique.  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
37  
Lorsque ces réseaux se structurent autour de projets d’innovation, on note que ces formes  
d’alliances stratégiques permettent d’appliquer avec plus d’efficience les connaissances  
acquises au sein du réseau (Baden-Fuller et Grant, 2004).  
Le réseau d’innovation se définit, quant à lui, comme un ensemble coordonné d’acteurs  
hétérogènes (entreprises concurrentes ou non, laboratoires privés et publics, fournisseurs,  
clients, organismes financiers…) qui réalisent collectivement la conception, l’élaboration, la  
fabrication et la diffusion d’une innovation (Loillier et Tellier, 2002 ; Puthod et Thevenard-  
Puthod, 2006). Les réseaux d’innovation territoriaux comprennent une dimension de  
proximité géographique comme facteur incitatif de coopération et peuvent prendre  
différentes formes : les districts industriels (Becattini et Rullani, 1995), les Systèmes  
Productifs Locaux (SPL) (Carluer, 2005), les technopôles (Callon, 1991), les clusters (Porter,  
1998), et les pôles de compétitivité (Aliouat, 2010). Ils se transforment et s’étendent pour  
intégrer de nouvelles ressources afin de créer leur avantage compétitif.  
Les districts industriels prennent la forme de relations interentreprises encastrées dans  
des zones géographiques favorables. Ils permettent de bénéficier d’effets d’agglomération et  
d’économie d’échelle conformément à la tradition marshallienne. Les Systèmes Productifs  
Locaux, nés d’une loi d’Orientation et d’Aménagement du Territoire en 1995, sont  
comparables aux districts mais ne se limitent pas aux relations de sous-traitance, ni même à  
une seule branche d’activité. Les technopôles en France se définissent comme « des  
concentrations géographiques locales d’entreprises innovantes, situées à proximité de  
centres de recherche et de formation scientifiques, dans le but de former ensemble un micro  
système innovant » (Ruffieux, 1991, p.375). Les clusters sont des pôles de compétence  
régionaux qui intègrent toutes les phases de la chaine de valeur économique (conception,  
production, distribution). Ils sont spécialisés dans un domaine technique et susceptible de  
procurer à leurs membres un avantage compétitif mondial. Les pôles de compétitivité (dans  
le dispositif français de la loi de 2005) constituent quant à eux plus spécifiquement des  
réseaux de connaissances.  
4.1.2 De la spécificité des pôles de compétitivité  
Les pôles de compétitivité ont donc un périmètre ouvert à trois ensembles d'acteurs :  
des entreprises, des acteurs de la recherche et des pôles de formation supposés constituer un  
terrain favorable à l'innovation, notamment parce qu’ils offrent une opportunité réelle de  
développer en leur sein des processus d'innovation ouverts multipliant les liens entre acteurs  
(essaimages, octroi de licences, partenariats en R&D,…). À ce titre, ils contribuent à accroître  
l'efficience et l'efficacité de la R&D et de l'innovation (Chesbrough, 2003, 2006). On observe  
d’ailleurs que ces réseaux développent des formes de croissance nouvelles qui se propagent  
aux autres activités locales, notamment de service et de sous-traitance (Aliouat, 2010). Les  
différences majeures que nous observons entre les réseaux d’innovation classiques et les  
Pôles de compétitivité peuvent être résumées en cinq considérations. Une considération  
temporelle car les pôles de compétitivité (réseaux de connaissances) peuvent absorber des  
temps de coordination plus longs que les réseaux d’innovation (plus sensibles aux risques  
d’obsolescence) ; de gouvernance dans le sens où les réseaux d’innovation comprennent des  
firmes pivots alors que les pôles de compétitivité sont coordonnés et pilotés par des  
entrepreneurs institutionnels ; une considération politique à l’origine des pôles de  
compétitivité tandis que les réseaux d’innovation classiques émergent sous l’impulsion  
d’entrepreneurs, c’est-à-dire bottom-up, une considération liée  
à
leur mode de  
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fonctionnement dans le sens où la volonté politique des pôles crée des interactions entre  
formation, recherche et entreprises, alors que les réseaux d’innovation classiques peuvent ne  
contenir que des entreprises. Contrairement aux districts et aux clusters, les pôles de  
compétitivité ne sont pas des unités émergentes dites « bottom-up », mais plutôt des  
prolongements des SPL et des technopôles qui sont issus d’initiatives publiques (« top  
down »).  
4.2 Quid des réseaux d’innovation en Algérie ?  
En Algérie, le territoire régional ou local laisse émerger des initiatives  
entrepreneuriales qui sont parfois complètement dissociées d’une volonté politique  
nationale. D’Est en Ouest, les entrepreneurs innovants se saisissent de leur terroir pour en  
valoriser toutes les ressources. Toute la question est de savoir si l’on peut favoriser et inciter  
ces échanges relationnels dans un territoire donné, et par conséquent favoriser des pratiques  
de co-innovation en réseau impulsée par des acteurs institutionnels. Une comparaison avec  
des modèles étrangers nous éclaire sur l’intérêt des pôles de compétitivité et sur le degré de  
clustering à construire.  
4.2.1 Le réseau comme espoir de développement économique en Algérie  
Les clusters, les districts, les grappes, ou les pôles de compétitivité constituent un  
thème sur lequel un grand nombre d’acteurs économiques, institutionnels et politiques  
fondent des espérances de croissance, d’innovation et de projets entrepreneuriaux  
conséquents en Algérie. Les initiatives verticales, locales ou de réseaux horizontaux ont  
toutes le même objectif, favoriser l’essor industriel par la dynamisation de pôles d’excellence  
sur des domaines bien identifiés. Les secteurs technologiques concernés sont nombreux et  
présentent des potentiels de développement stratégiques (Energies, Banque, Tourisme, TIC,  
Logiciels, Télécommunications, Biotechnologies, Agriculture,…).  
Ces orientations stratégiques requièrent des compétences multiples qu’il est utile  
d’articuler en réseau sur des bases collaboratives actives et entrepreneuriales (Intelligence  
économique, Gestion de la connaissance, Sciences de l’ingénieur, R&D, RID, Recherche  
fondamentale, Incubateurs, Gestion de projets, Financement de projets, Capital-risque,  
Politiques incitatives,…). Le développement des pôles de compétitivité vise à tisser des axes  
autour d'acteurs locaux forts et responsables. Le principe général de ces pôles est de  
favoriser la coopération en matière de Recherche-Innovation-Développement (RID), sur un  
territoire donné, de trois types d'acteurs, jusqu'à présent insuffisamment en contact (les  
entreprises, les centres de formation, initiale ou continue, et les unités de recherche,  
publiques comme privées). Cette coopération doit s'effectuer autour d'un ou plusieurs  
projets communs, à caractère innovant et disposant de la taille nécessaire à une visibilité  
internationale. Le soutien des pouvoirs publics à ces collaborations par la distribution d’un  
certain nombre d'aides financières peut contribuer au fonctionnement de ces pôles et au  
financement de certains projets communs. Dans ce contexte, l’innovation apparaît comme le  
résultat d’un système complexe d’interactions entre une grande diversité d’organisations.  
4.2.2 Le réseau est-il une voie réaliste pour assurer le développement en Algérie ?  
Vu les principes de clustering précités, l’Algérie est-elle un pays qui favorise  
l’émergence de projets d’investissement, de start-up ou de pépinières d’entreprises  
nouvelles ? Permet-elle de consolider sa chaîne de valeur globale propice à l’amélioration de  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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ses capacités d’innovation et de sa compétitivité au plan international ? Les rankings agrégés  
de la Banque Mondiale laissent entrevoir un déficit d’efforts depuis 2010, et observent encore  
peu de résultats significatifs pour la compétitivité comparée de l’Algérie (154ème pays en  
2015 avec une perte de 9 places depuis 2011, 7 de 2014 à 2015). Le pays est encore 141ème  
dans le peloton de queue des nations pour la facilité à monter des affaires, dans l’amorçage  
de Start up ou d’affaires nouvelles. Par ailleurs, les ingrédients étatiques d’une compétitivité  
économique (droits de propriété, sécurisation des contrats, taxations, flexibilité législative,  
rapidité et agilité des procédures, protection des investisseurs et des parties prenantes,  
emplois,…) sont en perte de vitesse, et l’innovation ne semble pas non plus être au cœur  
d’une économie qui reste encore fondée sur la captation de rentes et non sur la création de  
richesses nouvelles. Les entrepreneurs et les porteurs de projets innovants ont à surmonter  
des contraintes d’environnement qui engendrent des coûts prohibitifs (importation de  
ressources matérielles transformées, importation de compétences et d’expertises, rigidité des  
procédures d’acquisition de ressources diverses,…).  
Les indicateurs de coûts, de temps, de procédures et de dépôts de capital minimum  
nous permettent de conclure qu’en Algérie les procédures sont denses, rigides et longues,  
même si elles sont parfois moins coûteuses dans leur ensemble comparées à celles des pays  
Nord-africains et Moyen-Orientaux. Ces éléments de contreperformance ne sont pas  
propices à des dispositifs de clusters et nous ne pouvons les ignorer dans la mise en place de  
ces dispositifs. L’enregistrement de la propriété cumule aussi des indicateurs peu compétitifs  
de temps, de coût et de procédures. Les indicateurs d’obtention de crédits placent également  
l’Algérie dans les pays les moins incitatifs de l’entrepreneuriat privé, et ce de manière  
constante de 2008 à 2015. Le pays demeure ainsi en 2015 à la 171ème place au niveau  
mondial des pays facilitateurs de l’obtention de crédits (avec une perte de 42 places depuis  
2013). Il est également 132ème des pays protecteurs des investisseurs minoritaires (perte de  
59 places depuis 2010), 120ème des états de garantie contractuelle et de force exécutoire des  
contrats, 131ème des pays facilitateurs des activités transfrontalières et 176ème des états de  
taxation (perte de 17 places par rapport à 2012 après un gain de 4 places par rapport à 2010).  
Ces rankings nous indiquent que l’Algérie ne constitue pas encore un substrat favorable à  
l’émergence d’un entrepreneuriat dynamique et innovant qui permettrait au pays de  
substituer au modèle de captation de la rente fondée essentiellement sur l’exploitation des  
énergies fossiles, une économie entrepreneuriale créatrice de richesses en complément et en  
renforcement de la rente pétrolière. L’Algérie ne favorise pas encore l’émergence  
d’indicateurs facilitateurs de Start-up et de pépinières d’entreprises privées orientées vers  
l’innovation industrielle ou servicielle.  
4.2.3 Des volontés et des actes pour le développement des réseaux d’innovation en  
Algérie  
Les différentes formes de réseau évoquées sont des réseaux d’innovation assez  
proches, leur objectif est d’améliorer la compétitivité d’une nation pour l’économie de  
demain. Cependant, si l’Algérie doit encore favoriser, comme on vient de le voir,  
l’émergence de PME-PMI, dispose-t-elle des potentiels en formation et en recherche propres  
à ces réseaux d’innovation ? Il faut ici poser le postulat positif suivant : en 1962, l’Algérie  
comptait à peine quelques centaines d’étudiants dont 3% en sciences et technologie (deux  
écoles, une seule université sur Alger et ses deux annexes à Oran et Constantine).  
Aujourd’hui, le pays compte près de 1 200 000 étudiants, 25 Universités, 14 Centres  
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universitaires, 16 Écoles et Instituts avec une très forte proportion de formations  
technologiques et ingénieures.  
L’une des premières initiatives algériennes, le Cyberparc d’Alger, créé par décret N°  
04-275 du 05 septembre 2004, est assimilé à une grappe technologique s’insérant dans un  
périmètre urbanisable (le pôle urbain de Sidi Abdallah sous l’autorité du Ministère de  
l’aménagement du territoire et de l’environnement et du tourisme) où une surface est  
affectée au parc technologique (sous l’autorité du Ministère de la Poste et des Technologies  
de l´Information et de la Communication). Il est conçu au profit d’opérateurs nationaux et  
étrangers opérant dans le domaine des TIC. Le site entend comme n’importe quel cluster  
attirer des entreprises et des projets par des relais efficaces et attractifs. Une firme de  
dimension internationale dans le domaine des TIC est particulièrement recherchée. Dans la  
tradition des effets de clustering progressif, un deuxième parc technologique régional est  
prévu à Annaba.  
Toutefois, il serait discutable de ne pas attendre les effets d’encombrement nécessaires  
sur le site d’Alger avant de concevoir le site d’Annaba. D’ailleurs, le Cyberparc d’Alger a une  
vocation nationale et même mondiale. Ce qui laisse entendre qu’il souhaite satisfaire des  
besoins qui dépassent la région d’Alger. La question reste cependant entière, le pays offre-t-il  
des dimensions de clustering attractifs et comment les acquérir ? À cette question, certains  
privilégient des réponses en termes de gouvernance pour attirer un maximum de projets et  
d’entreprise au sein de ces agglomérations innovantes ou industrielles. Les expériences  
réussies à l’international démontrent qu’il est essentiel de développer des modes de  
coopération au sein des régions qui puissent augmenter les externalités positives et favoriser  
l’innovation. L’objectif global est de favoriser, en effet, l’agglomération de compétences  
scientifiques, techniques et entrepreneuriales au sein de territoires qui n’ont pas forcément  
tous une longue tradition de partenariats. Une expérience algérienne est ici à mentionner qui  
pourrait servir de base à un clustering localisé.  
Cette politique publique accompagne l’un des enjeux fondamentaux de tout pays et  
des entrepreneurs qui y exercent : celui d’assurer leur diversification au point de rencontre  
d’une opportunité (environnement économique favorable où les mutations industrielles,  
technologiques et financières observées ces dernières années ont induit une reconfiguration  
de la chaîne de valeur globale en faveur de l’avènement de nouveaux réseaux de sous-  
traitance, de cotraitance et d’IDE des Pays Émergents) et d’une menace, celle d’un contexte  
mondial hyper compétitif et d’une raréfaction progressive des ressources énergétiques et  
naturelles. Ces mutations induisent une migration d’un profil d’exécutant vers un profil  
proactif.  
4.2.4 L’exemple français largement suivi en Algérie  
En France, et c’est un exemple assez largement suivi par l’Algérie dans le cadre de ses  
projets de parc d’activités, le soutien des pouvoirs publics à ces collaborations par la  
distribution d’un certain nombre d'aides financières contribue au fonctionnement de ces  
pôles et au financement de certains projets communs. En Algérie, le Fonds National  
d’Investissement, né de la restructuration de la Banque Algérienne de Développement en  
mars 2009, est comme en France doté d’un capital de 150 milliards de dinars (1,5 milliards )  
auquel il faut ajouter d’éventuelles ressources additionnelles et des levées de fonds sur les  
marchés de capitaux avec ou sans émission de garantie du Trésor. Cette transformation  
© Revue Française de Gestion Industrielle – Vol. 34, N° 2  
Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
41  
marque un recentrage sur une approche de l’investissement par le marché et non plus sur le  
développement planifié par l’État. Cette forme de contribution reste cependant sous la forme  
de prêts, le plus souvent à des PME et ne prend pas la forme dédiée des aides courantes aux  
pôles de compétitivité, même si son montant correspond parfaitement à celui du Fonds  
Unique Interministériel français voué à 71 pôles de compétitivité.  
Ainsi par exemple, le Cyberparc d’Alger est financé notamment, selon un décret du 22  
novembre 2006, par un Fonds d’appui à l’investissement selon les dispositions de l’article 28  
de l’ordonnance n°01-03 du 20 août 2001 relative au développement de l’investissement et  
celles de l’article 227 de la loi 01-21 du 22 décembre 2001 portant loi de finances pour 2002.  
Toutefois, la constitution d’un fonds doit nécessairement poser la question de la  
gouvernance dans l’utilisation et la valorisation de ces ressources. L’autonomie des  
entrepreneurs institutionnels, qui sont des relais de l’investissement de développement  
public ou privé, est une clef de réussite comme nous le verrons ultérieurement. C’est leur  
pouvoir de décision, de contrôle et de validation des projets qui fera le succès du  
développement voulu par ce type de fonds.  
4.2.5 Les expériences des autres pays comme voie de benchmarking prometteuse  
Toutefois, s’il est vrai qu’il n’y a pas de capitalisme sans État, sachons que le succès des  
clusters ne repose pas exclusivement sur l’aide de l’État. Elle est certes forte en France, mais  
elle reste faible en Allemagne et ponctuelle aux USA. Ces deux derniers pays ayant par  
ailleurs des clusters à succès…et davantage qu’en France. Par extension, pour le cas de  
l’Algérie, il y a là matière à benchmarker un modèle intéressant.  
La logique de cluster ou de grappe suppose une organisation industrielle en réseau à  
condition que la chaine de valeur globale des secteurs soit tant ou peu construite. Ce qui  
n’est pas le cas dans de nombreux secteurs en Algérie. Ceci explique d’ailleurs, que le pays  
exporte généralement ses matières premières à l’état brut (dans une logique de captation de  
rentes), alors qu’il pourrait maximiser ses recettes par l’instauration de pépinières  
d’entreprises qui transformeraient ces ressources naturelles et permettraient de maximiser la  
rente liée à ces ressources. Le gaz, le pétrole et les minerais, par exemple, ont des  
potentialités de transformation dont il serait judicieux d’exploiter les ressources en interne. À  
ce sujet, l’exemple du Dhahran Techno-Vallée en Arabie saoudite est très instructif.  
L’exemple de l’industrie automobile est aussi caractéristique des carences de chaîne de  
valeur globale en Algérie, carences qui constituent un frein aux IDE. Ce qui n’est pas le cas  
de l’Inde qui est présente à tous les échelons de la chaîne de valeur automobile, et de  
nombreux constructeurs ont fait le choix de ce pays pour s’approvisionner en équipement.  
En effet, ils y trouvent des capacités de design, d’ingénierie, et d’usinage très développées,  
une forte disponibilité d’ingénieurs à bas salaire et plus généralement une main d’œuvre  
qualifiée peu coûteuse et anglophone et surtout de réelles compétences en matière de TIC.  
C’est donc toute la chaîne de valeur qui est à repenser et à structurer avant de pouvoir  
concourir sérieusement sur ce marché lucratif dans les pays émergents. Les effets de grappe  
(proches des districts industriels marshalliens ou des parcs d’activités italiens) sont de nature  
très diverses qu’il s’agisse d’entreprises informatiques en Irlande, d’entreprises de haute  
technologie à Bangalore (Inde), Soho pour l’industrie de production, Paris pour l’industrie  
de la mode, Detroit ou Turin pour l’automobile, Milan pour le textile et le cuir, Hollywood  
pour l’industrie du cinéma, ou même Las Vegas pour les jeux de hasard. La Silicon Valley y a  
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ajouté des effets cluster nouveaux : les espérances de gains et de financement plus élevées,  
une plus forte demande, des taxes favorables, une concurrence stimulante et une  
configuration politique incitative. Il arrive que les grappes migrent vers des logiques de  
cluster. Les industries automobiles et des circuits intégrés de Détroit par exemple sont allés  
en Californie pour créer des structures d’innovation dans la perspective de rejoindre les  
avantages de la Silicon Valley. Que l’Algérie (et donc ses acteurs locaux) puisse concrètement  
aboutir à un horizon de quelques années, à concevoir et développer des produits et services  
technologiquement innovants et économiquement viables est une perspective que semblent  
soutenir d’ailleurs tant les acteurs privés que publics. Ainsi, de nombreux cas de clusters  
sont à benchmarker en Algérie dont les ressources et les configurations multiples appellent  
certainement des expériences elles-mêmes différenciées. Nous avons évoqué le Dhahran  
Techno-Valley dans le domaine des énergies, mais bien d’autres sont envisageables.  
5. Conclusion  
Dans un environnement hostile, dû à un défaut de régulation et de favorisation des  
activités entrepreneuriales, les coûts de transaction prohibitifs sont essentiellement générés  
par un contexte de risques exacerbés pour lesquels les entreprises consentent des efforts  
importants. Les actions en réseau sont alors d’une des formes possibles de limitation des  
coûts de transaction et de gains de performance face aux risques globaux.  
Dans l’ensemble de notre analyse des clusters comme levier de développement pour  
un pays en transition, soulignons que les concepts de forums, de collaborations, de  
coopérations, de clubs professionnels, d’alliances, et de regroupements en tout genre ne sont  
pas nouveaux. Colbert en était un friand instigateur, le prix Nobel Ronald Coase relate des  
cas datant du moyen âge et Fernand Braudel nous livre des analyses succulentes au cœur  
d’une riche histoire du pourtour méditerranéen. Toutefois, leur implication dans des défis  
historiques de relance économique date surtout de la période post révolution industrielle et  
s’accentue depuis quelques décennies.  
La création de pôles, grappes ou clusters initiée depuis quelques années par le  
gouvernement algérien va très certainement jouer un rôle majeur dans la dynamique des  
territoires à la sortie d’une succession de crises majeures financières ou géopolitiques.  
Accompagner et renforcer l’innovation collaborative afin de développer les meilleurs projets  
éligibles à des financements publics va probablement opérer un changement significatif dans  
le fonctionnement des pays et des Régions en transition, même s’il est encore trop tôt pour  
en anticiper tous les effets positifs. Finalement, nous identifions plusieurs facteurs clés pour  
réussir le développement de pôles et attirer des investisseurs et des porteurs de projets  
innovants. Premièrement, il apparaît important de définir et de communiquer un  
positionnement clair et différencié du cluster (sur la nature des recherches: soft, hard,  
immatériel, matériel ; sur le domaine technologique : nanotechnologies, biotechnologies, etc.)  
sur des axes capables de fédérer et motiver des grandes entreprises, des PME et des acteurs  
de la recherche et de la formation. Deuxièmement, il faut maîtriser des compétences  
fondamentales d’innovation au cœur des projets et des structures (ressources humaines,  
R&D, management organisationnel, marketing, benchmarking, protection de la propriété  
intellectuelle, négociation contractuelle, Partenariats Public-Privé, dialogue de compétitivité  
et contrats de performance,…). Troisièmement, il apparaît nécessaire de construire un  
écosystème d’affaires, d’innovation et de financement incluant tout à la fois des acteurs  
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Stratégie de réseau : une source de développement et de performance  
pour les entreprises en situation de risques prohibitifs  
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publics et privés, y compris du capital risque et des business angels. Quatrièmement, il faut  
inscrire l’action d’un pôle dans la durée, avec des étapes successives et mesurables. Les pôles  
s’inscrivent en général dans un horizon de 5 ans, renouvelé pour 3 ans. C’est ainsi que les  
réseaux s’avèrent être des options fort utiles dans des contextes hostiles où les risques sont  
particulièrement prohibitifs.  
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